Remèdes
6
janvier 1764
« Remèdes contre les maux
d’estomac
Plusieurs personnes qui se sont
servi de ce remède simple, ont assuré qu’il est infaillible. Sur leur témoigne
qui ne paroit nullement suspect, nous le donnons avec confiance, car il est
aussi aisé que dispendieux, et que d’ailleurs, nous sommes intimement persuadés
que s’il n’est pas efficace pour tout le monde, il ne peut faire mal à
personne, pas même à ceux qui sont de la complexion la plus délicate. Nous
pensons au reste que s’il ne guérit pas radicalement des maux d’estomac, du
moins il peut les soulager, ou bien le principe généralement reçu est
faux : amara sunt salubria ; les amers sont toujours très-bons (sic) pour
l’estomac. En voici la recette.
Eventrez un carpe, prenez-en le
fiel que vous détremperez dans une cuiller à bouche avec un peu d’eau ou du
bouillon, avalez ce breuvage, prenez par-dessus une écuelle de bouillon, et
vous vous sentirez à l’instant soulagé et guéri radicalement des maux d’estomac
de quelque nature et quelque invétérés qu’ils soient (sic). »
Etant donné le goût horrible que devait
avoir ce remède…… il devait, en effet, être très efficace, comme vomitif, en cas
d’indigestion !!
27
avril 1764
« Le sieur Boucheron,
Apothicaire, Marché neuf, à la Coupe d’Or à Paris ; vend et distribue un
élixir stomachique, pour toutes débilités et foiblesses (sic) d’estomac, défaut
de coction, de digestion, et perte d’apétit (sic), vomissements résultans (sic)
des causes ci-dessus, ainsi que pour le flux immodéré des femmes. Il distribue
et vend aussi une boite de Pilules pour les fleurs blanches, dont on joint
l’usage à celui de l’élixir stomachique.
On trouve le dit élixir et les
pilules chez le sieur Carbonnier, Apothicaire, rue du bac, à Rouen. Il y a un
Imprimé qui instruit de la façon d’en
faire usage. Le prix de l’élixir et des pilules est de 6 livres six sols
chaque.
Les Personnes qui écriront par la
Poste, sont priées d’affranchir les ports de Lettres. »
Pilules et élixir miracles …. Les
journaux de l’époque vantent les bienfaits d’une multitude de médecines.
En fait, rien a changé, car aujourd’hui
il en est toujours de même via les « publicités télévisées » ou
internet.
Un seul but : vendre le plus
possible et faire du profit !!!
Avis
de naissances …..
13
janvier 1764
Enfant monstrueux d’une
espèce fort rare
« Il est né le 3 de ce mois
dans les enivrons de cette Ville, deux filles jumelles, dont une étoit sans
tête, et par conséquent sans bouche, mais le plus singulier est qu’elle étoit
aussi sans cœur, sans poumon, sans estomac, sans foye (sic) etc…. Elle a cependant
vécu jusqu’au terme ordinaire de la grossesse et a pris un accroissement égal à
celui de sa sœur.
M. Le cat, qui a donné à l’Académie
la description de ce monstre, assure qu’il est unique en son espèce. Cet
Académicien a expliqué comment ce fœtus a eu du sentiment et du mouvement sans
tête, comment son sang circule sans cœur. A en juger par les conséquences
raisonnées qu’il a tirées de ces irrégularités monstrueuses et des fonctions
régulières dont elles ont néanmoins été capables ; elles répandent de
grandes lumières, tant sur la formation que sur les usages des organes du fœtus
ordinaire. Tout ce que nous en pouvons dire dans cette courte Annonce, c’est
qu’une de ces conséquences devient une démonstration en faveur de la
circulation du sang de la mère à l’enfant et de l’enfant à la mère ; que
quelques modernes nient, et que d’autres s’efforcent de rendre douteuse.
Cet enfant-ci n’ayant ni cœur, ni
aucun substitut de cette puissance motrice du sang, il a bien fallu que la
masse de ses liqueurs reçût son mouvement de celui du sang de sa mère, et que sa circulation fut une branche de
celle de cette mère ; c’est ce que M. Le Cat a fait voir, en démontrant un
abouchement direct de la veine ombilicale dans l’aorte de ce fœtus. »
Ma Doué ! Quel galimatias !!
Je suis bien heureuse de vivre au XXIème
siècle…….
Ce « monstre » a-t-il
vécu ? Si oui combien de temps ?
Rien dans le journal de Rouen les jours suivants. De plus ne sachant pas
le lieu de naissance de ces jumelles, ni le nom des parents, difficile
d’éplucher les actes baptistaires de ce début 1764, pour en savoir plus.
Je ne peux que le regretter.
D’ailleurs, y-a-t-il eu baptême ?
25
mai 1764
Au
commencement du mois de Mars dernier, il est né au Puget, Diocèse de Toulon, une fille qui a toute la face d’un
Lièvre. Rien n’y manque, excepté les oreilles ; mais le derrière de la
tête est semblable à celui de tous les autres enfans (sic). Tout le corps est
très bien conformé. Elle est blanche et se porte bien ; mais son visage ou
plutôt son masque qui ressemble en tout point à celui d’un lièvre, quand à la
forme, aux traits, et même aux poils, fit suspendre pendant trois jours son
baptême. Ce fut le chirurgien de Cuers, petite ville à une lieue de Paget, qui
engagea le Curé à baptiser cet enfant. La mère, paysanne, âgée de 25 ans, a
déclaré avoir eu une très forte envie de manger la tête crue d’un Lièvre que
son mari avoit aporté (sic) au commencement de sa grossesse, mais qu’elle
n’avoit jamais osé lui avouer cette fantaisie. Cette fille, malgré son museau
de lièvre, tette (sic) fort bien et paroit d’une bonne constitution. Ce fait
persuadera-t-il les Phisiciens (sic) du pouvoir de l’imagination des femmes
enceintes sur leur fruit ?
Cette enfant était surement née avec une
fente labio-palatine, plus communément appelée « bec de lièvre ».
La superstition étant la plus forte,
cette anomalie passait pour être la cause d’une envie ou d’une frayeur de la
maman lorsque celle-ci était enceinte, au même titre qu’une tache de vin…. Ou
de fraises !
Aujourd’hui, un bébé sur mille est
atteint de cette malformation, réparée lors d’une intervention chirurgicale.
Sentences
de Police
3
février 1764
« La première condamne
plusieurs particuliers en cinquante livres d’amende et à garder prison, pour
avoir maltraité un autre particulier à neuf heures du soir ; fait défenses
à toutes personnes de s’assembler tant de jour que de nuit avec des bâtons,
sous peine d’être punis suivant les Ordonnances.
La seconde condamne aussi deux
autres personnes en dix livres d’amende pour avoir fait du bruit et maltraité
un particulier ; et un deux s’étant trouvé saisi d’un pistolet, le Siège
l’a condamné en 3 livres d’amende, a confisqué le pistolet, qui a été vendu au
profit des pauvres, lui fait défenses et à tous autres de porter des armes
défendues, sous les peines portées par les déclarations du Roy de 1660 et 1728. »
10
février 1764
« La circonstance du carnaval
a engagé le Juge de Dieppe à rendre ces jours derniers, une Ordonnance qui
défend à tous les habitants de quelqu’état
qu’ils soient, de se masquer et déguiser pendant les jours gras. Une aussi sage
défense mériterait d’avoir lieu par tout (sic) ; les abus qui se
commettent ordinairement à la faveur du déguisement, en sont une preuve
suffisante.»
Un pistolet confisqué et vendu au profit
des pauvres ! Très bonne initiative.
Pas de déguisement pour le
carnaval ! Dommage pour les honnêtes gens qui attendaient, sûrement avec
impatience, ce petit moment de réjouissance.
Amateur
de livres rares
24
février 1764
« On désirerait trouver à
acheter le troisième volume de Molière, Edition d’Hollande 1750, ou de tout
autre édition. »
En effet quatre volumes des œuvres de
Molière ont été édités à Amsterdam entre 1749 et 1767, puis six autres dans la
même période dont le sixième volume « contenait la vie de Molière ».
Quelques années avant, d’ailleurs, 1741/1744, une première édition de quatre volumes avait déjà eu lieu.
Quelques années avant, d’ailleurs, 1741/1744, une première édition de quatre volumes avait déjà eu lieu.
Molière : Jean Baptiste Poquelin,
né à Paris le 15 janvier 1622 et décédé, dans cette même ville, le 17 février
1673.
Météo….
24
février 1764
« Depuis quelque-tems (ainsi
dans le texte) nous avons été fort
maltraités par les grosses eaux. La Seine s’est accrue de façon que les
quais, les maisons contigües et celles des rues voisines ont été remplies et
à une telle hauteur, que l’on alloit en
bateau sur les quais ; grace (sans accent dans le texte) à la Providence
nous sommes bien-tôt (ainsi dans le texte) débarrassés de ce fléau ; les
eaux sont presque rentrées dans leur lit, et l’on travaille à netoyer (sic) et
purifier les maisons qui ont souffert, avant de les habiter de nouveau,
conformément à une Ordonnance de Police du 16 de ce mois, qui y assujettit les
propriétaires. »
De nombreux articles de météorologie de l’année 1764
évoquent une Seine souvent prise par les glaces. Le dégèle entrainaient une
hausse du niveau du fleuve et le débordement de celui-ci avec des conséquences
toutes aussi importantes que désastreuses.
Maisons, mais aussi commerces implantées sur les
quais, étaient dévastées par les eaux. Beaucoup de commerçants, lassés, finirent
par aller planter boutique plus loin, au centre de la ville.
Les bateliers représentaient également une part
importante des travailleurs du fleuve en relation directe avec l’activité
portuaire de la ville.
Concernant les activités liées au fleuve, il existait,
depuis 1765, un service de bains sur le fleuve, tenu par la compagnie des Eaux
minérales de Saint-Paul
Les rives de la Seine étaient également un lieu de
promenade et de nombreuses célébrations y avaient lieu en grandes pompes.
Pour éviter, en raison des inconvénients
des inondations, que les berges de la Seine se voient désertées, des mesures officielles
en cas d’inondations furent instaurées.
Centenaire
6
avril 1764
« En février dernier, la
nommée Marie Bessin est morte à Nouainville, près Cherbourg, âgée de 105 ans,
elle a conservé la mémoire et son bon sens jusqu’à la fin. »
Aucun acte dans les archives concernant
la ville de Nouainville, avant 1792….
J’aurais pourtant aimé vous en dire plus sur Marie Bessin.
Si
réellement elle avait cet âge le jour de son décès, elle serait née en
1659.
Elle aurait donc vécu sous le règne
intégral de Louis XIV, de 1640 à 1715.
Elle connut un nouveau roi, Louis XV,
monté sur le trône le 1er septembre 1715.
Quelle fut sa vie ? Une vie de
misère, de famine, de lutte pour la survie ?
A combien d’épidémies a-t-elle survécu,
quand on sait qu’une simple épidémie de grippe, de rougeole, de scarlatine
décimait tout un village, sans oublier la tuberculose qui faisait beaucoup de
victimes ?
Bien que je ne puisse pas dire
grand-chose sur cette femme, assurément, si elle a bien vécu 105 ans, sa vie ne
fut sans doute qu’une succession de deuils ; mais a cette époque la mort
était « naturelle », on enterrait ses morts et voilà tout, que
pouvait-on faire d’autre ?
Un petit aperçu des hivers particulièrement rudes :
1659 – 1660 et 1661 (Rhône et Seine gelé
pendant plusieurs mois) – 1663 – 1667 – 1670 (froid horrible accompagne d’une
épidémie de peste) – 1677 – 1683 (neige abondante ce qui provoqua de fortes
inondations à la fonte des neiges) – 1684 et 1689 ( le thermomètre est descendu
à – 16 à Paris) – 1692 (année désastreuse entre froid intense et pluies
diluviennes) – 1694 et 1695 (neiges abondantes et puis inondations)………. La
suite est identique …… froid intense, inondations…..
Un autre des étés caniculaires :
1662 – 1666 - 1669 – 1676 – 1681 – 1703
(en février grandes chaleurs dans le nord de la France)…….
J’arrête là cette énumération car elle
est récurrente au fil des années. Ce que je peux affirmer c’est que vivant du
fruit de leurs récoltes, tous les mouvements d’humeur des intempéries (qui sont
encore d’actualité au XXIème siècle) n’apportaient que famine et maladies……
Incendies
25
mai1764
« Lundi 21 de ce mois, il y a
eu à Evreux, au centre de la ville, un terrible incendie, deux grandes maisons
ont été entièrement détruites, et les deux voisines très endommagées, la perte
se monte à plus de 15 000 livres. Le feu a pris sur les 10 heures du matin,
chez un boulanger, qui avait eu l’imprudence de mettre du foin dans un
apartement (sic) sur son four ; ce funeste accident est une leçon pour
tous les Boulangers, et pour leurs voisins.
Quelques ouvriers ont été blessés,
mais personne n’a heureusement perdu la vie. Tout le monde s’est empressé de
secourir les incendiés ; les PP. Capucins et Cordeliers y ont travaillé
avec le plus grand zèle, les uns en sauvant les meubles de la voracité des
flammes ? les autres en tâchant de les éteindre. »
Les capucins vinrent s’installer à Evreux en 1613 à la
demande de l’évêque Jacques Davy du Perron. Le couvent des capucins, construit
en 1620, devint, après la révolution, en 1791, une prison, puis une école
centrale, une école communale, un collège et enfin un lycée en 1857. Pendant la
Première Guerre Mondiale, il se transforma en hôpital militaire. Redevenu
collège en 1956, il abrite aujourd'hui l’Ecole Nationale de musique d’Evreux.
Le cloître conserve encore aujourd’hui tout son
caractère authentique avec ses tableaux peints ornés de sentences.
Les
Cordeliers, nom prit par les
Franciscain, lors de leur établissement en France qui remontait à Saint-Louis.
Cette
appellation vient du fait que ces religieux portaient sur leur bure une grosse
corde, nouée à intervalles réguliers, soit selon leur expression « corde
liée », d’où la déformation « cordeliers ».
Avant
la Révolution, les Cordeliers
possédaient en France 284 couvents, qui furent tous fermés en 1790.
Cet
ordre a donné son nom au « club des cordeliers », car ses membres se
réunissaient pour donner séance dans la chapelle du couvent des cordeliers de
Paris.
17
août 1764
« Le 8 de ce mois, le feu a
pris à Hirville, à une lieue et demie d’Evreux, les bâtimens (ainsi dans le
texte) de la ferme et partie du Presbitère (sic) ont été brûlés ; deux
enfants ont malheureusement péri dans les flammes, et sans le bruit d’un fusil
que le feu fit partir, et dont le bruit réveilla le Fermier et ses gens, aucun
n’auroit échappé. »
Ce tragique évènement s’est passé dans
la commune de Irreville dans l’Eure.
La ferme appartenait à Louis Dupont qui
l’exploitait en famille avec son fil Mauxe Vénérand Dupont, et son gendre, Nicolas Le Sauvage.
Dans cet incendie il perdit deux de ses
petits-enfants :
Marie Catherine âgée d’environ trois
ans, fille de Mauxe Vénérand, son fils et de Marie Geneviève Legrand, sa belle-fille.
Louis Le Sauvage, âgé d’environ quatre
ans, fils de sa fille Barbe Dupont qui
avait épousé Nicolas Le sauvage.
Je ne peux rien dire de plus sur cette
famille, les éléments ci-dessus viennent des deux actes d’inhumation. Sans
vouloir entrer dans des détails morbides, les deux petits corps ont été retrouvés
carbonisés, l’acte parlant de «cendres ».
-=-=-=-=-=-=-
« Le 9, le feu prit aussi à
l’Eglise de la Chartreuse de Gaillon, par la faute des Plombiers, et fit des
progrès si rapides, qu’elle a été entièrement consumée : on estime le
dommage à près de quatre cens (sic) mille livres. »
En 1563, Monseigneur de Bourbon
fonda cette chartreuse dans la plaine
d’Aubevoye, en complément logique de son palais. Détruite par un violent
incendie en 1764, elle fut reconstruite et vécut en tant que monastère de
l’ordre des Chartreux jusqu’en 1790. Vendue en 1834 à un fermier, elle fut
alors démolie. L’affiche de cette vente portait la
mention : « Ce domaine est des plus beaux de France »
(Source site de la ville de Gaillon)
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