dimanche 8 novembre 2015

CHILDERIC, LE FANTOME - Chapitre 1 - suite et fin




Un seul lieu dans la vieille bâtisse pour ce lourd travail, la bibliothèque, ou, du moins, ce qu’il en restait.
Childéric s’y rendit aussitôt. Il passa au travers de la porte avec d’autant plus de facilité que celle-ci était, un tantinet, vermoulue. Son regard fit le tour de l’immense pièce. La cheminée sur laquelle trônaient les armoires de la Seigneurie avait gardé son allure majestueuse. Mais, les murs couverts de rayonnages et dépourvus des livres vendus aux plus offrant étalaient leur triste solitude. Une épaisse couche de poussière recouvrait tout et de nombreuses toiles d’araignées tapissaient les angles des murs et s’enroulaient autour du lustre suspendu au plafond. Un immense bureau, en piteux état, et une chaise bancale composaient le seul mobilier de l’endroit. Ils avaient été, sans doute, abandonnés là dans la hâte du déménagement.
Childéric s’installa donc, non sans avoir avant, débarrassé le bureau de la couche de poussière dont il était revêtu. Ce qui le fit éternuer à de nombreuses reprises.
Childéric s’installa donc là ! Puis, il se mit à réfléchir, à réfléchir longuement.
Ecrire ses mémoires, c’était parfait, oui, mais pour cela, il fallait  qu’il rassemblât ses idées. Il fallait qu’il déterminât par où commencer.

Qui était-il, avant d’être ce fantôme solitaire ?
Depuis quand, exactement hantait-il ce château ?
Pourquoi avait-il été condamné à hanter, cette propriété ?

« Ouah ! » s’écria-t-il en se tenant la tête dans les mains.

Tout se bousculait dans son esprit, les dates, les lieux, les évènements.
Tout devenait confus, et cette confusion était telle qu’il finit par ne plus se souvenir de rien !
Ennuyeux quand on souhaitait raconter faits et évènements !

Ce fut alors que Childéric s’enferma dans un cercle infernal.

Il réfléchissait de longues nuits, une multitude de longues nuits, et plus il réfléchissait, moins il se souvenait. Moins, il se souvenait, plus il soupirait, et ses soupirs devenaient de plus en plus longs, de plus en plus profonds.

Childéric s’aperçut qu’il était un fantôme amnésique. Comment allait-il pouvoir, ainsi, rédiger ses mémoires ?
Désœuvré, il déambulait de pièce en pièce dans l’immense demeure, s’enfonçant dans les souterrains, explorant les oubliettes,  relisant les inscriptions gravées dans les pierres des murs, ici et là, et que le temps n’avait pas totalement effacées.
Il se rendit compte, très vitre, que cette inspection, ces promenades dans son domaine ne l’amusaient plus comme autrefois ?
Que faire ?
Il se lamentait, pleurait parfois à chaudes larmes, en poussant des plaintes lugubres comme il ne l’avait jamais fait, à aucun moment de son activité de fantôme. Jamais il n’avait aussi bien modulé les intonations. Mais, aujourd’hui, il n’avait aucun auditeur pouvant les apprécier à leur juste valeur artistique.

Son cœur était lourd de chagrin. Ce n’était vraiment pas une vie de fantôme !

Après un moment d’abattement, Childéric, malgré tout d’un tempérament dynamique, se redressa et décida de prendre les choses en main.

Sa tenue lui semblant négligée, (ne portait-il pas les mêmes vêtements depuis des lustres ?), il fit un brin de toilette, épousseta sa chemise d’un blanc un peu douteux, remis de l’ordre dans les plis de son  kilt quelque peu élimé.

« J’ai meilleure allure !» s’exclama-t-il en regardant son reflet dans un vieux miroir.

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