dimanche 18 janvier 2015

ANDANTINO, LE PETIT ESCARGOT - Chapitre 2


 
Lorsque j’ouvris les yeux, pour la première fois, je vis penché au-dessus de moi, deux personnages cornus.
Et que de cornes ! Deux paires par individus !

« Comme il est beau ! » disait une voix douce et flutée, emplie de tendresse et de fierté.

Je n’avais, à ce moment, pas réellement conscience de qui j’étais, mais je ne doutais pas, déjà, de ma réelle beauté.

Je fus très effrayé par cette première vision de ma vie, vision cauchemardesque, ne pouvant pas, c’était évident, savoir que je leur ressemblais.
Cela me fatigua quelque peu et je voulus me reposer. Pour ce faire, il me fallut me pelotonner, m’entortiller et me contorsionner pour entrer dans ce que je devais découvrir plus tard : « MA COQUILLE ! »
Je ne pouvais, à cet instant précis, la voir, car la traitresse – déjà ! – était transparente.

Ouf ! Cette opération laborieuse achevée, enfin bien au chaud, je pus enfin m’endormir.

Un peu plus tard, je risquais une seconde sortie. Je fus accueilli par la même voix et les mêmes cornes !

« Bonjour, mon Colinou ! Coucou, mon Colinet ! Tu es beau, mon Andantino ! »
Et cette même voix se mit à fredonner, pour me bercer, un flux de mots tout miel.

Je compris, alors, car bien que venant de naître, je n’étais pas tout à fait idiot, que Colinou, Colinet, Andantino, ce devait être « MOI ».

Cette voix douce, chantante et aimante, assortie des deux premières paires de cornes, était tout bonnement : « Maman » !

Par la suite, je pris conscience que j’étais un escargot. Eh oui ! Ça peut arriver à tout le monde ! Escargot, avec tous les inconvénients que cela pouvait comporter.

Maman m’aida, m’encouragea.
Ses premières tâches étant surtout de m’apprendre à me déplacer sans casse. Entendez par là, sans casser ma coquille.
Puis à rétablir l’équilibre, en cas de dérapages et de culbutes.
Ensuite, apprendre à connaitre ma corpulence afin de ne pas m’engager dans des espaces trop étroits.

Cela est plus facile lorsqu’on est « garçon-escargot », les escargottes acceptant difficilement d’être obligées d’emprunter des passages assez larges.

On peut, alors, les entendre :

« Oh ! Mais, avec ma silhouette fine, je peux passer n’importe où ! »
Ou bien :
« Je ne possède pas une forte coquille, la mienne a un galbe harmonieux et mince ! »
Ou encore :
« J’ai perdu quelques rondeurs, je passe partout, à présent ! »

Et je peux vous dire que c’était à mourir de rire, lorsqu’on les regardait, nous les escargots, les trouvant exagérément  rondes, faire  des efforts incroyables et se tortillant en tous sens, pour se couler dans des passages hyper-larges, mais hyper-trop-étroits pour elles !

Certaines ne mangeaient que de la salade, se privant des meilleurs mets, afin d’obtenir une silhouette svelte. Drôle ? Non ?

Après un temps d’apprentissage, en avant !

Ce fut alors que je m’aperçus que j’étais suivi !
Mine de rien, je penchais, discrètement, une corne vers l’arrière de ma coquille, pour essayer de démasquer l’intrus.
Rien !
Uniquement un ruban argent, luisant.
Quel était cet importun qui ne laissait que cette trace ?
Voulant le semer, je me mis à exécuter des circuits en zigzag, des dérapages. Sans aucun résultat.
Trouvant les dessins, ainsi réalisés sur le sol, d’une grande valeur artistique, je continuai pendant un moment mes méandres imprégnés de génie créateur.
J’oubliai vite le soi-disant intrus et m’amusai follement.

Maman m’expliqua aussi le soleil dont il fallait me méfier et la pluie bienfaitrice.

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