Année
1780, la gazette continue
18
août 1780
« Une jeune fille, âgée de 11
ans, taille 3 pieds ou environ, ayant le visage pâle, habillée d’un corcelet
(ainsi dans le texte) bleu, une juppe
(ainsi dans le texte) de flanelle, un saint esprit au col, a disparu subitement
de chez ses père et mère, lundi dernier 14 août, sous prétexte de faire une
commission. Les personnes qui en auroient connoissance (ainsi dans le texte),
sont priés d’en donner avis à Madame Vanier, chez M. Féret, maître tailleur,
rue Beauvoisine, vis-à-vis Bellefonds : on soupçonne qu’elle est dans
cette ville. »
Fugue
ou enlèvement ??
Beaucoup
de disparitions que ce soient enfants ou adultes qui se révélaient souvent être
des accidents. Combien de corps remontèrent à la surface des fleuves et des
cours d’eau. Après des séjours prolongés dans l’eau, il était très difficile
d’identifier les noyés.
Pied :
unité de longueur, correspondant à environ 30 centimètres. Cette petite fille mesurait donc entre 90
centimètres et un mètre. Une femme mesurait souvent, à cette époque, entre
1
m 40 et 1 m 50.
8
septembre 1780
« La diligence d’Evreux, rue
du Bec, très douce et bien suspendue, contenant 4 places en dedans, et 3 au cabriolet, part, en été, de Rouen
pour Evreux tous les dimanches et jeudis, à 11 heures 3-4 du soir, et arrive à
Evreux les lundis et vendredis à 10 heures du matin : elle repart d’Evreux
tous les mercredis et samedis à 11 heures 3-4 du soir, et arrive à Rouen tous
les dimanches et jeudis à 10 heures du matin. Le prix des places est de 8
livres à la diligence et de 5 livres au cabriolet.
Cette diligence partira de Rouen,
en hiver, tous les lundis et vendredis à 5 heures du matin, et repartira
d’Evreux tous les dimanches et jeudis, à la même heure. »
11
heures pour aller de Rouen à Evreux, cahotés sur les routes, même si la voiture
est douce et bien suspendue, ce devait être quelque chose, ça je vous le
dis !!
Les
places au cabriolet sont des places dans la partie avant et ouverte, d'une diligence.
22
septembre 1780
« Il est sorti depuis fort
longtemps un jeune homme de la ville de Marsal en Lorraine, nommé Joseph
Aubert ; il a quitté ses père et mère, fort jeune ; il n’a donné
depuis son absence, aucune nouvelle de son existence ; on croit qu’il a
été à la suite de M. le Prince de Rohan, Ambassadeur de la Cour de France à
celle de Vienne, et qu’il est actuellement retiré dans cette ville de Rouen. On
prie les personnes qui en auroient connoissance (ainsi dans le texte), de
vouloir bien en donner avis au bureau des annonces ; on a quelque chose
d’intéressant pour lui à lui annoncer. »
Marsal,
commune de la Moselle.
Malheureusement,
rien de suffisamment précis pour retrouver le Prince de Rohan dont il est
question dans l’article. Dommage !
-=-=-=-=-=-=-=-
Et
puis ce bien curieux évènement, rapporté le même jour :
« Un lion du grand Duc de
Florence s’échappa de la ménagerie, entra dans la ville ; il y répandit
l’épouvante ; tout fuyoit devant lui : une femme qui portait son
enfant dans ses bras le laissa tomber, saisie de frayeur. Le lion prit
l’enfant, et paroissoit prêt à le dévorer. La mère, transportée du plus tendre
mouvement, retourna sur ses pas, et bravant le danger, se jeta aux pieds du
lion, et lui demanda son enfant. Le lion la regarda fixement, les cris, les
pleurs de cette femme parurent le toucher ; il mit l’enfant à terre et se
retira. Si cette histoire est vraie, comme on nous l’assure, le malheur et le
désespoir ont donc une expression qui se fait entendre des monstres les plus
farouches. Ce qu’il y a d’admirable dans cette anecdote, c’est le mouvement
aveugle et sublime qui précipite la mère sur les pas du terrible animal devant
qui tout fuit ; la nature plus forte que la peur, fait recourir la mère à
la pitié du monstre, la grande douleur persuade à cette femme qu’il ne peut pas
être inflexible. O nature ! O amour ! »
Si
cette histoire est vraie …. Comme on nous l’assure da ns l’article, ne pourrait-on pas écrire une fable : Le lion,
la mère et l’enfant ?
13
octobre 1780
« Contre les pierres et
graviers de la vessie.
Il faut faire bouillir en forme de
thé, dans suffisante quantité d’eau, une bonne pincée de pariétaire, appelée
aussi perce-pierre ou persil de muraille, une pincée de fleur d’ortie blanche,
une pincée de graine de lin, une once des plus jeunes rejets et de la dernière
pousse de bois d’orme, coupés par petits morceaux avec la peau ou l’écorce,
comme on prépare la réglisse qu’on met dans la tisane. Ces quatre choses ayant
bouilli ensemble 10 ou 12 bouillons, ce qui est suffisant, on retire le
vaisseau du feu, on passe la liqueur par un linge pour en boire environ une
pinte à jeun pendant la matinée, à plusieurs reprises, continuant ainsi pendant
3 jours au moins, discontinuant ensuite, si on le juge à propos, pendant 2
autres jours, pour en prendre encore 2 ou 3 autres matinées, une pinte chaque
fois ; après quoi l’on obtient, assure-t-on, une guérison entière. »
La
pariétaire :
Herbacée,
vivace, de la famille des urticaceae
Souvent accrochée aux vieux murs, étalant ses tiges rousses, elle a reçu de
nombreux noms vernaculaires évocateurs : Perce-muraille, Casse-pierre
ou encore Herbe à bouteille.
La
pariétaire conserva de nombreux usages
thérapeutiques jusqu’au XVIIIème siècle, avant d’être dénigrée au
XIXème siècle.
La
pinte :
Unité
de mesure de volume, contenant deux chopines. A Paris, une pinte équivalait à
952.14 ml donc presque un litre.
3
novembre 1780
« M. Nicolas Delarue, Curé de
Celloville, près Rouen, y est mort le 23 septembre dernier.
L’homme qui remplit bien les devoirs
de son état, est toujours regretté, mais celui qui passe une grande partie de
sa vie à soulager l’humanité, excite des regrets bien plus vifs ; c’est ce
qu’à fait M. le Curé de Celloville. Médecin habile, il pansoit de ses mains et
fournissoit gratis aux pauvres les drogues nécessaires ; il donnoit à tous
de sages avis ; aussi sa mémoire sera long-temp (ainsi dans le texte)
chère à la Province.
Il a laissé dépositaire de ses
lumières M. Soury, prêtre, Chapelain à Alizay, près le Pont-de-l’Arche. »
Nicolas
Delarue, curé de Celloville, légua donc sa solution à base de plantes qu’il
avait inventée au milieu du XVIIIème siècle, à l’abbé Gilbert Soury
(1732-1810), solution préconisée en cas de troubles de la circulation et
qui portait à l’origine le nom de « tisane des deux abbés ».
Par
la suite, au XIXème siècle, baptisée « Jouvence de l’abbé Soury »,
elle fut commercialisée d’une manière « industrielle ». Aujourd’hui,
encore, après presque 250 ans, ce
produit est vendu, chaque année, à
2 000 000 d’exemplaires.
Cette
« tisane des 2 abbés » a traversé le temps et grâce à son effet
« jouvence », elle n’a pris aucune ride !
Saint-Aubin-Celloville
est une commune de Seine Maritime, entre Ymare et Boos, non loin d’Alizay.
24
novembre 1780
« Le sieur Pernelle,
vinaigrier, demeurant dans la boucherie S. Maclou, vend de très belle graine
(au singulier dans le texte) de moutarde, et continue de vendre la moutarde aux
câpres, enchois (écrit ainsi dans le texte), fines herbes et autres, du Sieur
Maille, de Paris, seul vinaigrier du Roi, et de leurs majestés impériales. »
Antoine
Maille ouvrit sa première boutique à Paris, en 1747. Cinq années plus tard, il
était le fournisseur officiel des cours d’Europe.
Il
s’est, non seulement, distingué pour ses très nombreuses recettes de moutarde,
mais aussi pour ses deux cents vinaigres de toilette aromatisés.
Et
comme dit la publicité : « Il n’y a que Maille qui m’aille !! »
1er
décembre 1780
« Le sieur Hess, peintre en
miniature, vient d’arriver en cette Ville ; il répond d’une parfaite
ressemblance et d’une belle peinture ; il prend trois séances chacune
d’une heure et 48 livres par portrait. Il dessine aussi le portrait en
différens (ainsi dans le texte) crayons, à 3 livres en une demi-heure : il
s’arrêtera peu de temps à Rouen. Il demeure sur le port, entre la porte de
Paris et celle Grand Pont, chez M. Isambert, Perruquier. »
Peter
von Hess, de nationalité allemande, né le 29 juillet 1792 à Düsseldorf et
décédé le 4 avril 1871 à Munich.
Il
fut un spécialiste des tableaux de bataille et notamment des guerres
napoléoniennes. Il prit d’ailleurs part aux campagnes contre Napoléon, entre
1813 et 1815, pour étudier les scènes de la vie militaire.
Source :
dictionnaire de la peinture - Larousse
8
décembre 1780
« M. Le Borgne, épicier, rue
de la Vicomté, vis-à-vis la fontaine, vend de la véritable pâte de guimauve,
façon anglaise, bonne pour les maladies qui affectent la poitrine, tels sont
l’asthme sec ou humide, la toux, le crachement de sang, et les rhumes de toutes
espèces. Ses vertus sont d’atténuer, diviser et adoucir les humeurs qui
engorgent les bronches des poumons, et de faciliter l’expectoration. Le prix de
la tablette est de 12 sols. »
De
la guimauve pour soigner des toux avec crachements de sang !
J’ai
bien peur que ce ne soit pas suffisant, car ces symptômes indiquent plutôt
qu’il s’agit de la tuberculose…..
Mais
je n’ai pas fait médecine !
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