mardi 22 septembre 2015

1764 - QUELQUES CONSEILS




Remèdes  très-simples contre la Rage

7 septembre 1764

« Une Feuille hebdomadaire de Province, rapporte le fait suivant. On apprend d’Udine en Frioul, ville dépendante de cette République, qu’un pauvre homme y ayant été mordu d’un chien enragé, au lieu de prendre le remède qu’on lui avait préparé, but une pareille dose de vinaigre de vin, qu’on lui donna par mégarde, et qu’il en avoit été parfaitement guéri. Sur le bruit qui s’étoit répandu de cette singulière cure, un Médecin de Padoue s’est rendu à Udine, et s’étant informé du fait, qui s’est trouvé vrai, il a fait depuis plusieurs épreuves qui lui ont réussi. Il fait prendre à ses malades une livre de vinaigre par jour en trois fois ; sçavoir (sic), le matin, à midi et le soir. »


Udine, ville d’Italie située dans la région septentrionale au nord du pays.
Padoue, ville italienne, située au nord de la péninsule dans la plaine du Pô, à 40 kilomètres de Venise, sur la rivière Bacchiglione. Saint Antoine de Padoue, originaire de Lisbonne, doit son nom à cette ville.


7 décembre 1764

« Prenez des coquilles d’huitres mâles (celles de dessous) faites-les calciner au feu ou au four jusqu’à ce qu’elles se rompent sans effort, réduisez-les en poudre, et les passez au tamis ; faites-la prendre ensuite au malade comme il est dit ci-après.
Il y a trois manières de la prendre.
·       La première qui opère le plus promptement, est d’en donner un bol comme le Quinquina, en mettant cette poudre simplement dans du pain à chanter mouillé, et en multipliant ces bols à proportion de la facilité avec laquelle le malade pourra les prendre.
·       La deuxième, est de la donner dans du vin blanc.
·       La troisième, est de battre cette poudre dans quatre œufs frais, d’en faire une omelette que l’on fera cuire avec de l’huile, au lieu du beurre, qu’en empêcheroit absolument l’effet. Il le faut faire manger au malade sans pain et sans le faire boire.
La dose ordinaire pour ceux qui sont dans l’accès, est le poids de six gros pour la première fois, et que l’on doit donner au malade le plus promptement qu’il est possible, après qu’on s’en est aperçu, et les deux jours suivans (sic) il faut lui en donner chaque jour quatre gros à jeun, et qu’il ne prenne aucune nourriture ni boisson que trois heures après.
La dose pour ceux qui sont mordus à sang, et pour ceux qui ont été manqués à la mer, est de quatre gros chacun des trois jours.
La dose pour ceux qui n’ont été que pincés, lechés (sic), ou qui craignent la rage, ce qui est souvent aussi dangereux que la morsure à sang, n’est que de deux gros, et il n’en faut prendre qu’une seule fois. »


La coquille d'huître, source de calcium marin et d'oligo-éléments qui viennent agir efficacement sur l'équilibre nerveux et le maintien ou reconstruction osseuse, est utilisée depuis longtemps et notamment  dans la médecine chinoise pour limiter les raideurs articulaires et musculaires. Les effets du carbonate de calcium de la coquille d'huître sont d'autant plus bénéfiques que le calcium marin est parfaitement assimilable par le corps.
Il suffit de prendre un gramme  par jour (soit une demi-cuillère à café) dans un peu d'eau ou une boisson en cure de 20 jours par mois.

Pour se reproduire, l'huître est une année sur deux soit mâle soit femelle.
Comment pouvait-on alors savoir le sexe de ce mollusque ?

Vinaigre ou coquilles d’huitres ?
Je vous laisse apprécier par vous-même le choix du traitement à administrer aux malades.
Je préfère, quant à moi, donner toute ma confiance au vaccin mis au point, un peu plus de deux siècles plus tard, par Louis Pasteur.

Une bien belle histoire en vérité !

Le 6 juillet 1885, Joseph Meister, un jeune Alsacien de 14 ans fut gravement mordu par un chien enragé. Il fut alors conduit au laboratoire de Louis Pasteur qui n’avait, jusque là, testé son vaccin uniquement sur des animaux. Les résultats avaient pourtant été bons, mais devant l’enfant, Louis Pasteur hésita et demanda conseil à deux médecins de ses amis  les Docteurs Vulpian et Grancher. Après une grande hésitation, le savant décide d’administrer le vaccin à Joseph Meister qui, au grand soulagement et satisfaction de tous, ne contracta pas la rage.
Peu de mois après, en octobre, l’expérience fut renouvelée sur le jeune Jean-Baptiste Jupille, un petit berger jurassien, mordu lui aussi par un chien enragé. Nouveau succès.
La nouvelle se répandit et les malades arrivèrent de partout. Le dispensaire mis à la disposition de Pasteur pour la vaccination contre la rage devint très vite trop exigu. Un institut fut alors construit à Paris et inauguré en novembre 1888. Il servit également de centre de recherche.

Petite précision : le «pain à chanter » désigne les hosties.







Secret contre le poison et tout venin

21 septembre 1764

« Prenez une demi-once de primprenelle, de racine de tormentille et de canelle (sic), une dragme de bois d’aloës (sic), de graine de genièvre et de gingembre ; ajoutez-y une demie dragme de chardon béni et de racine d’angélique ; faites une poudre menue du tout, que vous mettrez dans une boëte bien clôse (sic), pour vous en servir au besoin. »

L’once :  
Avant l'adoption du système métrique par la France en 1794, l’once était égale au seizième de la livre de Paris :  30,594 g.

La pimprenelle :
Plante de la famille des rosacées, elle est connue pour ses propriétés astringentes, antiseptiques et hémostatiques.
Elle est utilisée dans le traitement des ménométrorragies ; traitement des diarrhées et de la rectocolite hémorragique (maladie intestinale). Traitement des catarrhes gastro-intestinaux. La pimprenelle est également utilisée en cas de règles trop abondantes, de troubles digestifs ou de troubles urinaires.
En usage externe, la pimprenelle est utilisée pour arrêter le saignement d'une plaie, soulager les brûlés, soigner les personnes blessées ou souffrant d'eczéma.
En gargarisme, la pimprenelle combat les infections des gencives ou les angines infectieuses.

La tormentille :
Plante de la famille des rosacées, elle est utilisée pour soigner les diarrhées, les inflammations légères des muqueuses buccopharyngées et les gastro-entérites.
Comment cette plante est-elle utilisée ?
Verser 150 ml d'eau bouillante sur 1/2 cuillerée à café (environ 2g) de rhizomes de tormentille et filtrer après 10 à 15 min. Boire une tasse, 2 à 3 fois par jour.

Une dragme :
Unité de poids d’environ 3.5 grammes.



Remède contre le Rhume

28 septembre 1764


« Le Rhume de cerveau est une humeur qui engorge les glandes du nez, et qui produit un écoulement des eaux du cerveau, si abondant, qu’on éternue, et qu’on se mouche très-fréquemment (sic) ; il est produit par un air froid qui s’est insinué dans des parties dont les pores étoient ouverts.
Remède. Garder la chambre, se tenir bien chaudement, se bien couvrir la tête, et respirer du sucre brûler sur une pelle rouge, pour faire passer l’enchifrènement. »


Enchifrènement : un joli mot à vrai dire. Je pense que je vais l’ajouter à mon vocabulaire.
A présent, je dirai : « J’ai mal dormi, car ce rhume m’a causé un enchifrènement respiratoire considérable ! »

Un peu précieux tout de même !

Aujourd’hui on parle plutôt d’embarras de la respiration nasale. Formule beaucoup moins poétique !!

Respirer du sucre brûlé sur une pelle rouge ! Avec un peu d’eau, on pourrait obtenir un bon caramel !
Qui peut me dire si ce « traitement au sucre » était efficace et pourquoi ?



Extermination des souris

16 novembre 1764

« Plusieurs de nos Abonnés, demeurant en campagne, où ils font valoir leur bien, voudroient qu’on leur indiquât un moyen pour exterminer les souris, qui souvent se trouvent par centaine dans les granges, et qui retranchées dans les tas de bled (sic), y causent un dégât considérable ; nous prions donc les personnes qui sçauroient (sic) un secret pour détruire ces animaux, de vouloir bien nous l’indiquer : ce qui concerne le bien public, doit affecter tous les hommes. »

En clair : « Donnez vos idées pour l’intérêt de tous ! »


30 novembre 1764

« Depuis notre dernière Feuille, quelqu’un de nos Lecteurs nous a dit avoir essayé sans succès la fumée de Bruyère, pour détruire ces animaux, et nous a même fait observer que cette méthode, fût-elle bonne, n’est pas sans danger, en ce que la fumée de Bruyère portant une résine volatile, la chaleur venant à se concentrer dans une Grange avec celle du Bled (sic), peut occasionner un incendie. Voici donc un autre moyen, moins dangereux et plus efficace, à ce que l’on nous assure.
Il faut frotter un bâton avec de la Civette, à laquelle on joint le sublimé corrosif, toutes les souris d’une Grange, attirées par l’odeur de la Civette, viennent en foule lécher et ronger le bâton ; il faut avoir attention de mettre de l’eau à côté, elles vont aussi-tôt (sic) boire et périssent à l’instant ; on doit avoir soin d’en faire sortir les chats, car ils s’empoisonneroient de même. »


7 décembre 1764

« Nous avons indiqué dans nos deux dernières Feuilles des moyens plus ou moins efficaces de détruire les souris ; en voici un que l’on nous a communiqué, et qui ne tend qu’à les éloigner ; en en donnant de toute espèce on pourra choisir.
Mettez dans les Granges, autour des tas de bled (sic) une assez-bonne (sic) quantité de fougère verte, l’odeur seule fera déserter les rats et souris ; on pourra user du même moyen à l’égard des Espaliers garnis de fruits, ausquels (sic) ces  animaux causent du dommage, en mettant de cette plante entre les murailles et les arbres.
Pour les Calendes, Remuez les bleds (sic) ou autres grains, de tems en tems (sic), avec des pelles bien frottées d’ail.
Voilà bien des moyens pour garantir nos bleds (sic) des souris et rats ; qui en donneroit un facile et efficace pour se débarrasser des punaises, ou au moins les relancer dans les murailles, rendroit  un grand service à bien des gens dont les maisons, couches et lits sont farcis de ces insectes, qui saisissant le tems (sic) de repos, attaquent brusquement et sans respect, tout ce qu’ils rencontrent. »


Cette « rubrique extermination des souris » n’a pas laissé indifférent. Il faut bien dire que ces petits rongeurs, très prolifiques, s’attaquaient aux récoltes.

La civette est une plante que l’on nomme aussi ciboulette.
Quant au « sublimé corrosif », ce n’est autre que du chlorure de mercure,  poison terrible, qui fut un temps utilisé pour soigner les maladies vénériennes. Avec un tel traitement, je suppose que les malades ne mouraient donc pas toujours de leur maladie !
Le mélange des deux, devait, en effet être efficace contre les souris.

L’odeur de la fougère verte a bien la propriété de faire fuir les rongeurs, mais cette plante toxique également, élimine les rats et souris qui en consommeraient, par imprudence.

J’attire votre attention sur la phrase évoquant les punaises : « les couches et lits sont farcis de ces insectes », le terme « farcis » est réellement savoureux !
Mais poursuivons la lecture : « … ces insectes, qui saisissant le tems de repos, attaquent brusquement et sans respect, tout ce qu’ils rencontrent ». Ces punaises manquant de respect sont mises en accusation comme s’il s’agissait d’êtres pensant ! Nous ne sommes pas très loin de ces procès d’animaux condamnés, au Moyen-âge, pour avoir causé des accidents ou dévorer des humains !

Mais revenons à nos souris !

Le piège à souris, nommé « piège à ressort » fut présenté lors de l’exposition Universelle de 1878. Similaire à  la « tapette à souris moderne », il ne possède toutefois pas de planche de bois. Un nommé Etienne Aurouze en était l’inventeur.

Poursuivant les recherches dans ce domaine, un quincaillier Britannique de Leeds dans le Yorshire, James Henry Atkinson (1849 – 1942), créa en 1897, un piège plus élaboré,  presque semblable à celui que nous connaissons aujourd’hui.



Sentences de Police

7 septembre 1764

« Le 27 Août, le Siège de police a condamné neuf boulangers en différentes peines, pour avoir fait leur pain trop léger de poids ; et leur a fait défenses de récidiver, sous peine de cassation de maîtrise, et de punition corporelle ; leur enjoint de peser leur pain, quand même ils n’en seroient pas requis. »


Combien y avait-il de boulangers dans Rouen et ses environs, en 1764 ?
Aucune statistique en ce domaine, mais neuf boulangers fraudeurs, cela me semble conséquent tout de même.
Mais, il est vrai, on ne fraude pas, surtout avec le pain, aliment essentiel.
Voilà un petit article qui a dû en faire réfléchir plus d’un. Le « bon poids » a dû y être pendant un bon moment.





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