Petit-Pantin,
ce matin-là, s’éveilla de bonne humeur. Assis sur son lit, il s’étira en
baillant bruyamment, sauta prestement à
pieds joints sur le plancher et jeta un coup d’œil par la fenêtre de son logis.
Dehors, le
soleil inondait la prairie.
Une belle
journée en perspective et Petit-Pantin décida d’aller se promener.
Aussitôt
sorti, il se mit à gambader, sautiller avant de s’étendre sur l’herbe tendre
sous l’ombre fraîche d’un grand arbre.
Soudain, il se
mit à crier. Une fourmi venait de le piquer sur le dessus de la main, et non
satisfaite de son méfait, avait continué en le piquant, devinez où, juste sur le bout de son nez.
Si le dessus
de la main du pauvre Petit-Pantin n’était que légèrement rouge, son nez, par
contre, s’était mit à gonfler, glonfler, gonfler …… tout en prenant la couleur
de la framboise trop mûre.
« Que
vais-je devenir ? », se lamentait le malheureux Petit-Pantin, et il
se mit à sangloter abondamment.
Un escargot qui
passait par-là, lentement, très lentement, s’arrêta un moment, contemplant
interdit le nez difforme et un tantinet violacé.
« Trempe-le
dans l’eau », lui conseilla alors le colimaçon.
Aussitôt dit,
aussitôt fait, la rivière n’étant pas loin, Petit-Pantin s’y rendit aussitôt.
Mais, les
divers « bains de nez » ne changèrent rien, ni au niveau de la forme
et de la grosseur, ni au niveau de la couleur.
Un écureuil au
pelage roux et aux yeux couleur noisette conseilla, lui, des applications de
mousse fraîche. N’attendant pas le résultat de sa prescription, il grimpa avec
agilité à la cime de l’arbre où se trouvait son logis.
« Froutttt !!!! », en un
instant il avait disparu.
Sur une
branche, un hibou qui ne dormait que d’un œil, souleva sa paupière droite
alourdie de sommeil, et d’une voix solennelle recommanda avec sagesse :
« Il faut
attendre. Aucun remède efficace ! Il faut attendre et ton nez redeviendra
comme avant ! »
« Merci »,
répondit d’une voix résignée Petit-Pantin, levant la tête vers le hibou. Mais,
celui-ci les deux paupières closes avait repris sa petite sieste diurne. Ne
travaillait-il pas la nuit ?
La journée, si
belle, dont voulait profiter Petit-Pantin était gâchée. Il n’avait plus goût à
rien et, assis au bord de la rivière, il attendait le cœur lourd. Il attendait
quoi ? Que son nez redevienne comme avant, pardi !
Soudain, il
entendit de la musique au loin. Il releva la tête, cherchant d’où elle pouvait
provenir.
A quelques
mètres de lui, un cirque était en train de monter son chapiteau.
Séchant ses
larmes d’un revers de main, il pensa que le spectacle du cirque, s’installant,
lui ferait oublier son chagrin.
Une grande
agitation régnait, pas seulement en raison de la préparation du spectacle du
soir, mais parce que le clown avait la grippe et était cloué au fond de son lit.
Un cirque sans
clown, c’était impensable, tous les enfants seraient déçus !
Apercevant
Petit-Pantin, tous se turent, interloqués. A coup sûr, c’était leur jour de
chance !
Voilà devant
leurs yeux, le personnage qui ferait, avec son nez rouge et quelques cabrioles,
un clown idéal.
Le soir venu,
sous les projecteurs, Petit Pantin fut tellement applaudi qu’il en oublia son
infortune.
Clown, il
était devenu, et clown, il resterait.
Lorsque les
lumières furent éteintes, lorsque la musique se tut, lorsque les spectateurs
quittèrent le chapiteau, tous, jongleurs, acrobates, trapézistes, dompteurs
ôtèrent leur masque de saltimbanques et reprirent la route dans la nuit étoilée
vers un autre village.
Et Petit-Pantin,
me direz-vous ?
Petit-Pantin
faisait partie du voyage et qu’importe si son nez restait rouge, il avait trouvé
un but à sa vie, il ferait rire les enfants.
Et dans une
roulotte tirée par un âne, il regardait les étoiles, le cœur léger.
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