Année
1780 – Quelques articles au fil des pages
7
janvier 1780
On
n’arrête pas le progrès……
« Méthode pour
rendre les maisons de bois incombustibles.
On a déjà beaucoup parlé de cette
invention, des expériences en ont été faites à Paris et à Londres. M.
Domaschenew vient d’en faire de nouvelles à Petersbourg, où il est directeur de
l’Académie des Sciences ; et comme ses expériences lui ont parfaitement réussi,
il les a rendues publiques.
Le secret consiste à couvrir le
bois d’un enduit composé d’un sixième de chaux, de deux sixièmes de sable et de
trois sixièmes de foin haché. La maison sur laquelle M. Domaschenew a fait
l’expérience, avait 14 pieds en quarré, et on l’avait remplie et enveloppée de
bois sec ; le feu a été si vif, qu’à peine les Spectateurs pouvaient se
tenir à cent pas de distance de cet édifice qui cependant est resté intact.
Cette découverte, ajoute-t-on, est d’autant plus précieuse, qu’elle ne
renchérit, à Londres même, que de 5 pour cent la bâtisse ordinaire des maisons
de bois. »
Tout
est dit dans l’article. Une maison qui ne brulera pas même dans le pire des
incendies. Une trouvaille dans ce siècle où le feu ravageait les villes ne
laissant que destruction et misère.
De
plus, annonce-t-on, le coût à la construction n’est pas exorbitant, 5% du prix
de la maison. Alors pourquoi s’en priver !
Allons
de découverte en découverte, celle-ci est …..
non, je vous laisse la découvrir.
« On écrit de Paris que dans
le nombre des nouvelles expériences que fait le sieur Noel, dans son cabinet
qui est journellement ouvert au public, il y en a une très curieuse, et qui
étonne tous les Spectateurs. C’est une lunette avec laquelle on distingue les
divers objets à travers d’une muraille ; que de personnes seraient fâchées
qu’une telle découverte fit fortune. »
Et
on voudrait nous faire croire …. au Père Noël ?
21
janvier 1780
« Le thé est excellent pour
les rhumes, les asthmes et les affections de la poitrine, il est composé de
fleurs choisies des vulnéraires Suisses, il est d’un goût très agréable, et
supérieur à celui des Indes pour l’usage et les propriétés qui sont expliquées
sur chaque boite, elles sont de fer blanc, le prix est de 36 sols ; il se
débite aussi des vulnéraires Suisses, à 12 sols le rouleau, couvert d’un
imprimé qui en indique les propriétés.
L’entrepôt est en cette ville, chez
M. Thillay, épicier-droguiste, demeurant depuis peu au milieu de la rue
Percière ; le même tient de véritables pinceaux et brosses de Lyon, toute
espèce de pinceaux pour la dorure, la miniature, les vernis et toutes les
couleurs et drogues analogues à cette partie. »
Grande
« buveuse de thé », je comprends pourquoi, à présent, je suis
rarement enrhumée !
La
rue Percière fait suite à la rue du Basnage perpendiculaire à la rue Lecanuet,
non loin du square Verdrel.
18
février 1780
« Il est décédé à Harcourt, en
Normandie, près Bérione, une sage-femme très regrettée par son mérite, on
désireroit qu’il pût s’en trouver une pour la remplacer ; la place est
bonne. Celle que l’on vient de perdre y a gagné plus de 10 000 livres. »
Pas
de Bérione, proche de Harcourt. Je suppose qu’il s’agit d’une coquille de
l’imprimeur et que la ville n’est autre que Brionne.
10 000
livres, mazette !! Mais est-ce par mois ou par an …….
14
avril 1780
« Le sieur Beuvin a le talent
de faire des jambes de bois qui imitent les naturelles ; on peut chausser
un soulier aisément ; elles sont bien dégagées, légères et faciles à
marcher. Il demeure chez mademoiselle Voisin, marchande de corps, rue
Damiette. »
Besoin
d’une jambe de bois ?
N’hésitez
pas alors, surtout qu’elle sera comme une vraie….., un peu raide peut-être !
Mais
n’ayez pas peur, Mademoiselle Voisin, marchande de corps, ne va pas déterrer
les cadavres dans les cimetières, les nuits de pleine lune. Non !
Une
marchande de corps était le nom de l’ancêtre de la marchande de mode.
Une
jambe de bois, bien habillée, bien camouflée et, ni-vu, ni-connu, personne ne
voit la différence !
N’y
aurait-il pas une mode à lancer ?
5
mai 1780
« On voudroit savoir si, dans
quelque partie de la Normandie, ville, bourg ou village, il n’y aurait pas
quelqu’un du nom de Boudeville, sœur ou frère du sieur Boudeville, qui passa à
S. Domingue, dans la partie du Port-au-Prince ou de Léogane, il y a environ 55
ou 60 ans, on pourroit procurer à ses parents les moyens de se procurer une
petite succession qui est assez liquide. Si quelque frère ou sœur subsistait
encore ou qu’ils fussent représentés par des enfants, ils peuvent s’adresser
avec les pièces justificatives, à MM Ribard et Levieux, négociants, rue de la
Vicomté à Rouen ; ou si cela leur étoit plus convenable à M Dominique
Cabarrus le Jeune, négociant à Bordeaux. »
Une
belle promesse de devenir riche. Combien de personnes se sont présentées en
prétendant être une sœur, un frère, un neveu ou une nièce ?
Rien
malheureusement pour le préciser, à moins que, par la suite, un nouvel article
ne surgisse.
12
mai 1780
« Les enfants de M
Claude-François Jore, anciennement imprimeur-libraire à Rouen, n’ont plus
aucune nouvelle de lui depuis nombre d’années ; il a été longtemps avec M.
de Voltaire, à Fernay ; leur mère étant décédée, il leur est essentiel de
savoir où est leur père ; ils prient les personnes qui en auroient
connaissance, d’en donner avis à mademoiselle Jore sa fille, rue des
Vergetiers, chez M. Boucon, horloger, à Rouen. »
François-Marie
Arouet, dit Voltaire, écrivain et philosophe français, né le 21 novembre 1694 à
Paris, ville où il est mort le 30 mai 1778, a marqué le XVIIIᵉ siècle.
Ferney,
désignée aussi par Ferney-Voltaire à partir de 1780, est une ville du
département de l’Ain.
Voltaire
y séjourna en effet épisodiquement à partir de 1759. A cette date, il ne
s’agissait que d’un hameau d’environ 150 habitants.
Voltaire
donna un essor à la ville de Ferney en finançant la construction de cent
maisons, d’une église, d’une école, d’un hôpital et de fontaines.
Aujourd’hui,
on peut voir, dans le centre de la ville, une statue de bronze représentant
Voltaire.
Qu’était
devenu « Claude-François » après la mort de Voltaire ? Ses
enfants l’ont-ils retrouvé ?
Si
vous avez quelques indices, merci de m’en faire part, toute information étant
la bienvenue dans cette recherche familiale.
21
juillet 1780
« M. Le Chevalier de Tadiny,
Professeur Oculiste de la Cour, pour toutes les opérations et maladies de yeux,
de retour de son voyage de Naples où il avoit été apellé (ainsi dans le texte)
pour opérer la sœur de son Excellence le Duc de Bouvine, et le frère de son
Excellence le Duc Carraciolle et autres personnes de distinction qui ont
profité du séjour de deux mois qu’il y a fait, vient d’arriver en cette ville.
Les personnes qui auront besoin de ses talens (ainsi dans le texte) déjà
connus, peuvent s’adresser à lui dès à présent ; il espère rester jusqu’au
15 août prochain, étant obligé de se rendre à Nantes en Bretagne, lieu de sa
résidence. A cet effet, il prie MM. Les Curés des paroisses et Administrateurs
des Hôpitaux de lui envoyer tout de suite les pauvres avec un certificat qui
atteste de leur pauvreté ; ils seront opérés gratis et tous les jours en
présence des Maitres de l’Art, selon sa coutume. »
28
juillet 1780
« Le
Chevalier de Tadiny, Professeur Oculiste de Monsieur, Frère du Roi, et de
S.A.S. Mgr le Duc d’Orléans, donne avis que ayant été appellé (ainsi dans la
texte) à Angers et à Nantes pour y faire l’opération de la cataracte, il a été
obligé de s’y rendre ; pendant le séjour qu’il a fait ici, il y a fait la
même opération. Les personnes qui lui feront l’honneur de l’appeller (ainsi
dans le texte), auront la bonté de lui adresser leurs ordres, à Nantes, au café
des 4 Nations. »
Un médecin
talentueux gagnait bien sa vie. Reçu dans toutes les cours d’Europe, il soignait les « grands » de ce
monde.
Mais, il mettait
aussi sa science au service des plus démunis.
Ce même jour, il était possible
de lire :
« Le
Sieur Jacques Feynard, Français d’origine, est l’inventeur d’une poudre
vulnéraire, qui a la vertu d’arrêter toutes sortes d’hémorragies tant internes
qu’externes, et dont, suivant le Courrier de l’Europe du 22 janvier 1779, il a
fait une infinité d’épreuves heureuses en Angleterre.
Il
est venu en France, sa patrie, du consentement de Monsieur le Comte de
Vergennes, Ministre et Secrétaire d’Etat des Affaires Etrangères, pour y faire
connaitre cette découverte, et la rendre utile au soulagement de ses
compatriotes. Les épreuves en ont été faites en présence des Commissaires de la
Société royale de Médecine comme il est constaté par des procès verbaux.
Plusieurs personnes attaquées par des vomissements et des crachements de sang,
tant à Paris qu’à Versailles, ont été guéries par ladite poudre……. »
Vous souhaitez acquérir cette
poudre miracle ? L’article
mentionne également où se la procurer :
« Elle
se vend chez le sieur Lavallée, au Pavillon Luce, rue Royale à Versailles. Chez
M. Ducetel, rue des Verts-Aulnois, à Amiens en Picardie ; et chez
l’inventeur, n° 41 Windmih Stett Rathbone,
place à Londres, ainsi que dans les principales Villes et Ports de Mer
d’Angleterre.
Il
y a des boëtes de trois prix différents de 6 livres, de 12 livres et de 24
livres.
Le
Sieur Feynard croit devoir avertir le Public, que toutes boëtes qui ne seront
pas scellées de son cachet, et signées de sa main, Jacques Feynard, seront des
boëtes de poudre contrefaite. »
On parlait donc, déjà, de
contrefaction au XVIIIème siècle !
Ce remède ne nous étant pas parvenu, se pose cette question :
Etait-il réellement efficace ?
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