Tous nos vœux de bonheur !
5
juin 1767
« M. de Blosseville,
Conseiller au Parlement, fils de M. de Boissemont, Procureur Général en la Cour
des comptes, Aydes (sic) & Finances de Normandie, & de demoiselle Marie
de Blosseville, a épousé le 4 de ce mois Mademoiselle de Civille, fille de M.
le Marquis de Civille, & de Demoiselle Chastenet de Puysegur. La
bénédiction nuptiale leur a été donnée par M. l’Archevêque de Rouen, en
l’Eglise paroissiale de Boscheroult. »
Ci-dessous
l’acte de mariage, célébré dans la paroisse de Bois-Héroult et non Boscheroult,
de ce Conseiller au Parlement :
« Le jeudi
quatrième jour du mois de juin mil sept cent soixante et sept après la
publication d’un ban du futur mariage entre Messire Benigne poret de
Blosseville, conseiller au parlement de Normandie, fils mineur de haut et
puissant Seigneur Benigne Estienne François poret de Boissemont conseiller du
Roy en ses conseils et son procureur general en la Cour des comptes aides et
finances de Normandie et de feue noble dame Louise Marye de Blosseville ses
père et mere de la paroisse de Sainte Croix Saint Oüen de Rouen d’une part et
de Noble demoiselle Marie henriette de
Civille fille mineur du haut et puissant Seigneur Pierre auguste alphonse de
Civille chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louis et de noble dame
Marie anne de Chastenet de puysegur ses père et mere de cette paroisse de
Boscheroult d’autre part……. »
Le
mariage fut célébré par : « Dominique
de la Rochefoucauld archevêque de Rouen primat de Normandie, abbé, chef
supérieur general et administrateur perpetuel de tout l’Ordre de Cluny. »
Mariage
d’amour ou mariage arrangé ?
Peu
importe à présent, mais revenons un instant sur les nouveaux époux.
Benigne
Poret de Blosseville né le 2 septembre 1742, a reçu les sacrements du baptême,
le 3 septembre 1742 à Rouen, paroisse St André de la ville.
« Ce jourd’huy
lundy troisieme de septembre mil sept cent quarante deux a été baptisé du
consentement de Mr le curé par Messire Loüis auguste Marye chanoine regulier de
l’Ordre de St augustin et prieur royal de l’hôtel Dieu de la Madeleine de Roüen
grand oncle paternel de l’enfant Benigne né du jour precedent du légitime
mariage de Messire Benigne-Estienne françois poret chevalier seigneur et patron
de Bondeville, Cattelot, Amfreville, Yville St Amand et autres lieux conseiller
au parlement de Normandie et de noble Dame Loüise marye de Blosseville ses père
et mere, le parein Mr jean Baptiste Nicolas formont oncle maternel de l’enfant,
la mareine Dame marie Catherine Marye veuve de monsieur Thomas planterose
Ecuyer tante maternelle de l’enfant……. »
Ce
noble seigneur est décédé le 13 février 1828 à Bois Héroult
« Du vendredi
quinzième jour du mois de février l’an mil huit cent vingt huit à huit heures
du matin, acte de décès de Monsieur Benigne Poret ……..(mêmes titres que sur
l’acte de décès de son épouse ci-dessous noté)….. décédé à Boisheroult, hier
quatorze février à sept heures du soir âgé de quatre vingt cinq ans, né à Rouen
département de la Seine Inférieure, demeurant en cette commune, fils de feu
Benigne Etienne françois Poret de Bois….. et de feue dame Louise Marye de
Blossevcille, veuf de dame Marie Henriette de Civille décédée en cette commune
avec laquelle il avait été marié à Boisheroult le quatre juin mil sept cent
soixante sept. »
Les
déclarants, notés sur l’acte, étaient les trois fils du couple :
Benigne Poret de
Blosseville, chevalier de Saint Louis, ancien chef d’escadron et membre du
conseil général du département de l’Eure, âgé de 59 ans et domicilié à
Amfreville dans l’Eure.
Léon poret de Civille
membre du conseil d’arrondissement de Rouen et maire de Boisheroult, y
demeurant, 50 ans.
Auguste Louis Poret de
Blosseville, maire de la chapelle du Bois des faux dans l’Eure, 47 ans.
Marie
Henriette de Civille, la jeune mariée a vu le jour à Bois-Héroult, le 4 avril
1748 où elle fut baptisée le 14 du même mois.
« Le 14e
Davril 1748 a été baptisée par moy prestre curé de cette paroisse une fille née
du quatrième du présent mois …. du legitime mariage de messire pierre auguste
alphonse de Civille chevalier seigneur de Saint Mars et autres lieux et de Dame
ane de Chastenay de puchey nomee marie henriette par maistre nicolas pinchon et
par demoiselle madelaine Eleonore Valgelade porteurs de procurations de haut et
puissant seigneur messire Antoine hacinthe conte de mainville chevalier
seigneur baron de marigny la Celle ………… et de hautte et puissante Dame jeanne
henriette de Chastenay….. veuve de haut et puissant Seigneur Charles françois
de nettancourt….. conte de Vaubecour Baron de choisseuil colonel de Dauphiné
infanterie parain et maraine soussignés…… »
En
ce qui concerne les titres de ces « nobles et puissant », je n’ai pu
les décrypter…… je ne suis pas sûre non plus que le prêtre qui a rédigé l’acte
est tout bien compris lui aussi.
Tout
ce que je peux affirmer c’est que c’était que « du beau monde », si
« hauts et puissants » qu’ils étaient intouchables !!
Elle
est décédée le 2 avril 1823 à Bois Héroult
« L’an mil huit cent
vingt trois le deuxième jour du mois d’avril, dix heures du matin …… sont
comparus Monsieur Benigne Poret, vicomte de Blosseville, âgé de quatre vingt un
ans, conseiller au parlement de Normandie et conseiller du Roi en ses conseils,
son procureur général en sa cour des aides et finances de la même province,
ancien secrétaire du commandement de son Altesse Royal Monsieur conte d’Artois
frère du Roi et Monsieur Leon Poret de Civille âgé de quarante cinq ans maire
de cette commune domicilié en cette commune, le premier époux et le second fils
de la défunte ci après lesquels m’ont déclaré que Madame Marie henriette de
Civille, âgée de soixante quinze ans née en cette commune le quatre avril mil
sept cent quarante huit y domicilié fille de feu Pierre auguste alphonse de
Civille et de feue anne de Chastenet de Puysegur, épouse dudit sieur Benigne
Poret vicomte de Blosseville est décédée
ce jourd’hui deux avril, une heure du matin En sa maison et domicile situé en
cette commune ……. »
Je
ne sais pas si ils ont été heureux ensemble, mais ils ont fait un bon bout
de chemin côte à côte. Plus de 60 ans…..
Pour trinquer sans se saouler !
5
juin 1767
« Le sieur Besserve,
Apothicaire, rue des Bons-enfans (sic), vis-à-vis la rue Ecuyére (sic), vient
de recevoir des Eaux minérales de Vichy. Notre feuille du 23 mai 1766 traite de
leur qualité. »
En,
effet, un article dans le journal du 23
mai 1766 nous vante les qualités de cette eau, en ces termes :
« On trouve à
Vichy sept sources d’eaux minérales. La
quatrième, qu’on apelle (sic) le gros boulet, est la seule qui en fournisse
d’assez énergiques pour pouvoir être transportées dans les contrées éloignées,
sans perdre leur vertu.
Les analyses
réitérées ; que plusieurs Chymistes (sic) ont faites de ces eaux, prouvent
qu’elles contiennent une substance saline, légère & amère : elle
fermente avec differens (sic) acides, & sa dissolution teint en verd (sic)
le syrop (sic) violat. Ces deux expériences démontrent que ce sel est alkalin
(sic). Il est mêlé avec une legére (sic) quantité de soufre & de bitume
qu’on aperçoit en jettant (sic) le sédiment sur des charbons ardens
(sic) ; car il donne dans un lieu obscur une flamme bleuâtre qui sent la
poudre à canon. On y observe en plus quelques parcelles ferrugineuses.
Ces différens (sic)
principes, bien combinés par la nature, forment des eaux apéritives &
purgatives, propres à lever les obstructions du foie, de la rate, des reins
& du mésentére (sic). Elle guérisse la jaunisse, les fièvres quartes invétérées,
les ulcéres (sic) aux reins & à la vessie ; elles remédient à la
supression (sic) des évacuations périodiques, aux pâles couleurs, aux fleurs
blances (sic), & aux vapeurs hystériques ; elles conviennent aussi
dans les maladies de l’estomach (sic) ; elles en raniment le ressort,
elles désobstruent les glandes qui sont répandues dans son tissu, par conséquent la sécrétion de la
liqueur propre à exciter l’apétit (sic), & à faciliter les digestions,
s’éxécute (sic) beaucoup mieux. Beaucoup de personnes se purgent avec une pinte
de ces eaux, dans laquelle on a fait fondre une once de sel d’ebsum (sic), extrait
du Dictionnaire Universel de Médecine, &c. Page 273, Tome VI. »
Tout
est dit ci-dessus concernant cette eau aux riches propriétés.
Petit
précision :
Le sel
d'Epsom et non « d’ebsum » est très riche en magnésium. Il est obtenu à partir de minéraux naturels,
provenant de gisements souterrains.
Il est
utilisé sous forme hydratée, de qualité cosmétique et alimentaire.
Autre nom :
Sel amer, Sulfate de Magnésium hydraté.
En
lisant la fin de l’article, on pourrait penser que ce sel est « extrait du
dictionnaire …. ». Il n’en est absolument rien, je vous l’assure !
Traverser la Manche ? It’s very easy !
5
juin 1767
« Deux capitaines Anglais
viennent d’équiper deux paquebots qui feront le trajet de Douvres à Dieppe,
& de Dieppe à Douvres. L’un partira de Dieppe le Mardi, & l’autre le
vendredi, & transporteront passagers, marchandises, &c. »
Y
avait-il possibilité de prendre une « carte d’abonnement » pour les
voyages fréquents ?
Quelle histoire !
12
juin 1767
« On apprend par des lettres
particuliéres (sic) la nouvelle suivante. Le Gardien des Cordeliers de
Sisteron, après avoir mis le feu en huit différens (sic) endroirs de son
Couvent, & s’être armé d’un couteau de cuisine & d’une hache, a égorgé
le Frere (sic) Cuisinier de la maison & lui a donné neufs coups de couteau,
il courut ensuite sur deux autres Religieux pour les assassiner
également ; mais l’un des deux échapa (sic) à sa fureur en sautant en
chemise par une fenêtre du second étage du Couvent, & l’autre se cacha.
Lorsque la Justice & le peuple, attirés par l’incendie, sont entrés dans le
Couvent pour y porter du secours, on a trouvé le Gardien dans sa chambre ;
dans l’espérance de faire tomber les soupçons sur un autre, il s’étoit fait une
legère (sic) blessure à la gorge, & avoit mis lui-même le feu à la tenture
de son lit. Après plusieurs interrogations auxquelles il n’a voulu rien
répondre, on l’a fait conduire dans l’Hôpital pour y être gardé pendant qu’on
seroit occupé à éteindre le feu ; mais il s’est évadé pendant la nuit. »
Si
je n’ai pu découvrir le nom du gardien-meurtrier-pyromane qui, visiblement, court encore, j’ai trouvé dans les actes de
sépultures le nom du pauvre « Frère cuisinier ».
« Le nommé antoine
poupe dit St antoine soldat invalide de la compagnie de Vermeil la garnisson
dans la citadelle de cette ville de Sisteron trouvé assassiné le seize du mois
de may mil sept cents soixante sept dans le couvent des peres cordeliers de
cette ville a été enseveli dans le cimetiere de cette paroisse aujourd’hui dix
septième du dit mois par ordonnance de M. le lieutenant particulier au siège de
cette ville rendue hier seize du courant à la suite du proces verbal de la
defense faite au couvent des dits peres cordelier à la requisition de M.
l’avocat du Roy audit siege…… »
Le
pauvre Antoine Poupe dit Saint Antoine a donc trouvé la mort sous les coups de
couteau d’un homme pris sûrement de folie……..
A moins que ce ne soit parce que la cuisine du pauvre homme était
immangeable !!! Si ce fut le cas, la réaction me semble réellement très
excessive !!
C’était, dit-on, un homme honorable !
Le
14 août 1767
« Le 9 M. Jacques Alexandre
Henri Dumoucel, Chevalier, Seigneur de Louraille, Seigneur & Patron,
haut-justicier de Quilly, Cintheaux, Cauvicourt & Bretteville-sur-Laize,
aussi Seigneur & Patron de Tonneville, Aurigny, Quevillon, la
Rivière-Bourdet & autres lieux, Conseiller du Roi en ses conseils,
Président à Mortier honoraire au Parlement de cette Province, est mort à la Terre
de la Rivière-Bourdet, âgé de 74 ans.
Né avec beaucoup d’esprit & de
jugement ; il remplit avec la plus grande distinction les devoirs de la
Magistrature ; il sçavoit (sic) allier & la fermeté nécessaire à son
état, & cette urbanité qui fait le bonheur des hommes en société ; il
sentit de bonne heure cette vérité que tout homme est né pour le travail, que
la vertu seule le rend estimable, & que la naissance & la fortune ne
servent qu’à contribuer plus facilement à la félicité publique. Après s’être acquitté
longtems (sic) envers le Roi, l’Etat et la Patrie de cette portion de travail
que chaque citoyen leur doivent (sic) , il céda une place autant pénible
qu’honorable à M. Dumoucel son fils, que le public voit aujourd’hui avec la
plus grande satisfaction occuper le Burreau (sic) de Tournelle. C’est dans la
retraite, éloigné du monde, que le Philosophe Chrétien se trouve rendu à
lui-même : M. de Louraille a passé les dernières années dans sa terre de
la Rivière-Bourdet, occupé à faire de bonnes œuvres & à se préparer à la
mort avec cette résignation & cette grandeur d’ame (sic) qui élevent (sic)
l’homme au-dessus de lui-même. »
Voici
quelques extraits de l’acte d’inhumation de cet homme très honorable si on en
croit l’article ci-dessus. Oui, simplement quelques extraits car l’écriture non
lisible et l’encre effacé n’ont pu me permettre une lecture nette et claire…..
L’inhumation
a eu lieu dans la paroisse de Quevillon, en Seine Inférieure.
« ….. inhumation
le 11 aout mille sept cens soixante et sept ……. De haut et puissant seigneur
messire jacques alexandre henry dumoucel chevalier seigneur ……. Decede du neuf
dernier dans sa soixante quatorzième année. »
Jacques
Alexandre Henry Dumoucel naquit le 21
octobre 1693 et fut baptisé à Rouen Paroisse St Lo, le lendemain.
« Le vingt deux
d’octobre mil sep cens quattre vingt traize a été baptise Jacques Alexandre
Henry né du jour d’hyer, fils de monsieur Jacques Dumoucel de Lourailles
conseiller du Roy en son parlement de Normandie et de noble Dame Marie anne
Sallot …… le parrain Messire Henry Bigot chevalier seigneur et Baron de
Monville…. La marraine noble dame Marguerite Moysant femme de Monsieur de St
Germain conseiller du Roy en son
parlement de Normandie. »
Il
avait, mais je n’ai pu découvrir la date exacte, épousé Marie-Madeleine-Cécile
Maignard de Bernières
Quelle en est l’origine étymologique ?
14
août 1767
« Dans le pays de Caux, à
demi-lieue de Fauville, est une paroisse limitrophe dont l’Eglise est dédiée à
Saint Pierre : on la distingue par le nom de Saint Pierre l’avis : on
prononce « la vice », & on écrit communément « la
vis » ; mais le nom propre est « l’avis », de concilio.
Cette épithéte (sic) a paru digne d’exciter la curiosité, mais on n’a pu en
deviner l’éthymologie (sic). On propose aux historiographes, l’explication dont
l’origine pourroit être intéressante. »
Pour
répondre à ce lecteur, j’ai fait quelques petites recherches.
« Lavis »
pourrait venir de l’ancien français « l’éavi », désignant un endroit
humide. Au XVe siècle, on écrivait
« l’Advis ». En 1738, on trouve l’orthographe « La Visse ».
Mais
rien de moins sûr, car certain affirme que ce village tiendrait son nom d’un
certain « Avi » dont je n’ai pas retrouvé la trace.
Alors
devant autant d’incertitude et si vous avez quelque information, merci de me
donner votre « avis » !
Une veuve centenaire
14
août 1767
« La nommée Marguerite Duval,
veuve de Jacques Losier, de la Paroisse de S Philbert-des-Champs, diocèse de
Lisieux, est morte les premiers jours de Juin dernier, âgée de 101 ans ;
elle n’avoit jamais été malade. »
C’est
dans le registre de Saint Philbert des Champ dans le département du Calvados
que j’ai découvert l’acte d’inhumation de cette femme.
« Le dimanche 28
du mois de juin de l’annee mil sept cent soixante et sept acte par moy
soussigné cure de ce lieu inhumé en presence des soussignes le corps de
marguerite Duval veuve de jacques Lozier
munie du sacrement d’Extrême onction âgée de cent ans en presence de
jacques losier. »
Rien
d’autre malgré mes recherches.
Jacques
Lozier, présent, était-il son fils ou son petit-fils ? Aucune information
pour le préciser.
Déposez les armes !
18
septembre 1767
« Cour de Parlement. Du 4
septembre 1767. Arrêt qui fait défendre à toutes personnes sans qualité, de
porter aucunes armes blanches (sic) ou à feu, sous peine de 500 liv. d’amende
& trois mois de prison pour la première fois, & de galères ou plus grande
peine pour la seconde ; fait pareillement défenses, sous les mêmes peines,
à toutes personnes de porter, soit à la ville ou aux champs, cannes plombées ou
ferrées & garnies de pointes & dagues de fer ; & enjoint de
porter et déposer aux Hôtels-de-Ville, dans les villes & faux-bourgs, &
aux Syndics des paroisses, dans les campagnes, les fusils & autres armes à
feu, dans quinzaine du jour de la publication du present (sic) Arrêt, &c. »
Une
sage initiative, mais a-t-elle été suivie par tous ? On peut en douter.
En
ce qui concerne la campagne, comment faisait-on pour chasser sans fusil ?
Il
y a bien cette petite phrase qui dit :
« Un
chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien. »
Mais
sans fusil ?
Noble Dame …..
25
septembre 1767
« Noble Dame Marie-Geneviève
Lambert de Formentin, Dame & Patronne d’Anouville & du fief de
Cretot-Boismillon, veuve de Messire Marc-Antoine de Languedor de
Bois-le-Vicomte, Chevalier, Baron de Bec-thomas, Seigneur & Patron
d’Anouville, & autres lieux, Conseiller au parlement de Normandie, &
mere (sic) de M. le Président de Becthomas, est morte le 15 de Septembre en
cette ville où elle étoit né le 25 juillet 1687.
La mort la plus Chrétienne & la
plus édifiante a terminé la vie si remplie de bonnes œuvres de cette
respectable Dame, universellement regrettée. »
Cette
Noble dame est née le 25 juillet 1687 à Rouen et a été baptisée le même jour
dans la Paroisse de Saint Patrice.
« Le vendredi vingt
cinquième de juillet mil six cent quatre vingt sept a été baptisée la fille du
noble Robert Lambert seigneur de formentin epoux de dame genevieve Cassel son
epouse née d’aujourd’huy laquelle a été nommée marie genevieve par françois Le
Cointo et marie Colilo ses parrain et marraine….. »
Les
parrain et marraine ne savaient pas écrire, ils ont juste apposé leur marque au
bas de l’acte.
Elle
épousa le 17 février 1711 à Rouen Paroisse Saint Godard, Marc Antoine de
Languedor :
« Le mardi 17
février 1711 a été marié de la licence par Mr du Berroy licencié és loix curé
de cette paroisse par Messire nicolas papavoine escuyer seigneur de
canappeville archidiacre chanoine de la cathedrale et primatiale de Roüen
conseiller au parlement, Messire marc antoine
de Languedor chevalier seigneur de Bois le viconte seigneur et patron
Danouville fils de feu messire marc antoine de Languedor de Bois le viconte
chevalier seigneur des dits lieux et de dame anne de Guerchain de la paroisse
de St Lo agé de 29 ans avec demoiselle marie genevieve Lambert de formentin
fille de feu messire Robert Lambert chevalier seigneur et patron de formentin,
du mesnil simon, de la varenne et d’heudreville et de dame genevieve Cassel de
cette paroisse agée de 23 ans après la publication d’un ban …….. »
Le sieur Marc Antoine avait vu le jour à Rouen
et fut baptisé le 11 octobre 1681 en la Paroisse de Sainte Croix Saint Ouen.
« Octobre 1681
Le 11e jour
baptisé marc anthoine fils de monsieur marc anthoine de languedor escuier
seigneur et patron d’Annouville …… et de dame …. Son parrain messire… »
L’acte
écrit à la plume d’oie sur un registre haut et étroit est, du moins pour moi,
très difficile, voire impossible à lire…..
Marie-Geneviève
Lambert de Formentin est donc décédée le
15 septembre 1767 :
Elle
fut veuve un grand nombre d’années, puisque son époux décéda le 23 octobre 1729
à Annouville :
« Messire marc
anthoine de Languedor chevalier conseiller au parlement de Normandie Baron de
Bec Thomas seigneur et patron de la harangere St Pierre aussy seigneur et
patron de cette paroisse mourut à Rouen le 23e d’octobre et le 24e
du meme mois son corps aporte en cette eglise fut inhumé dans le cœur en la
presence de Monsieur Labbé de la Vallee cure de Vilmesnil, du sieur Doyen des
Loges et d’un grand nombre de curez autres Eclesiastiques et gentilshommes des
environs ».
Nous
savons que cette dame est décédée le 15 septembre 1767, mais je n’ai pu
découvrir l’acte d’inhumation ….. J’aurais pu, il est vrai, mais devant le
nombre considérable de paroisses dans Rouen, je n’ai pas eu le courage de
m’atteler à cette tâche.
Si
le courage vous en prend, on ne sait jamais,
et que vous trouviez, pensez à m’en informer. Ce blog est un parfait
intermédiaire !
Les fourmis, un réel fléau !
2
octobre 1767
« Des Fourmis passent d’un
jardin à travers deux murailles, dont une en pierre de taille fort épaisse,
& un lambris, dans plusieurs apartemens (sic) au rez-de-chaussée, d’où ils
pénétrent (sic), où ne sçait par où (sic), au premier étage où ils (sic)
incommodent beaucoup. On prie ceux qui sçavent (sic) la manière de détruire ces
insectes, de la communiquer par le moyen de nos feuilles. »
Une
réponse ne tarda pas, et elle fut incérée dans les feuilles du journal du 20
novembre 1767
« Les fourmils (sic)
s’insinuent aisément dans les endroits où elle (sic) sont attirées, & elles
peuvent l’être dans un lieu où l’on conserve quelque sucrerie ou autres
douceurs dont elles sont naturellement friandes.
Tous les jours on recevoit de
fréquentes visites de ce petit peuple dans un apartement (sic) au troisième
étage, donnant sur une cour spacieuse ; je m’aperçus que leur course se
bornoit à un buffet dans ledit apartement (sic) alors j’éclairai leur démarche,
& je vis qu’elles en vouloient au sucre, que l’on conservoit dans ledit
buffet, dont elles emportoient chacune une petite partie proportionnée à leur
force, passant du buffet à l’apartement (sic) de là à un cabinet à côté, puis
sortant par la fenêtre, presque toujours ouverte, descendoient le long des
murailles jusqu’à la cour ; alors j’en cherchai la défaite, & conjurai
leur perte : pour cet effet j’y substituai au lieu du sucre un vase plat,
rempli de miel, laissant cependant une petite intervalle (sic) entre le miel
& le bord dudit vaisseau, afin de laisser aux fourmis la liberté d’y
arriver en toute sûreté ; les fourmis en effet vinrent au miel comme au
sucre, & ce semble avec plus d’empressement, l’odeur s’en faisant mieux
sentir ; mais pour leur perte elles s’y trouvoient arrêtées & obligées
d’y laisser la vie, de forte que par ce moyen je me trouvai délivré en peu de
tems (sic) ; ainsi pour se défaire de celles dont il est question, il faut
réitérer pour quelque tems (sic) les douceurs qui peuvent les attirer, & si
l’on connoit leur demeure, y mettre du miel, ainsi que j’ai dit, où dans le-dit
apartement (sic). »
A vendre !
9
octobre 1767
« A vendre à la Chartreuse de
S. Julien, quatre autels, le maître autel à la Romaine, cinq devant d’autel,
dont deux en drap d’or, & plusieurs autres de différens (sic) desseins
(sic) & couleurs ; une niche à fond de damas, brodée & relevée en
bosses d’or ; une horloge, 3 stalles, & un lambris d’Eglise.
S’adresser audit lieu. »
Sur
« Youtube » vous pouvez avoir un aperçu de cette Chartreuse en
tapant : « Chartreuse Saint Julien Petit Quevilly »
Visite
brève mais édifiante sur la grandeur de cette chartreuse.
Vaincre l’adversité
9
octobre 1767
« Si de nos jours on a trouvé
surprenant que des muets ayent (sic) parlé, que des boiteux, ayent (sic) marché
droit, ce qui suit ne le paroîtra (sic) pas moins.
Le 25 de mois dernier, le sieur
Cromer, fils du directeur des Postes de Saverne, à qui la petite vérole
éteignit la vue en entier, à l’âge de 2 ans, & qui en a 22, soutint dans la
salle de l’Université de Strasbourg, en presence (sic) de toutes les personnes
les plus distinguées de la Ville, des thèses de licences, sur le droit public, civil,
féodal & canon, & reçut de l’illustre assemblée les plus grands éloges.
Il va se faire recevoir Avocat au Conseil Souverain d’Alsace. Les sciences
n’ont point empêché qu’il n’ait cultivé d’autres talens (sic) ; il touche
le clavessin (sic) & les orgues parfaitement, son génie, sa mémoire, son
jugement, ses meurs (sic),, sa piété, tous les dons, en un mot sont réunis en
lui : tel est le jugement qu’en porte un témoin oculaire, bien capable de
les apprécier (sic). »
Etre
aveugle n’implique pas « être idiot » !
Par
contre quel courage pour ce jeune homme d’avoir entrepris toutes ces
études !
« Cromer »
est un nom de famille très courant à Saverne…. N’ayant pas plus de précision
sur le prénom de ce jeune homme je ne peux pas vous en dire d’avantage.
Une histoire à « mourir » debout
9
octobre 1767
« On mande de la même Ville,
qu’un Somnambule y a fini bien malheureusement sa vie. C’étoit (sic) un jeune
homme, Soldat au régiment de Royal Artillerie, beau de taille & de figure
qui s’étant levé vers minuit, s’avança en chemise derrière les casernes des
Cannoniers, en sifflant, quoiqu’endormi : la sentinelle du régiment de
deux Ponts le voyant venir le prit pour un spectre, & lui cria par trois
qui va là, à quoi celui-ci n’ayant point
répondu, le Soldat le tira, & lui brûla la cervelle. Ce (sic) sentinelle fut aussi-tôt (sic) relevé, le
lendemain on lui délivra son congé, & on le conduisit hors la ville, pour
le soustraire au ressentiment des canonniers. »
Les
actes de Saverne sont écrits en latin. N’en ayant gardé, de ma scolarité, que
quelques notions fort piteuses d’ailleurs, je n’ai pas été en mesure de trouver
l’acte d’inhumation de ce pauvre homme dont l’article ne mentionne pas le nom.
Mais
j’imagine très bien cette histoire. Est-ce que vous m’autorisez à vous
entrainer dans mon délire ?
Oui ?
Alors,
allons-y !
La
nuit était bien noire, et frisquette avec ça ! Pas un temps à mettre une
sentinelle dehors ! Et pourtant, il éta it
là, lui, armé d’un fusil, faisant le guet.
Pour
se tenir éveillé ou peut-être aussi pour se réchauffer, l’homme tapait des
pieds.
Comme le temps lui semblait long !
Et
puis ce petit vent qui lui passait dans le cou, lui occasionnant des frissons
tout le long du dos ! Un bon verre de vin chaud n’aurait pas été de refus,
pardi ! Mais le service était le service et le mot d’ordre en était
« vigilance ».
A
force de scruter l’obscurité, cette pauvre sentinelle semblait apercevoir des
ombres mouvantes tout autour de lui. Cette situation le mettait dans un état
d’extrême nervosité.
Il
n’aurait pas fallu qu’un intrus se glissât dans l’enceinte de la caserne par sa
faute ! Il imaginait facilement les représailles. Aussi, afin d’éviter de
se retrouver « au trou » pendant plusieurs jours, il lui fallait
accroitre sa surveillance.
Un
brouillard s’était levé en nappes légères, édredons moelleux entre ciel et
terre.
La
sentinelle bailla, rêvant un instant, avec désir, au grabat lui servant de
couche, mais il se ressaisit rapidement, d’autant plus que …….
N’avait-il
pas perçu un craquement, des bruits de pas ?
« Qui
va là ? hurla-t-il, plus pour se rassurer que pour intimider.
Aucune
réponse ne fit écho à sa question.
L’homme
statufié, retenait son souffle.
Il
lança, toutefois, plusieurs autres « Qui va là ? » d’une voix
plus ferme.
Tous
les sens en éveil, les yeux écarquillés, le cœur battant la chamade, il scrutait
avec une attention accrue l’obscurité nimbée d’un brouillard qui s’épaississait
et dans lequel une forme semblait se mouvoir.
« Qui
va là ? Le mot de
passe ? »
Pas
plus de réponse, seulement cette masse blanche
dans l’opacité du brouillard se rapprochant lentement.
« Sacredieu ! » murmura la sentinelle devant cette apparition.
Il
recula d’un pas, interdit.
« Saint-Vierge !
C’est point possible ça ! »
Devant
ses yeux exorbités, la forme blanche poursuivait
sa progression, en lévitation à quelques centimètres du sol.
Pris
de panique l’homme de garde poussa un
cri de terreur, épaula et tira. Le coup de feu, dans le calme nocturne, se
répercuta en écho, réveillant toute la caserne.
-=-=-=-=-=-
Dans
la salle de garde, assis près de la cheminée, le pauvre homme sous le choc
était atterré.
Il
répétait comme une litanie :
« j’
pouvions pas savoir, moi ! J’pouvions pas savoir ! »
Dans
le couloir, derrière la porte il entendait parler, crier même. Tous ses
camarades l’instant d’avant étaient devenus ses ennemis, ceux qui lui en
voulaient de ce qui s’était passé quelques instants auparavant.
D’ailleurs,
est-ce que ça s’était produit tout cela. Il avait rêvé, c’était sûr et il
allait se réveiller. Encore un petit moment et ses yeux s’ouvriraient,
éloignant le cauchemar dans lequel il était empêtré.
Devant
lui son supérieur tournait en rond, droit dans ses bottes, les mains derrière
le dos. Dans le couloir, toujours les cris de haines.
A
la question que son supérieur lui avait posée : « Alors, quels sont
les faits ? », il n’avait su que bredouiller ne sachant que répondre.
Il
avait tiré, oui, et après revenu de sa torpeur, il avait vu sur le sol un corps
blanc éclaboussé de taches rouges, rouge
sang ! Du sang !
Du
sang, il y en avait sur le sol aussi, une grande flaque qui s’étalait doucement
avant de coaguler.
« J’croyions
c’était un spectre…. j’avions eu peur….
Alors ….
-
Un spectre ! quelle
invention ! Avoir peur d’un spectre ! Et puis, il est du devoir d’un
soldat de ne pas avoir peur ! Et surtout, de ne pas tirer n’importe où et
sur n’importe qui. Sauf sur l’ennemi !
« Comment
voit-on que c’est un ennemi dans une nuit de brouillard ? pensa la pauvre
sentinelle.
Il
ajouta alors : « Il n’a pas répondu…. Si il avait répondu, j’aurions
point tiré !
-
Vous saviez que ce soldat était
somnambule ? Oui ou non ? hurla le supérieur.
-
Oui, répondit le soldat.
-
Alors ?
-
Alors, j’savions pas que c’était lu à
c’t instant !
-
Vous auriez dû !
Que
pouvait-on ajouter ? Ce n’était pas un meurtre délibéré, c’était un simple
accident, un regrettable accident.
Le
supérieur s’en rendit bien compte, mais que pouvait-on faire, il y avait tout
de même mort d’homme.
Alors,
afin d’éviter toute révolte, afin d’éviter que ce « meurtrier
repentant » ne soit la cible rancunière de ces camarades, il fut décidé de
lui accorder un congé loin, bien loin du lieu de l’évènement.
Tous
regrettèrent le défunt. Un brave garçon avenant, toujours prêt à rendre
service. Un bon camarade ! De plus par son physique agréable il plaisait
aux demoiselles. Beaucoup d’entre elles essuyèrent une larme, étouffèrent
quelques sanglots en apprenant la nouvelle.
Un
beau jeune homme qui avait cependant un « petit travers » qui lui fut
fatal.
Il
était somnambule !
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