A vendre
6
mai 1768
« Une grande Maison, rue de la
Cigogne. S’adresser à M. Decaen, Notaire. »
La
rue de la cigogne existe toujours. Elle se situe dans le bas de la rue
Lecanuet, près de la place de la République et donne dans la rue de la Seille.
Pourquoi rue de la cigogne en Normandie ?
Je
n’ai rien trouvé pouvant expliquer ce nom. Je peux simplement vous apprendre
qu’elle fut appelée, rue des carneaux, en raison de créneaux qui se trouvaient
au-dessus de la rue de la Seille, puis rue des trois morts ou mors, avant de
prendre le nom de rue de la cigogne.
« Une belle Maison à usage de
Négociant, rue de la Grosse Horloge, vis-à-vis saint Herbland ; »
Saint -
Herbland se trouvait à l’angle de la rue des Carmes et du Gros - Horloge
Aucune date
précise concernant la date de l’édification de cette église. j’ai découvert simplement
qu’un Messire Radulfe y fut curé en 1150 et qu’un nommé Jehan, chanoine et curé,
y mourut le 20 novembre 1200.
L’église en
très mauvais état fut entièrement rebâtie en 1483. En 1641, les reliques de
Saint Herbland ainsi que celles de Saint-Blaise y furent déposées en grande
pompe.
Le sieur François
Moulin acheta le bâtiment après la Révolution et le transforma en remise pour
ses diligences qui, à son tour, démolie en 1824, laissa place à une galerie
marchande.
« Un Serin de neuf mois, qui
siffle très-bien (sic) il est extrêmement privé, & se plait sur tout (sic)
avec les dames. S’adresser au bureau d’avis.»
Très
curieux comme annonce, non ?
Qu’attendait
l’auteur de l’article par « extrêmement privé » ?
Comment
pouvait-on savoir qu’il se plaisait plus avec les femmes ? Est-ce parce qu’il sifflait plus en leur
présence ? Si c’était le cas, je dirai plutôt qu’il était bien mal élevé.
Siffler les dames, cela ne se fait pas !
Anomalies de la nature
6
mai 1768
« On mande de Joinville les
détails suivans (sic), qui ont été constatés par un procès-verbal en regle
(sic). Une chevre (sic) apartenant (sic) à Maurice Feron, vigneron de Mussey,
en Champagne, a mis au monde un animal d’une conformation extraordinaire, âgé
déja (sic) de quinze jours. Au lieu d’avoir de petites oreilles pointues, des
pattes minces & courbées, & une tête courte, ce qui distingue les
chevreaux, l’animal dont il s’agit a des oreilles pendantes & longues
d’environ six pouces, la tête ressemblante à celle d’un chien courant, les deux
pattes de devant plates & assez grosses, & une queue longue de quatre
pouces comme celle d’un chien ; mais son corps est très-bien (sic)
conformé & sa croupe, ainsi que les pattes de derrière ressemblent assez à
celles d’un chevreau. Sa tête est noire, & une raie de même couleur s’étend
tout le long de son dos : ses pattes & le reste de son corps sont de
couleur gris de perle ; son cri ressemble tantôt à celui d’un chevreau
& tantôt à celui d’un petit chien. La chevre (sic) qui l’a produit a refusé
long-tems (sic) de l’allaiter, & paroissoit redouter sa vue ; mais
enfin elle s’y est accoutumée & continue à le nourrir. Dans le mois de
Janvier dernier, une brebis apartenante (sic) à Henry Taboureux, Vigneron du
même endroit, avoit produit un agneau mâle, de grosseur ordinaire, qui avoit
huit pattes, deux têtes, trois oreilles, deux queues & un seul corps. »
Enfant,
je trouvais fascinants, ces animaux nés avec des malformations conservés dans
des bocaux emplis de formole et que je
découvrais dans les musées de Sciences Naturelles.
Qui aura la palme de la longévité ?
6
mai 1768
« Il y a dans la ville de
Massiac, Diocèse de S. Flour en Auvergne, un homme nommé Jean Amouroux, né le
14 Mai 1654, & qui aura par conséquent le 14 mai prochain 114 ans
accomplis. Il a servi sous le fameux Turenne, & depuis il a toujours
cultivé la terre. Il ne se nourrit que de soupe & d’un peu de vin, mais
prend beaucoup de tabac, & jouit de la meilleure santé. »
« On aprend (sic) d’Aarhuus en
Jutland, que le nommé Drachemberg, fort connu dans son grand âge sons (sic) le
nom du vieux homme du Nord, a célébré le 6 Novemb. 1767, jour auquel il
accomplissoit la cent quarante-deuxième année de son âge, l’anniversaire de sa
naissance avec beaucoup de gaieté. Il s’étoit rendu ce jour-là à pied de la
Baronnie de Marsoliesbourg, au Château de Rosenholm, sans se trouver fatigué,
quoiqu’il eût fait environ 4 lieues. A sa vue près, qui est un peu affoiblie
(sic), il jouit d’une santé parfaite. »
« Centenaires morts depuis 6
mois.
Le 6 Déc. 1767,
S. Alby, Diocèse de Lavaur, le nommé Salvetat, Artisan, âgé de 103 ans.
Le 4 Janvier 1768, à Castres, le
nommé Comtois, Cordonnier, âgé de 101 an (sic).
Le 5 du même mois, au Coulet,
Diocèse de Lodéve, le nommé Durand, habitant du lieu, âgé de 102 ans.
Le 28 du même mois, dans la
paroisse de la Chaume de la ville des Sables d’Olonne, Marguerite Gaultier,
veuve d’un matelot, dans la 107e année de son âge.
Dans le même mois, à Pistoye, une
pauvre femme renversée par un cheval & morte de sa chûte (sic), âgée de 112
ans 7 mois.
Dans le même mois, à Ludde en
Smolande, Benoît Jeanson, dans la 100e année de son âge.
Le 3 Février 1768, dans la paroisse
de Rety en Boulonnois, Marie-Cécile Gausesse, veuve de Louis Colbrant, âgée de
105 ans accomplis.
Même mois, à Morlaix en Bretagne,
Marie Noroy, dans la 102e année de son âge ; & à l’Orient
(sic), Guillaume Lamande ou Lamende âgée de 105 ans
Même mois, à Vilandraut, marie
Passarieu veuve du sieur Lamarque, Chirurgien de Bordeaux, âgée de 109 ans
trois mois & quelques jours.
Le 18 Mars 1768, à Leyde en
Hollande, la nommée Debora Verdistad, dans la 103e année de son âge. »
Voilà
qui va à l’encontre d’une idée reçue prétendant que dans les siècles précédents
le XXème siècle, on ne vivait pas vieux……
Si
l’espérance de vie était très faible, en ces époques, ce n’était qu’en raison de la prise en compte de la mortalité
infantile, considérable.
J’ai
essayé de découvrir, pour vous, qui était tous ces centenaires.
Jean Amouroux :
Né le 14 mai 1654, toujours bon pied bon
œil, à Massiac, en 1768.
Les actes de baptême de Massiac pour l’année
1654 sont manquants. Aloirs !?
Salvetat
et Comtois :
Les actes ne sont pas accessibles avant
1786.
Durand :
Aucun acte de sépulture trouvé.
Marguerite
Gaultier :
Rien non plus
Quant
à la pauvre femme de Pitoye, en l’absence de nom et lieu, la recherche fut
impossible.
Marie-Cécile
Gaussesse veuve de Louis Colbrant – il s’agit, en fait, de Marie Cécile Gofesse
– paroisse de Rety dans le Pas-de-Calais :
L’an mil sept cens soixante huit et
le quatre février le corps de marie cecille Gofesse veuve de Louis Colbrant de
cette paroisse decedé d’hyer sur les dix heures du soir agé d’environ cent cinq
ans a été inhumé dans le cimetiere de cette paroisse avec les ceremonies
accoutumés de leglise en présence de Nicolas Gontier laboureur, Gabriel tittier
maitre d’ecole tous deux de cette paroisse qui ont signé avec nous. Guillam
curé
Marie
Cécile était veuve depuis avril 1712. Ci-dessous, l’acte d’inhumation de son
époux.
Rety
– Pas-de-Calais
Le deuxieme d’avril a été enterré
Louis Colbran dit cavalier muni des sacremens de la Ste Eglise il est mort la
veille agé d’environ quarante ans.
Marie
Noroy – Morlaix paroisse Saint Mélaire :
Marie Noroy en son vivant épouse de
Julien David agée de cent ans morte munie de tous les sacrements le onze
février mil sept cent soixante huit fut le jour suivant inhumée dans le
cimetière de cette église Paroissiale en présence des sousignants
Signatures
de : Matturin Brochar – Nicola Lalemir
- M. Bauny – A Noroy – E Noroy – JL Le Bellen …. (impossible de lire le
nom en entier).
Guillaume
Lamande – Paroisse de Lorient :
Le vingt quatre de février 1768 a
été inhumé de cette paroisse le corps de Guillaume Lamande agé d’environ cent
cinq ans mort d’hier ont assisté à l’enterrement Allain Rome, félix dufraine,
françois le maitre, louis Donias qui ont déclaré ne savoir signer
Marie
Passarieu veuve du sieur Lamarque :
Aucun
acte trouvé.
Offres d’emplois
Le
13 mai 1768
« Un Feudiste à la tête de
plusieurs entreprises au pays de Caux, pays de Bray & Basse-Normandie,
demande un jeune homme de 16 à 20 ans, qui ait une idée des plans géométriques,
une bonne main, & sçache (sic) bien lire les anciens titres ; il sera
nourri, & aura des apointemens (sic) proportionnés à ses talens (sic) :
on exige qu’il soit sage & sçache (sic) copier correctement. S’adresser au
bureau d’avis. »
Sous
l'Ancien Régime, les feudistes étaient des juristes
spécialisés dans le droit féodal
et les droits seigneuriaux. Recrutés par les
seigneurs, ils étaient chargés de la réfection des livres terriers
lors des périodes de réaction seigneuriale et nobiliaire.
20
mai 1768
« On a besoin à Brest de 80
maçons, pour travailler aux bâtimens (sic) que le roi fait construire dans
ladite ville. Les ouvriers qui seront disposés à y aller, pourront s’adresser à
l’Intendance à Rouen, où on leur procurera les moyens de faire le voyage, soit
par terre, soit par mer : on leur promet qu’ils seront satisfaits du
traitement qui leur sera fait à Brest. »
Rupture de stocks
20
mai 1768
« L’huile d’Ours, si utile
pour faire pousser & entretenir les cheveux, ayant manqué au sieur Gallier,
Mercier, rue S. Lo, & nombre de personnes en ayant retenu, il leur donne
avis qu’il en a reçu, & qu’elles peuvent en envoyer prendre. Il donnera en
même-tems (sic) un imprimé contenant la manière de s’en servir. »
La
publicité fut très bien faite, puisque le sieur Gallier fut, très rapidement,
en rupture de stock.
Nous
pouvons donc en déduire que beaucoup de personnes, en ce milieu de XVIIIème
siècle, souhaitaient voir leur tête
dégarnie reprendre de la pilosité.
Haute et puissante dame
10
juin 1768
« Haute & Puissante Dame
Marie-Marthe le Marchand de Bardouville, Dame du Heron, de Villers le
Chambellan, Ecalles & Barentin, veuve de Haut & Puissant Seigneur
Messire Anne-Robert-Claude le Roux, Baron d’Esneval, Chevalier, Vidame de
Normandie, Marquis de Grémonville, Conseiller du Roi en ses Conseils, President
(sic) à Mortier, honoraire, du Parlement de Rouen, est décédée Mardi 7 de ce
mois, âgée de 72 ans. »
Cette
haute et puissante dame est décédée, en fait, le lundi 6 juin, en son domicile
de la paroisse Saint Amand de Rouen.
Aujourd’hui, jeudi neuf
de juin mil sept cents soixante huit le corps de haute et puissante Dame Marie
Marthe le Marchand de Bardouville dame du Heron, de Villers, le Chambellan,
Ecalles et Barentin, veuve de haut et puissant seigneur messire anne Robert
Claude le Roux Baron d’Esneval chevalier Vidame de Normandie, marquis de
Gremonville, chatelain de pavilly, Conseiller du Roy en ses conseils président
à Mortier honoraire du parlement de Rouen, decedee le lundi precedent six du
present mois agee de 72 ans munie des Saints Sacrements de l’Eglise a été
transportée de son hotel sus a Rouen paroisse St Amand a celle de sa terre de
Pavilly pour y être inhumée dans le caveau destine pour sa sépulture…….
Etaient
présents :
Le
fils de la défunte : Pierre Robert Le Roux
Son
petit-fils : Robert marie Le Roux
Son
gendre : Armand Michel de Pommerau
Marie
Marthe Le marchand était née en 1696 du mariage de Pierre Le Marchand de
Bardouville et Marie Marthe de Caradas, comme noté sur son acte de mariage, en
date du 22 juillet 1715.
Rouen Paroisse Saint-Lô
– le lundi 22e juillet 1715
Messire anne Robert
Claude le Roux agé de 25 ans ou environ vidame de Normandie Baron d’Esneval,
d’Acquigny président au mortier au parlement de Rouen fils de feu messire
Robert le Roux Vidame d’Esneval ambassadeur representant le Roy rn Portugal et
en Pologne et noble Dame Marie Madeleine de Canouville ses père et mere de la
paroisse de St Anmand, d’une part
Et demoiselle Marie
Marthe Le marchand agee de 17 ans ou environ fille de Messire Pierre Le
Marchand de Bardouville seigneur de Villers conseiller en la Grande chambre du
parlement de Rouen et de Noble dame Marie Marthe de Caradas dame du Heron ses
père et mere d’autre part …….
J’ai
appris que Anne Claude Robert Le Roux d’Esneval était né, le 21 mars 1686 à
Rouen, et était décédé, le 20 novembre
1766.
Eclairage public
24
juin 1768
« On fait depuis plusieurs
jours dans les principales rues de cette ville, l’essai de nouvelles Lanternes
carrées ou Réverberes (sic), qui renferment une grosse lampe, portant deux ou
trois méches (sic), suivant le nombre de rues que l’on veut éclairer ; on a
substitué par-là l’huile à la chandelle, & on peut dire qu’indépendamment
de l’économie, les rues seront infiniment mieux éclairées. »
Modernisation
de l’éclairage public, déjà dans un objectif
d’économies, avec plus d’efficacité et de sécurité. Rien n’a
changé !
19
août 1768
« L’Administration municipale
de la ville de Lyon ayant adopté les lampes à réverbere (sic) pour éclairer
cette grande ville, donne avis qu’elle vendra en totalité les anciennes
Lanternes. C’est une occasion favorable aux Provinces voisines de se donner
l’agrément d’être éclairées les nuits d’hyver (sic) sans faire une dépense bien
considérable. On pourra écrire à M. Grand, Voyer de la ville de Lyon, rue
Bât-d’argent. »
Lyon
aussi modernisa son éclairage public.
L’ancien
matériel ne fut pas jeté, mais proposé à moindre coût à une ville plus petite
et au budget réduit, afin qu’elle puisse s’équiper. Une démarche très citoyenne !!
Aujourd’hui,
certaines de nos villes, éclairées jour et nuit, se voient privées d’éclairage
quelques heures par nuit, par mesure d’économie……. Ne serait-il pas plus
judicieux d’éteindre certaines enseignes pendant la journée ?
J’ai du bon tabac…
24
juin 1768
« Le sieur Tartara, demeurant
rue sainte Croix, chez le sieur Largery, Grainetier, rape (sic) du tabac pour
le public & pour les revendeurs ; il va dans les maisons l’accommoder.
On le trouve aussi à l’abbaye S. Amand, où il est employé aux chaises. »
Ce
fut un certain André Thevet, un moine navigateur, qui rapporta des graines de
tabac de son voyage au Brésil et les fit pousser à partir de 1556 dans son
jardin d’Angoulême, d’où le premier nom français du tabac, l’angoulmoisine.
Au
Portugal, Nicot ambassadeur français, découvrit qu’on utilisait le tabac en
cataplasme, pour remédier aux troubles cutanés, et en prise, pour soigner les
infections du nez et des voies respiratoires. Il en fit envoyer des
échantillons à Paris, car il savait que Catherine de Médicis souffrait de
fortes migraines, que personne ne parvenait à apaiser. La reine prisa du tabac
et se trouva soulagée. L’exemple de Catherine ne tarda pas à faire école, ce
qui fit qu’on nomma ce tabac « herbe
à la Reine », « herbe
médicée » et «herba Catharina ».
On en prisait, on en fumait, on en buvait en
décoction, on en mâchait les feuilles et surtout les médecins en recommandaient
chaleureusement l’usage. Le tabac soignait le rhume, les maux de dents,
l’asthme, les ulcères, la dysménorrhée, la variole, le scorbut, … Depuis
longtemps déjà, les bureaux de tabac sont signalés par une " carotte
", souvenir du temps où les débitants recevaient leur marchandise pressée
sous forme de grands rouleaux coniques et en râpaient au client la quantité
désirée.
Employé
aux chaises ?
Dans
les églises, las paroissiens venant aux offices pouvaient louer leur chaise si
ils souhaitaient s’asseoir. Dans le cas contraire, ils restaient debout au fond
de l’église. Un employé aux chaises ou
loueur était employé par « la
fabrique », association de personnes gérant l’église afin de donner les sièges et
percevoir le coût des locations.
Disparition inquiétante
24
juin 1768
« Il est parti Vendredi 17 de
ce mois, de chez le sieur Friand, Serrurier à Rouen, rue S. Vincent, un jeune
homme d’environ 26 à 27 ans, qui a l’esprit égaré, & qui étoit en
pantoufles jaunes, des bas noirs sans jarretières, culotte & veste brune
avec des boutons de coco, sans col, un chapeau, des cheveux noirs & courts.
On prie ceux qui pourroient en avoir connoissance (sic), de le ramener chez
ledit sieur Friand, ou le faire avertir ; on donnera toute saisfaction
(sic). »
Avez-vous
rencontré ce jeune homme ? Si, oui, merci de prévenir le sieur Friand.
Merci d’avance !
Une affaire rondement menée
8
juillet 1768
« Le meurtrier qui assassina
le sieur Maillard, Archer de la Marine au Havre, le 2 Novembre dernier, vient
d’être condamné à la haute-justice du Maquisat de Graville à être roué vif,
& doit être conduit ici sous peu de jours, par appels (sic). »
Rien
sur le nom de l’assassin, mais il a été arrêté. Attendons maintenant la suite.
Un article nous en dira peut-être plus.
Est-il mort d’indigestion ?
22
juillet 1768
Il est mort depuis peu à Bagstott
en Angleterre le fameux personnage connu sous le nom du gras meunier, âgé de 80
ans ; il est à remarquer que ce vieillard dans les derniers 14 mois a
mangé à lui seul dix côtes de lard, pesant chacune 40 liv. ou environ.
Dix
côtes de lard à 40 livres, ce qui fait 20 kilos chacune.
Cela
donne 200 kilos de viandes.
14
mois, cela doit faire environ 400 jours et donc 800 repas.
En
clair 250 grammes de viandes par repas.
Un
bon appétit sans doute, mais il n’y a pas de quoi fanfaronner !!!
Bains curatifs
12
aout 1768
« Le sieur Plantigny vient de
faire préparer une chambre dans le bâtiment des bains publics qu’il a fait
construire, dans laquelle on prendra les bains épilatoires & de propreté,
& on y donnera les douches aux personnes incommodées de sciatique,
rhumatisme, douleurs de reins, gouttes et autres douleurs & maladies du
corps, à toutes les personnes de l’un ou l’autre sexe, avec toute la décence
possible.
La construction de cette chambre
consiste en un tonneau élevé de quatre pieds de haut, placé de bout (sic) sur
un traiteau (sic) de trois pieds & demi d’élévation ; le fonds de ce
tonneau est percé pour recevoir un tuyau de cuir qui traverse le
plat-fonds (sic) de l’étage inférieur,
& va rendre dans la chambre qui est bien close, & sera échauffée par un
poële (sic) cette chambre est en ciment, munie d’une baignoire de cuivre bien
étaimée (sic) où sera placé le malade qui y doit recevoir les douches : ce
tuyau à son extrêmité (sic) inférieure un ajustoir de cuivre de figure conique,
& dans l’orifice inférieur a environ quatre lignes de diamètre. Il résulte
de cet appareil, que l’eau qui tombe par cet ajustoir, agit avec une force
égale au poids d’une colonne d’eau d’environ
de 14 à 15 pieds de haut, & 4 lignes de diamètre à sa base.
Le garçon ou la fille, suivant les
différens sexe (sic), placé dans la chambre de la douche, prend d’une main
d’ajustoir du tuyau de chûte (sic) qu’il dirige, & tenant de l’autre le
membre auquel on veut faire recevoir la douche, il lui donne les différens mouvemens (sic) qu’on a jugé nécessaires.
Lorsque l’opération est finie, on essuye (sic) le malade avec des linges
chauds, & on le met dans un lit bien bassiné où il sue très-abondamment
(sic) ; quand la sueur est finie, on l’essuie de nouveau & on le
change de linge.
Toute la méchanique (sic) de cette
douche, ainsi que celle des bains, conduits & tuyaux de cuivre, tant de
l’eau froide que de l’eau chaude de la cuve à réverbére (sic) qui chauffe dans
son sein l’eau chaude et froide, l’un après l’autre, ont été inventés par M.
Quentin, Pompier, près S. Michel, à Rouen, qui a aussi fait la pompe qui va chercher
l’eau à la rivière à 26 pieds du bâtiment, pour avoir l’eau la plus pure. »
Lisez-bien
et dites-moi si cette thalassothérapie vous conviendrez.
L’eau
de la Seine était-elle si pure que cela ? J’en doute car, on y repêchait
toutes sortes de cadavres (animaux et humains) et un grand nombre de déchets y
était jeté.
Un métier bien dangereux
12
août 1768
« Le 18 Juin dernier, un Rémouleur
repassant des ustensiles de cuisine dans une maison bourgeoise, à
Ivry-sur-Seine, près de Paris, la meule sauta en l’air tout en feu &
partagée en mille éclats, avec un bruit semblable à celui d’une boëte (sic) à
laquelle on a mis le feu.. Un éclat de la pierre pesant trois livres passa
par-dessus un petit bâtiment élevé d’environ 40 pieds, & alla tomber à 18
toises au-delà du jardin, où il brisa par sa chûte (sic) une branche de
Tilleul ; un autre éclat, presque du même poids, glissa en tombant sur le
parasol d’une jeune personne qui regardoit l’opération du Rémouleur, mais sans
causer aucun accident ; beaucoup d’autres éclats plus petits furent
dispersés aux environs, & une partie de la meule se trouva réduite en
poudre sur le pavé de la Cour. La même chose étoit déjà arrivée au même
Rémouleur. C’est un phénomène à expliquer, & un sujet de méditation pour
les Physiciens. Journal de Verdun, Août 1768. »
Jusqu’au
milieu du XXème siècle, le rémouleur passait dans les rues, criant
« Ciseaux, couteaux, rasoirs ! »
Il
affûtait, sur sa meule, le fil des lames pour une meilleure efficacité et une
durée de vie plus longue du matériel.
Le
rémouleur dont il est question dans l’article n’eut vraiment pas de chance.
Deux fois de suite la même mésaventure !
Mais,
en fait, n’avait-il pas tout simplement un outillage en mauvais état ?
Aucun
« physicien » n’a voulu répondre par la voix du journal.
Incroyable !
19
août 1768
« Le 10 Juillet dernier on
essuya à Gray en Franche-Comté une grêle terrible & d’une grosseur
extraordinaire, qui y détruisit la récolte de 80 villages ; il tomba
entr’autres (sic) dans une ferme un morceau de glace de neuf pieds de long
& six de large ; sa surface étoit aussi unie qu’une glace, & ne
ressembloit en rien à un amas de grêle réunie : il pesoit au moins
dix-huit cens (sic) livres. L’histoire apren (sic) qu’en, 824 il tomba en
Bourgogne un amas de glace long de 16 pieds, large de 7, & de l’épaisseur
de deux : reste à expliquer comment de pareils glaçons se forment en l’air. »
J’ai essayé de trouver
d’autres articles parlant de cette pluie de grêle, mais rien.
J’ai voulu aussi voir si
il existait un texte relatant le phénomène de 824, survenu en Bourgogne, mais
c’est loin tout cela et je n’ai rien à vous soumettre. Dommage !!
Je suppose qu’il y a du
vrai en tout cela, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’un journaliste reste, de tout temps,
un journaliste avec une part d’exagération dans ses écrits permettant de mieux
vendre son article. Il faut bien vivre !!
Car, un
« grêlon » de « dix-huit cens livres », soit neuf cents
kilogrammes. Mazette !! Plus fort que la sardine bouchant le port de
Marseille !
Rouen, les pieds dans l’eau !
9
septembre 1768
« Nous essuyâmes ici le
premier de ce mois un orage très fort, mêlé de grêle ; en un moment les
rues se remplirent d’eau à un (sic) hauteur extraordinaire, & qui n’avoit
été vue depuis long-tems (sic). »
Ce
petit article, pour vous montrer que le temps de ce début de XXIème
siècle n’est pas plus détraqué qu’il ne l’a été dans les siècles précédents. Il
y a toujours eu, et malheureusement il y aura toujours, des catastrophes
météorologiques !
Un accident sur le lac
9
septembre 1768
« On mande de Lachen que la
barque qui va à Zurich ayant été submergée par un ouragan qui s’éleva sur le
lac, 25 personnes, la plûpart (sic) de ce bourg, eurent le malheur de périr.
Une femme, qui étoit dans le sixième mois de sa grossesse, ayant eu avis de cet
accident, ne douta pas que son mari, qu’elle attendoit à Zurich, ne fût du
nombre de ceux qui avoient perdu la vie ; & cette idée fit sur elle
une impression si forte, qu’elle accoucha sur le champ elle mit au monde six
enfans (sic) tous bien formés, lesquels furent baptisés le lendemain dans
l’Eglise paroissiale, & moururent quelques jours après. Aujourd’hui la mere
(sic) se porte aussi-bien (sic) que son état le permet : ses inquiétudes
ont été dissipées par la presence (sic)
de son mari qui s’étant arrêté à Zurich pour quelques affaires, revint
ici trois jours après l’accident dont on vient de parler. »
Le lac de Zurich est un lac suisse qui se trouve au sud-est de la ville de Zurich. Il est bordé par les cantons de Zurich, Saint-Gall et de Schwytz. Il a la forme d'une banane de 42 km de long.
Une barque en
faisait le tour, transportant des voyageurs, de ville en ville.
Pour cette femme,
quelle aventure !
L’annonce de l’accident,
une grossesse multiple non prévue (à cette époque pas d’échographie !) qui
prend fin par la naissance prématurée de six bébés…… nés et décédés à peu
d’intervalle…
Un peu de
bonheur, toutefois, le mari n’était pas dans la barque qui a chaviré. Et le voilà qui revient sain
et sauf !!
Une belle
histoire avec tous les ingrédients et rebondissements qui mériterait qu’on
s’attarde un peu…. Qui sait, un jour ?……
Un verre pour trinquer
9
septembre 1768
« Plusieurs personnes nous
ayant requis de les instruire de quelqu’un qui possédât le secret de la
véritable Eau Divine, nous les prévenons qu’ils aprendront (sic) au bureau des
annonces, le nom de quelqu’un qui en a fait cet été d’autant plus excellente, qu’il
n’y a employé ni sucre ni esprit de vin, mais seulement les simples ; on
sçait (sic) la bonté de cette eau pour les maux de tête, douleurs de nerfs,
apoplexie, douleurs de reins, rhumatismes, les plaies, brûlures, indigestions,
foiblesses d’estomach (sic), pour se garantir du mauvais air, & une
infinité d’autres maux. Le prix de la bouteille de demiard est de 3 liv. ; en prenant une plus
grande quantité on diminuera quelque chose. »
Plusieurs
recettes pour cette « eau divine » :
Celle
de M. Baumé :
Ingrédients :
Esprit de vin rectifié,
quatre pintes
Huile essentielle de
citron et de bergamotte, de chaque deux gros
Eau de fleur d’oranges,
huit onces
Mettez tous les
ingrédiens dans un bain-marie d’étain, et faites distiller à une chaleur
inférieure à celle de l’eau bouillante, pour en tirer tout le spiritueux.
D’autre part faites
dissoudre à froid quatre livre de sucre dans huit pintes d’eau, ajoutez-y
l’esprit de vin arromatique ci-dessus, mêlez le tout ensemble, conservez ce
mélange dans des bouteilles bien bouchées, et filtrez-le quelques temps après.
Esprit
de vin : alcool – spiritueux
Autre
composition :
On choisit trente
citrons d’Italie ou de Portugal dont les ecorces soient plus epaisses que
fines, d’une odeur penetrante.
On verse huit pintes
d’esprit de vin rectifié dans une terrine de grès ; on enleve par petites
lames fines l’ecorce jaune de ce fruit ; on prend ensuite ces parties
d’ecorces l’une après l’autre, on exprime sur l’esprit de vin, et on suit en
tous points les mêmes procedes que pour l’eau cordiale ; puis on fait
fondre, clarifier et cuire au fort boulet, dix neuf livres de sucre blanc.
On retire le vaisseau
du feu on y verse avec la même précaution, deux pintes d’eau de fleurs d’orange
double, bien limpide : on ajoute le suc de huit citrons et l’esprit
aromatique ; on verse la liqueur dans de grosses bouteilles de verre, et
on fait éclaircir.
M.
Dubuisson avait aussi sa propre composition, très proche des deux autres.
Informations
trouvées dans :
Encyclopédie méthodique
ou par ordre de matieres – arts et métiers mecaniques – par une société de gens
de lettres et savans et artistes – tome deuxieme.
La
composition dont il est question dans l’article ne comporte ni sucre, ni esprit
de vin. Il s’agit donc d’une autre recette.
Enfin une bonne nouvelle !
30
septembre 1768
« Il y a 8 jours qu’un enfant
jouant dans un bateau à Tourville, à l’isle (sic), vis-à-vis les Authieux,
tomba dans la rivière ; un gros chien barber ayant vu cette chûte (sic),
se jetta (sic) à l’eau & fut repêcher l’enfant qu’il vit passer sous le
bateau ; mais ne pouvant le ramener à bord, ils firent l’un et l’autre
tant de bruit, qu’on vint au secours & retira l’enfant qui tenoit le chien
par une pate (sic). »
Une
bien belle histoire que ce sauvetage qui gardera son secret sur l’identité de
l’enfant.
Une
heureuse fin pour clore mon article.
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