mardi 7 juillet 2015

1763 – FAITS DIVERS ET VARIES




 
L’activité sur les ports maritimes ou fluviaux était intense.
Aussitôt qu’un navire accostait, il fallait décharger les marchandises et les acheminer au plus vite vers les points de ventes.
Les ports embauchaient donc un grand nombre de personnes, souvent payées à la journée.
Le port du Havre était un grand port. Mais les navires ne pouvaient pas tous remonter le cours de la Seine jusqu’à Rouen, voire Paris. Les marchandises étaient donc transbordées sur des barges.
Il fallut attendre presque le milieu du XIXème siècle, après aménagement des berges de la Seine et la suppression d’un nombre considérable  de petites iles, pour que des bateaux de tonnage plus important accèdent dans les terres par le fleuve.

De quelles nationalités étaient les bateaux arrivant au Havre et quelles étaient leurs cargaisons ?

1763 - 21 janvier

Des navires sont arrivés au Havre : l’annonce était faite par voie de presse, décrivant  provenance et  cargaison.

« Le 3 janvier, le navire hollandois, la Dame Elisabeth, Capitaine Dorus Cruger, venant de Bilbao, chargé de laine
Le 14 janvier, six navires anglois, sont entrés dans le même port chargés de farine
Le 15 janvier, un anglois chargé de dito
Le 17 janvier, un hollandois chargé de chanvre et de mâts de navire »


Et puis, le 4 février 1763, il était annoncé :


« Le 20 janvier, le capitaine Kersis Teunis Klein, venant de Marseille, chargé de savon, huile, coton, alun, sumac, raisons, sucs de réglisse, galles, amandes et fruits de Carême, tartres, manne, vin, câpres, anchois …..
Le 21 janvier, Antoine de Réveilla, Espagnol, de Bilbao, chargé de laine. »

Que contenait le navire du Capitaine Kersis Teunis Klein

De l’alun :                   minéral utilisé en teinture, en mégisserie et en thérapeutique pour ses propriétés toniques et astringentes.
Du sumac :                  plante de la famille des térébinthacées. Cet arbuste aux nombreuses variétés donne une gomme résine utilisée en tannerie pour la fabrication de vernis et de laques.
Des sucs de réglisse :  cette plante était utilisée en pharmacie et pour confectionner des boissons rafraichissantes.
Des galles :                 ou noix de galle, excroissance produite sur les tiges et les feuilles de certains végétaux, provoquée par des insectes parasites.
Des fruits de carême :            raisins secs – figues sèches – amandes et noisettes.
De la manne :             sucs de certains végétaux qui s’écoulent naturellement ou après incision.



1763 – 11 mars

« Depuis le 22 février, il est entré dans notre Port (il s’agit du port de Rouen) 26 navires François, venant de différens  (écrit ainsi dans le texte) endroits, chargés de toutes sortes de marchandises. »


1763 - 7 janvier

Et puis, si toutes ces voiles déployées vous ont donné l’envie de prendre la mer, lisez attentivement l’offre suivante :

« Le samedi 15 du présent mois, heure de Bourse de cette ville, il sera procédé à la vente du navire hollandois, le Thérèse, capitaine C. Royckman, actuellement en ce Port, au plus offrant et dernier enchérisseur. En l’état qu’il se trouve.
S’adresser au capitaine en son Bord ou à Messieurs Le Bourg Frères, Négociants rue Saint-Denis, qui donneront les connaissances nécessaires. »

Vendu « en l’état où il se trouve » !! Espérons qu’il ne prend pas l’eau …….

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1763 - 21 janvier

Janvier, période de froidure hivernale, aussi voilà un petit conseil.

« Nous sommes dans la saison des engelures et tout le monde prétend avoir quelque spécifique pour ce mal. Le remède suédois est fort simple et parait être le plus sûr. Ce n’est autre chose que l’Esprit de Sel, dont on arrose à plusieurs reprises les parties malades. Il faut avoir l’attention de le faire avant que ces parties soient ouvertes, ou après que les crevasses ont cessé. Ce remède vient d’un très-grand Médecin, de M. Linoeus, le Dioscoride du Nord. »

Assurément ce médecin possède bien des qualités pour être comparé à  Pedanius Dioscoride qui fut un éminent médecin ayant laissé  un écrit, le « Materia Medica » qui fut longtemps une référence.
Dioscoride, né entre les années 20 et 40 ap. J.-C., à Anazarbe en Cilicie (Turquie) et décédé vers 90 ap. J.-C.

L’Esprit de Sel n’est autre que de l’acide chlorhydrique étendu d’eau.

Vous ne risquez pas grand chose à essayer ce traitement. Il est recommandé donc assurément efficace, d’autant plus que la météo annonce des températures bien en-dessous de zéro…..

1763 - 28 janvier


« Cet hiver déjà fameux par sa durée, ne l’a été guère moins jusqu’à présent par sa rigueur, presque comparable à celle de 1760 où la liqueur du Thermomètre d’observation descendit le 12 janvier au onzième degré au-dessous du terme de la congellation (écrit ainsi dans le texte) naturelle de l’eau, demi-degré au dessous du froid de Paris en 1740. Le dix-neuf de ce mois elle est descendue au neuvième et depuis six semaines environ elle a rarement atteint le terme de la glace ; les vents d’est ont toujours dominé et le Mercure s’est ordinairement soutenu au-dessus de vingt huit pouces. »

L’hiver 1762/1763 a donc commencé très tôt avec des températures très basses et un vent glacial ……
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Et voilà la ville de Rouen endeuillée …….

1763 – février/mars, un homme honorable

Le 25 février.
« M. l’abbé de Germont, conseiller-clerc de la Grande Chambre du Parlement, est mort hier sur les neuf heures du soir, âgé de 79 ans. Il avait été reçu en 1709. Sa charité envers les pauvres, en fit l’ami de l’humanité ; sa pénétration, un grand Magistrat, sa droiture et sa fermeté, un citoyen toujours enflammé par l’amour du bien public. Quoiqu’enlevé à la justice et au public, il vivra par les regrets du Sénat, par les pleurs des Infortunés et par le respect de ses Concitoyens, tendres admirateurs de ses vertus.»

Quel bel éloge !

Le 4 mars, nous pouvons encore lire, concernant l’Abbé de Germont.

« Jamais la France n’eut à regretter un plus zélé défenseur de ses droits et de ses précieuses libertés, la Province un meilleur Citoyen, la Justice un Ministre plus recommandable, les pauvres, enfin, un Père plus tendre, plus compatissant et plus généreux. Pendant le cours d’une longue vie, la vérité et la charité exercèrent constamment un égal empire sur son cœur : la première de ces vertus le rendit inaccessible à toute brigue, supérieur à toute épreuve et disposé à tout sacrifier ; la seconde lui fit oublier ses propres intérêts pour ne consulter que les besoins de l’humanité. »


Tout a été dit en quelques lignes, sauf que :
L’Abbé jacques Christophe de Germont, sieur de Mesmont, était né le 12 février 1684, dans la paroisse de Saint-Nicaise à Rouen. Son père, Nicolas Germont, était avocat au Parlement.
Il entreprit des études de théologie et de droit à la suite desquelles, à partir de 1709, il exerça des fonctions cléricales et judiciaires. Il fut ensuite reçu conseiller-clerc en la Grande Chambre du Parlement.
Ses dons en faveurs d’établissements d’assistance furent très importants. En 1728, il donna à l’hospice générale 30 000 livres en rente viagère et 14000 livres à l’Hôtel Dieu.
Sensibilisé par la détresse des enfants pauvres, il s’attacha à promouvoir l’accès des plus démunis à la connaissance et à l’éducation.
En 1761, il effectua un don de 10 000  livres pour démarrer la construction d’un établissement où furent élevés avec le lait des animaux, les enfants de l’hospice.
Deux en plus tard, il consacra 60 000 livres à la fondation de crèches destinées aux enfants exposés au tour.

Quelques mois avant son décès, sa générosité n’avait pas faiblit car il fit rédiger un testament léguant tous ses biens en faveur des plus démunis. Le journal de Rouen ne manqua pas d’en faire état :
« L’ouverture de son testament faite le 25 au matin, aprit (ainsi dans le texte) qu’au mois de juillet dernier il avait disposé en faveur de l’hôpital général de ses meubles meublans (ainsi dans le texte), chevaux, bestiaux, grains, boissons harnois et de la terre de Grainville qu’il faisoit valoir ; effets que l’on estime à plus 20000 livres. »

L’abbé de Germont décéda donc le 24 février 1763. Un service solennel fut célébré dans l’église de l’hôpital. Tous les pauvres purent y assister.

Cet hommage perdure encore à ce jour puisque Rouen possède une rue « de Germont » qui se situe non loin de la rue Eau de Robec.


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