Journal
de Rouen - 17 juin 1789
Vous
souhaitez exploiter une belle ferme ?
L’offre
qui suit est pour vous !
En
effet, en page 6, une annonce fait état « qu’une belle ferme, sur l’Ile de la
Croix, face à la porte Guillaume-Lion, en la paroisse de Saint-Maclou est à
louer pour la Saint-Jean 1790 »
Bien
évidemment, c’est un peu tard !
Que
reste-t-il de cette exploitation « composée
d’herbage, d’oseraie et de fruits de différentes espèces » qualifiée de « très
facile » qui contenait «des bâtiments, magasin et pressoir en bon
état ».
Une
petite précision toutefois et pas la moindre, « le fermier sortant, le sieur Gautier, laissera à son successeur,
la récolte des foins et des fruits ».
Vous
êtes intéressés ? Un seul nom, une seule adresse :
M.
Brémontier, négociant, rue Sénécaux.
La rue Sénécaux se
trouvait non loin de la rue des Bons enfants et de la rue de la
Renelle-des-Maroquiniers, rues qui ont disparu lors de la construction de la
rue Jeanne d’Arc, percée en 1860 et inaugurée en 1862 et qui a cette époque se
nommait « rue de l’impératrice ».
En ce qui concerne
cette ferme, elle se situait à la pointe de l’île en aval de la Seine, face à
elle, sur la berge rive droite, quai de Paris, on pouvait voir la « Porte
Guillaume-Lion ». Cette porte Guillaume-Lion construite en 1454 a pris le
nom d’une ancienne tour construite par une « Guillaume Lyon » dont
nous ne savons rien. Reconstruite, telle qu’on peut le voir actuellement, au
XVIIIème siècle, elle est le dernier vestige des remparts de Rouen donnant sur
le port. Elle a été légèrement déplacée en 1948-1950 au moment de la
surélévation des quais.
Non loin de cette porte
se trouvait la chapelle des Augustins datant du XIVème siècle. Détruite pendant
l’incendie de Rouen (9 juin 1940). La fontaine adossée à cette chapelle fut
remontée en 1955. On peut encore la voir dans le square proche de la porte
Guillaume Lion.
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Avez-vous
aperçu, par hasard, « un chien de
chasse chocolat et blanc avec une queue longue, portant un colier de cuir fermant à cadenas », avec cette
précision : «J’appartiens à M. le
Marquis de Vienne à Pont-de-l’Arche en Normandie ou à l’Hôtel de la première Présidence
à Rouen ».
Ce
chien a été perdu le 12 juin vers 6 heures du soir.
Une
récompense est promise à la bonne âme qui rapportera l’animal à son maître
éploré.
Un
bon chien de chasse est irremplaçable !
L’Hôtel de la Première
Présidence de Rouen fut construit de 1717 à 1721 par l’architecte
Martinet, il accueillit les bureaux de la mairie de janvier 1791 à mai 1800.
Devenu ensuite l’hôtel des Sociétés Savantes, il fut détruit le 25 août 1944. Il
ne subsiste aujourd’hui de cet hôtel que le portail rue Saint-Lô, qui donne accès à la
terrasse de l’espace du Palais.
Qui était le Marquis de
Vienne ? Pour le moment, uniquement le maître d’un chien de chasse.
Possédant peu d’éléments, je ne pus rien découvrir sur lui.
A-t-il retrouvé son chien ? Rien ne
l’affirme !!!
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Dépêchez-vous !
Nous venons d’apprendre qu’un assortiment de plumes d’autruches « rondes, plates, panaches et foletes » venait d’arriver.
Il
est donc possible, dés à présent de
s’approvisionner « chez M Maille,
rue des carmes ».
Les chapeaux à large
bord, étaient emplumés, mais, les plumes d’autruche servaient aussi à orner les
éventails des femmes. Elles provenaient d’Afrique.
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Vous
aimez les voyages, mais n’avez pas un budget important ?
Cette
offre est pour vous :
« On offre une
place dans une chaise de poste pour aller, à frais communs, à Paris du 18 au 20
ou 21 juin ».
Intéressé ?
Alors contactez vite : « M. Le
Noir des Perrières, chez Blin, au Petit-Pelican – rue Malpalu ».
Le co-voiturage n’est
donc nullement une invention moderne. La preuve ? Cette annonce confirme bien
qu’il existait déjà en 1789 et peut-être même avant…..
La rue Malpalu existe
toujours. Vous la trouverez dans le quartier de l’église Saint-Maclou. Presque
parallèle à la rue de la République, elle débouche sur le rue Alsace-Lorraine.
Quant au
« Petit-Pélican », gageons qu’il s’agit d’un relais de poste ou d’une
auberge.
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Se
faire tirer le portait prend quelques secondes avec un bon appareil photo ou un
téléphone portable.
En
1789, cela prenait une minute à l’ombre pour le premier trait, puis un quart
d’heure pour finir le portait.
Cela
vous tente ?
Alors,
l’article précise à toute personne intéressée que : « Le sieur Gonord, le Jeune, peintre en miniature, restera encore
en cette ville, quelques semaines selon le désir des personnes qui lui ont fait
l’honneur de venir chez lui. »
Il
ne s’agit, bien sûr, que de miniatures peintes sur « différents supports, boite, médaillon, souvenir, bague ou autres
bijoux et de profil ».
Il
vous en coûtera de douze à quinze livres.
Ce
peintre très réputé exerce à son domicile, au « 94 rue des Carmes, au premier sur la rue. Un cadre, contenant
plusieurs petits portraits, indique sa demeure ».
François Gonord, un des
premiers silhouettiste professionnels et peintre de miniature, naquit en 1756 à
Saint-Germain-la Campagne.
Fils de Pierre Gonord,
graveur, il vint à Rouen pour y suivre des cours de dessin. Il eut pour
professeur Jean-Baptiste Descamps. Ayant acquis rapidement une bonne réputation
dans cette ville où il exerça son art, il vint s’installer à Paris.
Il trouva un procédé
pour imprimer sur porcelaine ce qui lui permit de travailler pour la
manufacture de Sèvres.
Il décéda à Paris en 1822.
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Sources :
·
Journal de Rouen
·
Dictionnaire des rues de Rouen (Pierre
Périaux)
·
Base Mérimée
·
Archives
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