mardi 20 octobre 2015

1765 – quatrième partie



Etrange découverte

26 juillet 1765

« On a découvert dans une carrière en Portland, en Angleterre, un tronc d’arbre de 4 pieds et 6 pouces de haut, & environ 17 pouces de diamètre au-dessus des racines ; il est pétrifié & aussi dur qu’un caillou ; une croûte pierreuse l’environnoit, & ses racines s’étendoient dans une couche de terre noire de 7 pieds de profondeur : ce curieux morceau d’histoire naturelle est conservé dans le cabinet de M. Dixon, Membre de la Société Royale de Londres. »

Pierre de Portland :
Pierre de calcaire de l'étage tithonien de la période Jurassique, exploitée sur l'Ile de Portland, dans le Dorset.
Elle a été massivement employée comme matériau de construction dans les îles britanniques, particulièrement dans les grands édifices publics de Londres comme la cathédrale Saint Paul et Buckingham Palace.
Elle continue de s'exporter dans de nombreux pays. La pierre de Portland forme la façade du  Siège des Nations Unies à New York, par exemple.


Avis de décès

26 juillet 1765

« Don Dumas, Abbé de l’Abbaye de Beaubec, Ordre de Bernardins, est mort le 23, âgé de 87 ans. Sa religion, ses mœurs, son esprit de charité sont un des plus grands modèles à proposer à ceux qui ont embrassé la vie religieuse ; toujours à la tête de sa maison & le premier aux offices, il a enrichi son Eglise des plus beaux Vases & Ornemens (sic), embelli son Abbaye par de magnifiques Bâtimens (sic) ; soulagé les pauvres par les charités les plus abondantes ; & enfin, gouverné avec cette douce fermeté, cette intelligence qui rendent les devoirs & la retraite aimables. »



Beaubec-la-Rosière est une commune de Seine-Maritime. Son Abbaye fut fondée en 1127. Détruite par un incendie en 1383 et partiellement reconstruite aux XVème et XVIIIème siècles, l'abbaye a été pillée, vendue et démolie à la Révolution.n dehors de la chapelle Sainte-Ursule, il ne reste plus de cette abbaye que quelques traces de l'infirmerie, de la ferme, du parloir et des dépendances.



J’ai effectué un sacré parcours pour essayer de découvrir qui était Dom Dumas. Même les actes d’inhumation de l’abbaye n’ont rien voulu révéler.
Alors, je reste un peu sur ma faim, avec cette seule information concernant l’abbaye en 1765 :
« Dom Pierre Girardin et Dom Dumas, (sans prénom de mentionné) cadjuteur » (sic).
Une autre information, également, mais que l’on retrouve dans l’article : L'abbé de Beaubec possédait des biens considérables.

Je lance donc un appel : Avez-vous des informations complémentaires ?

Eaux minérales

2 août 1765

« Nos Eaux minérales continuent d’être très-fréquentées (sic), & leur propriété se connoit de jour en jour, par les différentes guérisons qu’elles opèrent : l’Eté dernier, une personne qualifiée fut guérie d’une attaque violente de paralysie sur un côté, par celles de la Marêquerie,  & jouit aujourd’hui de la meilleure santé ; cette année, un sieur Courieu a été guéri de la même maladie ; & un très-grand (sic) nombre de personnes de toute condition qui les prennent, s’en trouvent également bien. La vraie manière d’en faire usage avec fruit, est contenue dans le Traité des Eaux-minérales de la ville de Rouen, par M. Nihell, vol. in-12, qui se trouve chez Machel, Imprimeur-Libraire, rue S. Lo. »


Les eaux minérales de Rouen ont été découvertes en 1603, par un sieur Antoine, écuyer du duc de Montpensier et décrites par Jacques Duval, médecin de cette ville, dans un document intitulé, « Traité des Eaux Minérales ferrées de Rouen ».
On y apprend que :
« Les eaux minérales du Département sont toutes ferrugineuses. Elles prennent naissance ordinairement sur des fonds tourbeux à base d’argile plastique (roche grisâtre, parfois verdâtre ou jaunâtre. coloration variable due à la présence d'impuretés d'oxyde de fer. Tendre, elle absorbe l'eau avec avidité, la retient et forme une pâte liante, la terre glaise, que l'on peut déformer, elle est plastique), comme celles d’Aumale, Ry, Valmon, Mesmoulins Oherville, Nointot, Villequier, Rolleville Rençon…..
Les sources qui prennent naissance sur la marne glauconieuse sont celles de Saint Paul et de la Marêquerie à Rouen et celles de Bleville, près du Havre. Elles contiennent aussi du sulfate de Fer. »

Les eaux minérales de la Marêquerie étaient également appelées « Eaux de Saint Paul », du nom de la paroisse où jaillissait leurs sources.

Pour  localiser le lieu plus précisément :  la rue de la Marêquerie avait porté avant le nom de Rue du Bon-Espoir, puis de la Planche-ferrée, avant de s’appelait cours Boieldieu du nom du célèbre musicien rouennais, sur le quai de la bourse.



Disparition

9 août 1765

« Un jeune homme de Rouen, âgé de 16 ans, a quitté il y a environ un mois, la maison d’un parent, sans l’en prévenir, & depuis ce tems (sic) on n’en a eu aucune nouvelle ; il est de taille de 5 pieds, cheveux bruns, qui frisent naturellement ; visage rond & coloré, le nez un peu camard, veste & culotte de flanelle fleurie, & un bonnet de laine. Comme il sçait le métier de Toilier, on soupçonne qu’il est dans la fabrique. On prie les personnes qui sçauroient où il est, d’en donner avis au Bureau des Annonces de Rouen. »

Je ne pourrais vous dire si ce jeune homme a été retrouvé….
Mais concernant son nez qu’il avait « camard », je suis très fière de vous annoncé que je viens d’ajouter un mot à mon vocabulaire. « Camard » signifie : plat et écrasé.


Lancement d’un navire

30 août 1765

« Le 19 de ce mois, on lança à l’eau, des chantiers de cette Ville, un joli Navire de 200 tonneaux, qui fut nommé le Duc d’Orléans, par M. Bertin, Commissaire de la Marine, au nom de S.A.S ; on fit à cette occasion trois décharges de 13 coups de canon chacune ; il y eut une foule extraordinaire de peuple : on travaille à le monter de tout le nécessaire, il chargera en Septembre pour la nouvelle Orléans, & partira vers la fin Octobre ; il y aura des lits pour 8 à 10 passagers, qui jouiront de toute la commodité possible. »

Un navire de 200 tonneaux :
Dans la marine, le tonneau  est une unité de volume utilisée pour chiffrer les capacités intérieures d'un navire en général. Pour un navire de charge, il va donner une idée de sa capacité en transport de marchandises. Cette unité internationale de jauge maritime  vaut 100 pieds cubes ou 2,83168 mètres cubes.

Donc, après petit calcul : 200 tonneaux : 566 mètres cubes.

Rien d’autre, par contre, en ce qui concerne ce navire, ni sur M. Bertin. Dommage !


Deuil

13 septembre 1765

« Dimanche dernier le Roi a pris le deuil violet pour trois semaines, à l’occasion de la mort de l’Empereur François 1, décédé le 29 Août âgé de cinquante-six ans, huit mois & trois jours. La Cour portera le noir quatre jours plus que Sa Majesté, pour marquer le deuil ; on prendra le blanc jeudi 19 jusqu’au Lundi 30 inclusivement. Les Dames portent les diamans (sic), les hommes l’Epée & les boucles d’argent, dans tous les deuils où l’on ne drape point. »(sic)


L’Empereur François 1er, empereur germanique de 1745 à 1765), est né le 8 décembre 1708 à Nancy (duché de Lorraine), il décéda le 18 août 1765 à Innsbruck en Autriche et non le 29 août comme noté dans l’article du journal de Rouen.
François 1er était le père de Marie Antoinette d’Autriche, qui devint Reine de France par son mariage avec Louis XVI, Dauphin de France en 1765.


Concernant le deuil de cour, il y a le « grand » et le « petit » deuil, seul le roi les déterminait et en fixait la durée.

·       Le grand Deuil durait de six mois à deux mois.
·       Le petit Deuil durait de trois semaines à trois jours.

Trois temps pour le grand deuil :

Habillement des hommes et usages pour le grand deuilqui se déroule en trois temps :

Premier temps :
Le roi est le seul à porter du violet.
Le roi porte habit, veste et culotte de drap violet ; l'habit boutonné tout du long, sans laisser voir la chemise ; les manches fermées jusqu'aux poings, et garnies de petites manchettes plates et cousues ;
Le collet garni d'un rabat de toile de Hollande ;
Les bas de laine violette ; les souliers de drap violet, avec les boucles d'acier tirant sur le violet ; l'épée garnie d'acier de même couleur, avec le ceinturon de drap violet ; le chapeau noir garni d'un crêpe violet ; les gants violets avec la garniture.

Les autres personnes portent les cheveux sans poudre, habit de drap noir, souliers bronzés, bas de laine noire, l'épée noire garnie d'un crêpe, boucles noires, cravate de batiste, pleureuses.

Deuxième temps :
 Le roi porte habit, veste et culotte de drap violet, bas de soie violette, manchettes de mousseline d'effilé, boucles et épée d'argent, un ruban violet à l'épée.
Pour les autres personnes, habit de drap noir, bas de soie noire, boucles et épée d'argent, un ruban noir à l'épée.

Troisième temps ou petit Deuil :
Pour le roi ainsi que pour les autres personnes, habit noir de soie, épée et boucles d'argent, bas blancs de soie, nœud d'épée noir et blanc.

Pendant le grand Deuil, dans les grandes cérémonies, les hommes ajoutent à leur costume un manteau, un crêpe pendant au chapeau, et une cravate longue.
Le manteau du roi est en violet ; celui des autres personnes est une étoffe de laine noire.
La longueur du manteau se règle suivant le rang de la personne.
La queue du manteau du roi est longue de cinq pieds ; celle du manteau des frères du roi, de trois pieds et demi ; celle du manteau des autres princes, de deux pieds.

Habillement des femmes pour le grand Deuil qui se déroule en trois temps :

Premier temps, ou grand Deuil :
Vêtement de laine noire : pendant la première moitié de ce premier temps, coiffure et fichu de crêpe noir ; pendant la seconde moitié, coiffure et fichu de crêpe blanc, garni d'effilé uni.

Deuxième temps, ou Deuil ordinaire :
Vêtement de soie noire : en hiver, le pou de soie ; en été, le taffetas ; les coiffures et garnitures en crêpe blanc, garni d'effilé.

Troisième temps, ou petit Deuil :
Le blanc uni, ou le noir et blanc.
Pendant le grand Deuil et dans les grandes cérémonies, les femmes ajoutent à leur habillement une mante noire, dont la longueur est également réglée sur le rang de la personne qui la porte, et un petit voile de crêpe noir sur la tête.


Dans les grands Deuils, la chambre et l'antichambre du roi sont tendues en violet ; les carreaux, les fauteuils et les tapis de la chapelle sont également en violet.
Les voitures de S. M. sont aussi drapées de la même couleur.
Les princes de la famille royale et les princes du sang tendent leur antichambre en noir ; leurs voitures sont drapées en noir.

Les ministres, les officiers civils et militaires, les pairs de France, les membres de la Chambre des Députés et du Conseil d'État, drapent leurs voitures en noir.
La livrée, tant de la Maison du Roi que des autres personnes désignées ci-dessus, est habillée en noir.
Pendant le deuxième et le troisième temps du Deuil, ils portent des aiguillettes de la couleur de la livrée.

L'usage en France étant qu'un père et une mère ne portent pas le Deuil de leurs enfants ; si un fils ou petit-fils du roi vient à mourir, S. M. ne prend pas le Deuil ; mais toutes les autres personnes le portent conformément au genre et à la durée déterminés par les ordres du roi.
On ne porte pas le Deuil des enfants qui n'ont pas atteint l'âge de 18 ans.

Lorsque la cour est en Deuil, aucune personne, même celles qui demandent audience et qui ne sont pas présentées, ne peut y paraître sans être en Deuil.

Source : le Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France
Nicolas Viton de Saint-Allais (1773-1842)  — Paris, 1816


Incendie

20 septembre 1765

« La nuit du 13 au 14 de ce mois le feu prit au Havre, dans une chambre, par la faute d’un particulier qui s’endormit en lisant. Heureusement qu’il ne fit pas de progrès, par le prompt secours que l’on y aporta (sic) ; sur le derrière de cette maison il y a une quantité considérable de goudron & autre marchandises combustibles, qui auroient occasionné bien du dégât, si les flammes eussent été jusques-là (sic). »


Ouf ! Il s’en est fallu de peu !!
S’endormir en lisant ? La lecture ne devait pas être bien passionnante !
Les chandelles étaient la cause de bien des incendies. Seule moyen pour s’éclairer, elles mettaient le feu  aux paillasses lorsqu’elles tombaient.


On demande ….

20 septembre 1765

« On a besoin d’un Enfant-de-Chœur pour l’Eglise Cathédrale de Rouen ? Cette place se donne au concours, qui est fixé au Lundi 4 de Novembre prochain ; on prend les enfants entre sept & huit ans. Il faut qu’ils sçachent (sic) lire en latin & en François. Ceux qui y prétendent, iront se presenter (sic) en la Maîtrise, pour donner leurs noms et & être entendus. M. le Maître de Musique leur donnera tous les Dimanches, les Mardis & les Jeudis, depuis une heure jusqu’à deux (sic). Les recommandations sont inutiles ; le Chapitre étant dans l’intention constante de choisir toujours la meilleure voix. »


22 novembre 1765

« On a besoin, dans l’Eglise Cathédrale de Rouen, de différentes Voix, tant pour la psalmodie que pour la Musique ; sçavoir, de Basses-contre, Hautes-taille & Hautes-contre (sic) : on n’admet  point d’hommes mariés, sur-tout (sic) pour la psalmodie, ni même de laïcs, à moins qu’ils n’ayent (sic) des dispositions pour l’état Ecclésiastique, & soient en état de se presenter (sic) à la tonsure ; on leur fera des conditions convenables, à proportion de leurs voix & de leurs talens (sic). »


Haute contre
Dans la musique vocale des XVIème et XVIIème  siècles, voix d’alto masculine, chantée par la plus élevée des voix masculines. Aujourd’hui, ce pupitre est fréquemment tenu par une voix de femme grave.

Basse contre :
La basse constitue le  registre grave des voix masculines.
La basse profonde, autrefois dénommée  « basse contre », est la plus grave des voix d’hommes.

Taille
Ancien nom de la voix de ténor. Au XVIIème siècle, elle se divisait en haute et basse taille.
La basse taille est une voix d’homme grave, aujourd’hui appelée basse chantante, elle est souvent confondue avec la voix de baryton.


Sources : Dictionnaire des sciences de la musique
Marc Honegger - Bordas

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