mercredi 7 octobre 2015

1765 - SECONDE PARTIE




Médecine

12 avril 1765

« Dans le nombre des moyens inventés pour corriger la nature, soit dans les visages, la peau &c. il manquoit celui de changer la couleur des cheveux & sourcils ; cet admirable secret est enfin trouvé par une personne de cette Ville, elle promet convertir dans le plus beau noir, sans que rien puisse l’effacer, les cheveux & sourcils les plus roux. On indiquera le nom de cette personne au Bureau d’avis. »

De tout temps, soit pour effacer l’outrage des ans ou pour satisfaire les exigences de la mode, les hommes, et surtout les femmes, ont coloré leur chevelure.
Par exemple on a découvert que Ramsès II se colorait les cheveux pour cacher ses cheveux blancs.

Le noir et le roux étaient les plus employés.
Pour les roux, on utilisait déjà du henné comme colorant naturel.
4000 ans avant Jésus-Christ, on incorporait au henné du sang de bœuf ou bien des têtards brouillés. (Berk !!)
Pour les colorations noires, on utilisait de l’indigo, extrait d’une plante, l’indigoferatinctoria, appelée aussi l’indigotier. Teinture aujourd’hui synthétisée.

Au Moyen-âge, les femmes souhaitaient  avoir une chevelure blonde ou rousse, symbolisant, à cette époque, la beauté féminine.
Pour obtenir cette couleur tant convoitée, il fallait laisser ses cheveux au soleil de nombreuses heures, ou utiliser, après cuisson, une mixture composée de paille d’avoine ou de fleurs de genêt. Pour obtenir un beau roux, les femmes utilisaient du safran, une épice qui provient d’une plante nommée le crocus savitus.

Pour un brun parfait, il fallait mélanger de la noix de Galles dans de l’eau de pluie et faire mijoter ce mélange avec des feuilles de noyer, ou encore, appliquer un produit composé de rouille de fer, de noix de galle, de brou de noix, et de l'alun, après cuisson des ingrédients dans du vinaigre.

A la Renaissance, les femmes qui se teignaient en  "blond vénitien" obtenait cette couleur en exposant seulement leur cheveux au soleil enduits d'un mélange de miel d'alun et de souffre. Le "blond vénitien" étant « très classe » à cette époque.

Au XVIIIème siècle, les colorations perdirent de leur importance au profit de la poudre blanche dont les hommes, aussi bien que les femmes, parsemaient leurs cheveux.

En 1818, un scientifique français, Louis Jacques Thénard, découvrit l'eau oxygénée. Mais elle ne fut employée, à des fins esthétiques, qu’à partir de 1879.
En 1863, le chimiste allemand August Wilhelm Von Hofmann découvrit la phénylènediamine, utilisée aujourd’hui dans toutes les colorations capillaires commercialisées.

Le 30 juillet 1909, Eugène Schueller fonda la Société Française de Teintures Inoffensives pour les cheveux que nous connaissons maintenant sous le nom de «L’Oréal ».

Me vient à l’esprit que si l’usage des perruques prit un tel essor, ce n’était qu’en raison d’un grand nombre de chauves (hommes et femmes confondus), suite à l’usage intempestif de produits décolorants ou colorants agressifs !


Végétations

19 avril 1765

« Le sieur Coquerel, jardinier de M. le Duc de Harcourt, demeurant à Rouen, rue Grand-mont, fauxbourg (sic) de S. Sever, donne avis qu’il a actuellement en fleur de très-belles (sic) anémones d’une espèce particulière ; il invite les amateurs de lui faire l’honneur de passer chez lui, afin de lui en procurer la vente ; on y trouvera toutes sortes d’autres fleurs belles & rares, beaucoup d’orangers & autres arbustes. »


La rue de Grand Mont dont le nom provenait de l’ancien prieuré de Grammont a disparu aujourd’hui. Elle porta, avant, le nom de rue Pierre Renaudel.
Cette rue traversait un grand nombre de parcelles maraichères ou de champs cultivés.

Le prieuré Notre-Dame-du-Parc ou prieuré de Grandmont, nommé aussi « prieuré de Grammont » fut créé entre 1157 et 1180 par l’ordre de Grandmont, établi dans le Limousin.

Ruiné et incendié en 1370, il fut reconstruit. Mais en 1592, le prieuré fut à nouveau détruit lors du siège de Rouen par Henri IV. L’ordre de Grandmont supprimé en 1772 par le pape Clément XIV, le domaine devint alors  caserne de dragons. En 1780, l’église fut transformée en magasin de poudre et la plupart de ses ouvertures murées.
Cette chapelle fut classée au titre des monuments historiques, par arrêté du 17 février 1961, et suite au transfert de la poudrière  à Grand Quevilly, elle retrouva sa fonction première lors de la célébration d’une messe, le 25 janvier 1970.



Louageur de chevaux

19 avril 1765

« Un Louageur (sic) de Chevaux de cette ville donna deux Cavales la première des fêtes de Pâques, à deux messieurs, l’un habillé de bleu, veste rouge, avec un petit galon ; l’autre, habit veste & culote blanchette (sic) ; l’une des cavales est noire, & de 4 pieds 8 à 9 pouces, âgée de 7 ans, & à courte queue, sans toupet en tête, & le crain (sic) du cou coupé à moitié ; l’autre cavale est de poil blanc de lou (sic), crins noirs, courte queue, ayant en tête une étoile blanche, & est âgée de 7 à 8 ans. On prie ces messieurs de renvoyer au propriétaire les susdites Cavales. »


3 mai 1765

« Nous avons dit dans notre Feuille, N° 37, qu’un Louageur de chevaux de cette Ville en avoit loué deux, qui ne lui avoient point été rendus ; étant encore dans la même perpléxité (sic), il prie les personnes qui en auroient connoissance (sic) de l’en informer (le sieur Cottais, rue malpalu) & si ces chevaux ont été vendus, il payera (sic), dit-il, le prix de l’achat. »


Les louageurs  louaient des véhicules, des sièges et des chevaux.
Concernant les chevaux, des relais, souvent dans des auberges, recevaient les voyageurs et se chargeaient d’échanger les montures lorsque celles-ci étaient fatiguées. Un cavalier, faisant le chemin en sens inverse, se voyait attribuer le cheval ayant pris quelque repos et qui de ce fait retournait à son écurie d’origine.

Les deux cavaliers dont il est question dans l’article ci-dessus, fort malhonnêtes, ont profité de ce louage pour s’approprier les bêtes à un bon prix.
Je suppose que l’affaire était assez courante.



Effets à vendre

26 avril 1765

« Un Clavessin (sic) très-bien (sic) conditionné – s’adresser chez Madame La marquise de Radepont – rue Etoupée. »


Un « clavessin très-bien conditionné », rien à voir avec le « clavecin bien tempéré de JS Bach » ! Non, il s’agit là d’un instrument de musique, un clavecin en l’occurrence, qui a été maintenu dans de bonnes conditions, « bien conditionné », en parfait état !

Rue étoupée à Rouen :
Cette rue existe toujours, elle est coupée par la rue Lecanuet, dans son prolongement au-delà de la rue Jeanne d’Arc, rejoignant la rue des Bons enfants et la rue Saint Patrice.


Avis de décès

26 avril 1765

« Le nommé Pierre Fumery, journalier, de la paroisse de Normanville, est décédé le 21 mars dernier, âgé de 105 ans ; il n’avoit aucunes infirmités (sic) que la surdité, & il faisoit encore quelques semaines avant sa mort, 2 & 3 lieues à pied dans la paroisse & les environs, en demandant sa vie, qu’on lui donnoit plus abondamment que ses besoins ne le demandoient. »

Malgré mes recherches, je n’ai pu trouver, à Normanville, l’acte de décès de Pierre Fumery.
J’aurais pourtant aimé vous en dire un peu plus sur ce centenaire, toujours très alerte.


« Cours de médecine »

26 avril 1765

« Le sieur Thibault, Lieutenant de M. le premier Chirurgien du Roi, ancien Directeur de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Rouen, Professeur et Démonstrateur Royal en Accouchemens (sic), dictera les leçons, & fera les démonstrations concernant la connoissance & le manuel des Accouchemens (sic).
Les Eléves (sic) sont avertis d’aporter (sic) encre, plume et papier, pour écrire ce qui leur sera dicté par le Professeur. Pour exciter l’émulation, il s’est proposé de joindre aux deux Prix de composition, accordés par Messieurs de Ville, un troisième à ses frais, pour celui qui aura mieux satisfait, par mémoire, aux interrogats (sic) qui lui seront faits par MM. Les Commissaires nommés par l’Académie.
Il ouvrira ce Cours le Jeudi 2 Mai 1765, & continuera tous les Lundis, Jeudis & Vendredis, à dix heures & demie précises, dans l’Amphithéâtre construit sur la Porte Bouvreuil. »


Le 9 mars 1736, l'administration de l'Hôtel-Dieu sollicita de Messieurs Les Maire et Echevins de Rouen, la location du dessus de porte Bouvreuil pour y installer l'école d'Anatomie et de Chirurgie de Rouen, en décembre 1736.
Début 1738, l'amphithéâtre de la porte Bouvreuil devint alors l'Ecole Royale d'Anatomie et de Chirurgie de Rouen.

La rampe Bouvreuil est actuellement  une voie  donnant dans les rues Bouquet et Saint Gervais et parallèle au boulevard de la Marne (correspondant à l’ancien rempart) et non loin de la Tour Jeanne d’Arc, dernier vestige du château de Rouen.  Cette rampe n’était pas loin de la porte Bouvreuil, une des rares portes de la ville vers le nord.  Elle porta le nom de rue de Bouville.
En ce qui concerne le château de Rouen, il fut édifié de 1204 à 1210 par Philippe Auguste, roi de France, sur la colline de Bouvreuil à Rouen, qui à cette époque était la capitale du duché de Normandie. Il remplaça le palais ducal de Rouen construit par le duc Richard 1er.


Une cérémonie bien particulière

17 mai 1765

« Hier, jour de l’Ascension, on a délivré suivant l’usage, un Prisonnier. La cérémonie commença par une Messe en musique, où le Parlement assista en robe rouge, après laquelle étant entré en Grand’Chambre (sic) on instruisit le procès du nommé Le Moine, dont voici le précis.
Le jour de la Pentecôte 1763, se trouvant dans un cabaret avec différens (sic) particuliers, il s’éleva une dispute au sujet d’un violon : quelques-uns proposèrent de se battre, le nommé Alexis Clément, se mit en veste, & dît (sic) à Le Moine de sortir, pour voir qui seroit le plus fort, ils sortirent ensemble, se prirent au collet, & se terrassèrent : Le Moine se trouva dessous, & piqué d’avoir été vaincu, prit une hache qu’il trouva dans l’herbe, courut après Clément qui rentroit au cabaret, & lui en porta un coup de la tête, qui le renversa mort sur le seuil de la porte. »


On accourait en masse de toute la Normandie et même d’ailleurs pour assister, chaque année, à Rouen, le jour de l’Ascension, à la cérémonie libérant un meurtrier et lui épargnant ainsi la peine capitale. L’heureux élu bénéficiait d’un privilège qui n’avait lieu qu’en France.
Couvert de fleurs, tel un vainqueur, il traversait les rues de la ville, avant d’être libéré et plus jamais  inquiété pour ses fautes passées.

Comment le choix s’effectuait-il, je n’en ai aucune idée et n’ai rien trouvé pouvant satisfaire ma curiosité, et la vôtre.
J’ai seulement lu que des abus quant à la désignation de « l’élu » irritèrent à un tel point, que cette « cérémonie de grâce » ne perdura pas. Là encore, je n’ai aucune date concernant l’arrêt de cette « fête ».

Cette évènement tragique ne fut, sans doute, qu’un enchaînement de circonstances, suite à une divergence d’opinion. Le Moine n’avait pas eu l’intention de donner la mort. Voilà pourquoi, sans doute, il avait été choisi.

Bolbec en flammes, Bolbec en cendres.

19 juillet 1764

« Le 14 de ce mois, le bourg de Bolbec, à 7 lieues de Rouen, composé de plus de 800 maisons, a été réduit en cendres en deux heures de tems (sic). Un boucher, en grillant un porc dans une très-petite (sic) cour, pendant la Grande-Messe (sic) a été l’auteur de ce désastre. L’Eglise a été réduite en cendres, les cloches même fondues. Plus de 4000 habitans (sic) ont perdu non-seulement (sic) leurs maisons, mais encore leurs meubles, sans qu’il ait été possible de rien sauver. Une désolation aussi funeste que l’incendie s’y est fait sentir ; la faim, la nudité ont réduit les habitans (sic) au désespoir. Ce Bourg le plus riche de la Province, par l’industrie de ses habitans (sic), ne laisse à la postérité que le triste souvenir d’un éclat qu’un siècle entier ne peut lui faire recouvrer.
Un citoyen de cette Ville, aussi généreux que compatissant, (M. de Marchis) a oublié les pertes immenses que cette incendie (sic) lui occasionnoit, pour se transporter lui-même à Bolbec, & y répandre des charités très-considérables, qui le rendront toujours cher à la Patrie. »


23 août 1765

« Sa majesté voulant mettre les habitans (sic) du Bourg de Bolbec en état de reconstruire leurs maisons incendiées, & de rétablir leur commerce, vient de leur accorder la remise de tout ce qui restoit dû de leur taille & des impositions accessoires pour cette année. Elle a ordonné en même-tems (sic) que, pendant vingt-cinq ans, à commencer du mois d’octobre prochain, chaque habitant de ce Bourg ne seroit taxé qu’à cinq sols par an pour toute nature d’impositions, même pour les vingtièmes. Enfin, Sa Majesté leur a fait distribuer deux cens (sic) métiers et quatre cens (sic) rouets à l’usage de leurs Fabriques, & l’on espère que la bonté de Sa majesté ne se bornera pas à ces bienfaits. »

30 août 1765

« Nous avons parlé dans notre dernière Feuille, des graces (sic) accordées par le Roi aux habitans (sic) de Bolbec, nous devons ajouter que la remise des impositions qu’ils devoient, se monte à 5248 livres 16 sols 7 deniers & que ces bienfaits sont à condition que tous les incendiés rebâtiront leurs maisons au même lieu, les couvriront en tuile (sic), y continueront leur commerce & leur résidence ; & pour leur en faciliter les moyens, ordonne Sa Majesté, que par M. le Marcis, Négociant de cette Ville, (citoyen dont nous parlerons toujours avec plaisir et distinction) il sera fait achat des métiers nécessaires aux fabriques de siamoises, toiles, frocs, & autres étoffes qui s’y fabriquoient ci-devant, & de tous les rouets nécessaires, qui seroint distribués à ceux qu’il jugera en avoir besoin. »

Bolbec subit trois très grands incendies :
Le jeudi 25 juin 1676, le feu ne détruisit la ville que partiellement.
Le mardi 30 octobre 1696, la ville fut brûlée dans sa quasi-totalité.
Le dimanche 14 juillet 1765, seule dix maisons furent épargnées.

La taille :
Sous l’Ancien Régime, c’était un impôt direct auquel les bourgeois, le clergé et la noblesse n’étaient pas assujettis.
Son nom vient du bâton de taille, permettant de garder la trace des paiements au moyen d’encoches, système comptable, accessible aux personnes illettrées, appliqué d’abord pour les paiements à crédit, puis ensuite à la fiscalité.
Pour  éviter toute fraude, deux bâtons étaient entaillés de la même manière, conservés l’un par le créditeur et l’autre par le débiteur.

Quelques précisions sur la monnaie de cette époque :
·       La livre, équivaut à 20 sols et 240 deniers.
·       Le sol équivaut à 12 deniers.


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