dimanche 15 novembre 2015

CHILDERIC, LE FANTOME - Chapitre 2 - Première partie



Après cette petite toilette, Childéric décida d’aller prendre un peu l’air. Toute cette poussière balayée par les multiples courants d’air, rendait quelque peu les lieux irrespirables. L’air frais de la nuit ne pouvait lui faire que le plus grand bien. Pour ne pas froisser sa tenue, il prit le temps de passer par les ouvertures. Passer au travers des murs était plus rapide, certes, mais avait l’inconvénient d’élimer, par le frottement occasionné, le tissu des vêtements.

Dehors, la lune, brillant de tous ses éclats, donnait au parc à l’état de friche, un aspect inquiétant. Tous ces fourrés épineux, toutes ces herbes folles projetaient des ombres démesurées et fantasmagoriques. Le vent, en ce milieu d’automne, piquait le visage et annonçait un hiver précoce et rigoureux.
Pourtant, des lustres auparavant, le parc, entretenu par plusieurs jardiniers, faisait l’orgueil des maîtres des lieux, et l’admiration de tous les visiteurs qui le parcouraient nonchalamment, uniquement pour le plaisir des yeux.
Childéric se remémora l’odeur des buissons de roses et de lilas, les couleurs vives des massifs fleuris au printemps qu’aucune herbe parasite n’aurait osé envahir, les arbustes taillés à la perfection. Et aussi, les haies, plantées ici et là et derrière lesquelles des bancs avaient été disposés, devenaient des cachettes idéales aux jeux des enfants, protégeaient des regards les baisers des amoureux et engageaient aux causeries badines. Ce fut ainsi, qu’il avait surpris, bien des fois au cours de sa vie de fantôme, des secrets d’amour, des conversations intrigantes et des conspirations ténébreuses.
Childéric soupira et ferma les yeux, à ses oreilles lui arrivaient les rires, les cris, les exclamations, les discussions animées, les chuchotis, les froissements  d’étoffes des longues robes des femmes, les cavalcades des ribambelles d’enfants. Le perron et la terrasse foisonnaient de monde  et de lumières. La fête battait son plein. Une multitude de laquais en livrées s’activaient au bien-être de tous.
Rien à voir avec le triste silence actuel, le délabrement de l’édifice et l’envahissement de la végétation qui avait, au fil du temps, repris ses droits.
Childéric, les yeux toujours clos, essayait de prolonger en lui la vision du faste d’antan.

Depuis combien de temps était-il songeur, dans le jardin ? La lune s’était voilée. Il lui sembla avoir changé d’endroit tant les ombres avaient été transformées par la nouvelle la lumière lunaire.

Divers bruits, frôlements, souffles, cliquetis, le tirèrent de ses songes. Une présence se manifestait. Childéric se sentit observé.
Qui cela pouvait-il être ? Un humain ? Assurément non ! Alors, à n’en pas douter, il ne pouvait s’agir que d’un de ces congénères.

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