Le lendemain matin, alors que le
soleil pointait lentement ses rayons à l’horizon, le prestigieux magicien fit
son apparition, muni d’un curieux paquet.
S’approchant du jeune lion qui
éternuait encore et toujours, il projeta sa langue vers la tête du « petit
allergique » avec une rapidité telle qu’il fallut au petit groupe,
attentif pourtant, un certain temps pour comprendre l’opération entreprise.
En effet, à chaque fois que
Khameyléonnus lançait sa langue, il arrachait un des poils de la crinière naissante.
Au fur et à mesure de cette épilation, les éternuements s’apaisèrent
jusqu’à cesser totalement, à l’extraction du dernier poil.
L’hyène n’en pouvait plus de
rire, projetant son analyse très loin dans l’avenir :
« Un roi lion sans crinière,
quel manque de dignité ! » hurlait-elle de rire.
« En effet, larmoyait la
pauvre Maman lionne, mon fils n’aura jamais aucune autorité sans cet attribut
majestueux.
- Il
faut choisir, rétorqua l’éléphant avec sagesse. Réfléchissez, un Roi Lion
éternuant sans arrêt n’en aura pas plus !
- Ca
c’est bien vrai ! conclut l’hippopotame qui ne rêvait, en ce début de
matinée, que d’un bon bain de boue tonifiant.
Ce fut alors que se produisit la
chose la plus extraordinaire de mémoire de savane. Khameyléonnus sortit de l’étrange
paquet qu’il avait momentanément déposé près du lionceau, une fourrure informe,
couronne velue aux couleurs artificielles et qui brillait sous les premiers
rayons du soleil. Il positionna cette couronne poilue, presque royale, autour
de la tête du jeune lion.
« Oh ! firent-ils tous d’une
seule voix, à l’exception de l’hyène qui, n’en pouvant plus de rire, au bord du
malaise, suffoquait littéralement et du singe qui toujours accroché à la
branche de l’arbre avait cessé tout balancement, l’œil allumé de malice en
direction du postiche royal.
Le magicien, ayant mené à bien sa
mission, disparut, on ne sait comment. Mais, n’était-il pas magicien ?
Le jeune lion, majestueux et
empli de fierté, redressa la tête, la tourna à droite et à gauche, pour se faire
admirer.
Maman lionne avait retrouvé son
regard attendri devant la nouvelle apparence de son royal rejeton, pensant que
cette solution était un moindre mal.
Tout à coup, lâchant la branche
où il était suspendu, le singe atterrit souplement sur l’herbe, sauta sur le
dos du jeune lion, s’empara de la royale toison qui posa légèrement de travers
sur sa propre tête et s’enfuit à toute allure.
Tous interdits ne purent réagir. L’hyène,
elle, se tenait les côtes et étouffait de rire. Cet état d’hilarité ne lui
permit aucun commentaire. D’ailleurs, à quoi bon ? Les faits parlaient
d’eux-mêmes.
La suite de l’histoire n’est pas
parvenue jusqu’à nous, mais, supposons que le singe ne fut jamais retrouvé, supposons
que la petite troupe revint à son point de départ reprenant ainsi le cours de
la vie.
Le jeune lion régna-t-il
dignement sur la savane, sans crinière ?
Çà, nous ne le saurons
jamais !
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