dimanche 28 décembre 2014

XIAO CHE ZHU - chapitre 7



Ce matin-là, ce fut la chaleur des rayons du soleil sur son visage qui éveilla Xiao Ché Zhù. Allongé, les yeux clos, il prolongea paresseusement ce bien-être.
« Encore un peu, avant d’ouvrir les paupières ! » pensa-t-il.

Quelle heure était-il donc ?

Peu importait, puisque le dragon du grand fleuve ne l’avait pas encore rappelé à l’ordre, il pouvait encore paresser à loisir.
Le silence un peu trop pesant l’alerta tout à coup. Il ne sentait aucune présence près de lui. S’asseyant sur sa natte, il s’étira tout en parcourant du regard l’unique pièce de son foyer.

Sur la petite basse se trouvaient encore les documents sur lesquels il avait travaillé la veille au soir. Mais, la pièce était vide. Seul, le long du mur, face à lui, trônait le cerf-volant en forme de dragon.

Xiao Ché Zhù se leva, son corps lui sembla plus lourd et chacun de ses gestes plus réels que la veille.

Que se passait-il ?

Il se remémora les dernières années passées comme en songe.

Combien de temps s’était-il écoulé depuis la mort de Lao Li ?

Tout se brouillait dans sa mémoire.

Il s’approcha du cerf-volant, l’observa, le prit dans ses mains, le retourna et le replaça contre le mur. Décontenancé, il examina les documents épars sur la petite table.

Etait-ce son œuvre ces dessins aux vives couleurs, aux traits précis ?
Etait-ce son œuvre, ces poèmes aux mots chantant comme l’eau des sources, comme le chant des oiseaux ?

Il sortit sur le pas de la porte inondé de soleil, scruta l’horizon, inspira profondément, puis rentra à nouveau dans le logis.

Il se souvint alors de son rêve de la nuit, mais était-ce un rêve ?

Il se trouvait avec le dragon du grand fleuve. Celui-ci contemplait avec satisfaction les dernières ébauches du garçon.

« Voilà, disait-il, hochant sa grosse tête, ma mission est achevée. Je t‘ai enseigné tout ce que ton père aurait pu t’enseigner. Il est temps pour toi de faire seul ton chemin. Tu sais lire, écrire et tu as dans la tête un trésor de poésie. Va, mon garçon, va à la ville, il va y avoir un concours de poètes prochainement, inscris-toi et que la chance te sourit. Mais je crois que tu as un brillant avenir devant toi. »

Xiao Ché Zhù rassembla ses affaires, ses dessins, le coffret contenant pinceaux, pierre à encre et couleurs ayant appartenu à son père. Puis, ouvrant le coffre une dernière fois, il y prit le collier et le bracelet de jade, en sortit la tunique et le pantalon qu’il déplia avec précaution les contemplant comme s’il venait de les découvrir et les revêtit. Alors, seulement après s’être retourné une dernière fois sur la vieille maison et sur ce qu’il restait de son enfance,  il s’engagea vaillamment sur le chemin menant à  la ville, sous un soleil déjà haut dans le ciel.

Il croyait à sa bonne étoile, il se sentait de taille à affronter le monde entier. Quelque chose lui disait qu’il ne pouvait échouer et qu’il deviendrait un poète à la grande renommée.

Trois papillons le suivaient, légers, et semblaient accompagner sa marche. Le jeune homme leur sourit confiant.

« Oui, dit-il tout haut en les regardant, oui, vous serez fiers de moi, je deviendrai l’enfant dont vous aviez rêvé ! »

Ces trois papillons n’étaient-ils pas les âmes de ses parents et de Lao Li, son grand-père ? Ce ne pouvaient être qu’eux de toute évidence pour l’accompagner de la sorte vers sa vie d’homme.

Xiao Ché Zhù allait vers son destin d’un pas décidé, et, tout là-bas, au loin, sous le soleil, se perdit sa silhouette, frêle silhouette, qui diminua progressivement avant de disparaître à l’horizon.

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