1789 - autour du 14 juillet
Le
journal de Rouen s’étoffe…… moins de
petites annonces, mais le rapport des différents discours des diverses Assemblées et ceux du roi, Louis
XVI, comme dans les 10 feuilles du 1er juillet.
Les
revendications affluent : trop d’impôts, demande de la suppression de la
gabelle et grogne concernant le prix du blé qui est toujours à la hausse….
Pourtant
le Roi semble vouloir apaiser les esprits, comme nous le relate cette
phrase :
« Vous verrez dans l’adhésion
qu’il est empressé de donner à la première déclaration du Roi le désir de
conciliation qui l’anime, son vœu sincère pour que les Ordres soient ramenés à
la concorde qui ne devoit jamais être altérée entre Français et sans laquelle
il est impossible d’opérer le bien de l’Etat, premier devoir de tout bon
citoyen ». (4 juillet - page 3)
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Le
4 juillet, le tirage de la loterie Royale de France affichait les
numéros : 45, 3, 80, 47, 13
Y-a-t-il
eu des gagnants ?
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Le
journal conseille :
« on s’abonne en tout temps,
pourvu que ce soit pour une année, au Bureau, chez Le Boucher Le Jeune,
Libraire, rue Ganterie, à Rouen, moyennant 12 livres pour la Ville, 13 livres
10 sols pour la Banlieue et 15 livres pour le reste du Royaume ».
Loin
du tumulte politique de Paris, Rouen poursuit sa vie calme. Le théâtre ne
désemplit pas. Tout semble poursuivre son petit bonhomme de chemin……
Monsieur
Alexandre, peintre en miniature est de nouveau dans la ville. Il se propose de
faire quelques séjours et,
«….. les amateurs qui voudront
s’assurer de son talent pourront voir de ses ouvrages à l’Hôtel de Londres, où
il demeure rue des Charetes, près de Vieux-Palais. »
Mais
le prix des céréales a encore légèrement grimpé……..
11
juillet 1789
A
Paris, les réunions et les assemblées se multiplient. Un pas en avant, deux pas
en arrière. Personne ne veut lâcher quoi que ce soit. La tension monte dans le
peuple.
Un petit encadré (page 4) intitulé : « Belle répartie d’un soldat du Régiment de Navarre ».
Je
vous le soumets ci-dessous :
« Ce soldat, faisant partie du
piquet destiné à maintenir l’ordre aux Cordeliers, lors de la dernière vente de
farine qui s’y est faite, avait inutilement repoussé plusieurs fois une femme
qui voulait entrer malgré lui. Celle-ci, croyant le gagner, s’avisa de lui
dire : Est-ce que tu n’es pas du Tiers-Etat ? Oui, et je m’en fais
gloire, répondit le fusilier, mais aussi, quand je suis sous les armes, je suis
noble. »
Selon
la fin de l’article, cet homme aurait été récompensé pour sa belle répartie.
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Pas
besoin de rappeler les évènements du 14 juillet. Pas plus que le petit mot
inscrit par Louis XVI sur son agenda,
en conclusion des affaires de la journée : « Rien ! ».
A
Paris, on enchaine les procès-verbaux devant engager les réformes voulues par
le Peuple de France et rédigées dans les Cahiers de Doléances. Chaque Région
est représentée par un élu de son choix.
On
peut trouver tous ces discours dans le Journal de Rouen, largement commentés,
mais pas en instantané. Il y a quelques jours de décalage, le temps à un
émissaire de porter les informations à cheval.
Le 15 juillet,
à Rouen, une souscription est lancée en faveur des pauvres (page 3).
En
voici quelques extraits :
« Cette souscription est pour
s’engager à fournir chaque semaine, depuis le moment actuel jusqu’à la fin mars
1790, une quantité de pain ou sa valeur. »
(article 1)
« La souscription sera en
faveur de tous les pauvres de la ville et faubourg ; de manière qu’on étendra
l’application des pains aux familles qui vont être désignées, en les prenant
dans chaque paroisse, toutes sans exception, ou si le montant des sommes ne
suffisait pas, proportionnellement
à la quantité des familles de chaque paroisse. » (article 3)
Le pain sera distribué dans l’ordre
suivant : il en sera donné, par semaine, six livres à chaque famille
chargée de quatre ou cinq enfants, au-dessous de l’âge de douze ans, en
excluant absolument l’enfant qui aurait douze ans révolues, au moment que la
liste sera faite : cette date n’est exigée avec rigueur que pour se ménager des points
fixes. » (article 6)
Pour remplir ce premier projet,
nous comptons, à en juger par les familles de la paroisse de S.
Maclou, qu’il ne faudra pas plus de
quatre cents pains par semaine. (article 9)
Le pain qui sera distribué sera de
celui que les pauvres achètent ordinairement pour leur usage, qui est de farine
bâtarde ; il sera pris chez le boulanger qu’il plaira à chacun de MM. Les
curés d’indiquer, sur un billet ou carte signée, avec toutes les précautions
propres pour obvier les fraudes. (article 12)
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Un
petit article, le même jour, a attiré mon attention.
« Il
a été oublié dans l’intervalle du 30 juin au 3 du courant, dans une maison de
cette ville, un très grand parapluie de tafetas (un seul f dans le texte) brun, presque neuf, ayant son bâton de bois
de palissandre. On prie les personnes chez qui il pourrait être resté, de le
faire savoir chez M. Féret fils, rue
Perciere, n° 5. »
Oublier son parapluie quelque part quand on
vit en Normandie, quel pépin !!
Mais
pas de panique ! Le journal du 22 juillet annonce :
« Il
a été trouvé, dimanche 10 du courant, sur le boulevard de Cauchoise, un
parapluie, s’adresser au sieur Ferrand, Marchant d’eau-de-vie, rue et près la
place Cauchoise, n° 100. »
S’agirait-il
du parapluie perdu précédemment ?
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Savez-vous
ce qu’est un cronopodiste ?
En
page 6 du journal de Rouen, vous apprendrez que M Hirsch en est un, qu’il
réside à Rouen et qu’il est recommandé de son Altesse Royale l’Archiduchesse
d’Autriche et d’un grand nombre de personnes de qualité.
Vous
ne savez pas ?
Et
bien, son art consiste à guérir les cors aux pieds, les ongles poussés dans la
chair, les engelures aux mains et aux pieds !
Vous
avez besoin de ses soins ? Alors, allez très vite chez le sieur Peccatier,
Perruquier, rue Ganterie, vis-à-vis la Place Royale, n°73 où ce praticien
demeure momentanément.
18
juillet
……… « Convaincus que l’intérêt
du peuple français est inséparable de
celui de son Souverain et qu’il ne parviendra jamais à secouer le joug sous
lequel il gémit depuis longtemps qu’en donnant la plus grande extension au pouvoir
exécutif, tous les Membres, qu’un si pressent motif réunis en ce moment,
jurent, sur l’autel de la Patrie, en présence du Juge redoutable des Rois et de
leurs Sujets, de maintenir l’autorité royale dans toute son intégrité, et de
réprimer de toutes leurs forces les attentats de ceux qui auraient la hardiesse
de vouloir la partager. »……
(Extrait
de l’adresse des citoyens de Nantes, lue à la séance du 7 juillet - page 3)
Les
Français sont tout de même très attachés à leur souverain. Ce qu’ils souhaitent,
c’est vivre mieux, ne plus être accablés d’impôts et que les privilèges de la
noblesse disparaissent……
22
juillet
Il
fallut attendre ce jour pour que le journal dévoile les faits qui s’étaient
passés à Paris, un certain 14 juillet 1789 …..
Nous
pouvons lire page 2 :
…………..M le Vicomte de Noailles est
arrivé à toutes brides de Paris. Son air seul annonçait ce qu’il allait
raconter. Il est monté dans l’Assemblée, entourée de députés. Là, il a dit ce
qu’il avait vu lui-même, toute la bourgeoise de Paris en armes et dirigée dans
sa discipline par les Gardes françaises et les Suisses, les canons des
Invalides et leurs fusils enlevés, toutes les familles nobles obligées de se
renfermer dans leur maison, la Bastille forcée et M. de Launey, son Gouverneur
qui avait fait tirer sur les citoyens, égorgé……….
La
prise de la Bastille !! Vous connaissez la suite….
Pour
mémoire, voici quelques dates :
Les
Etats Généraux se réunissent à Versailles le 5 mai 1789.
Rassemblés
à nouveau le 20 juin dans la salle du Jeu de Paume, ils jurent de ne pas se
séparer avant d’avoir donné une constitution à la France.
Le
23 juin, le roi interdit aux ordres de siéger en une salle unique et ordonne
aux députés du Tiers de se retirer sur le champ. Ceux-ci refusent d’obéir et
restent sur place.
Ce
fut ce jour-là que Mirabeau lança cette phrase qui restera dans les mémoires :
« Allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple
et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes…… »
Louis
XVI tente de réagir et renvoie, le 11 juillet, Jacques Necker, ministre et
membre du conseil du roi qui avait entrepris de grandes réformes.
Le
peuple de Paris se révolte et s’empare de la Bastille, le 14 juillet.
Le
roi rappelle Jacques Necker le 16 juillet pour apaiser la foule. (Necker
démissionne en juillet 1790).
Dans
la nuit du 4 août, fut décidée la suppression des privilèges.
Le
26 août, est adoptée la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Les
5 et 6 octobre, le peuple de Paris se soulève à nouveau, marche sur Versailles
et contraint Louis XVI à venir résider à Paris.
Le
14 juillet 1790, grande fête de la Fédération Nationale sur le Champ-de-Mars, à
Paris. Talleyrand célèbre la messe et le mariage mystique entre le Roi et la Nation.
……
l’histoire est sans fin, quels que soient les évènements, elle poursuit son chemin…….
Cet
article ne se veut nullement « livre d’histoire », mais une succession
de petits faits autour de la Révolution Française de 1789 qui n’ont d’autres
prétentions que de vous distraire et vous amuser.
Sources :
·
Journaux de Rouen
·
Dictionnaire illustré de l’Histoire de
France – A Decaux et A Castelot
·
Histoire de France – A Alba – Librairie
Hachette
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