Le monde
change ! Tout va trop vite, il faut sans cesse anticiper les évènements.
Aussitôt
juin et les vacances d’été, qu’apparaissent dans les magasins les fournitures scolaires
pour la rentrée de septembre.
Dépêchez-vous,
car fin août, vous ne trouverez plus les articles imposés par les professeurs
et ceux réclamés, haut et fort, par vos progénitures.
Halloween,
ensuite, prend le relais.
Il en va
de même pour Noël …. Les magasins regorgent de jouets à partir de ….. Octobre ?
Et là encore soyez les premiers, car le stock ne sera pas réapprovisionné !
Et le
Père Noël, là-dedans ?
Il n’a
pas le droit à l’erreur ! Et si le cadeau ne plaît pas, vous le retrouvez « sur
le bon coin » le 26 décembre !!!
Noël !! Il faut être petit pour y trouver du
merveilleux !
Pour les adultes,
cela devient le casse-tête complet :
Le cadeau
fera-t-il plaisir ?
Quoi faire pour
le repas ?
Et tout cela
dans une course infernale contre le temps, bousculé au rayon des jouets comme à
celui du foie gras !
Et la crise d’urticaire,
que vous aurez, ne sera pas due aux excès alimentaires, mais à la somme que
vous devrez débourser à la caisse des magasins !
Noël, « paix
universelle » ! Où est-elle dans tout cela ?
Les petits ne se
posent pas de questions. Ils croient au Père Noël, tout simplement.
Les plus grands,
ceux qui ne croient plus, deviennent alors, très exigeants !
Noël n’est donc plus
qu’une fête commerciale ?
Pour la plupart
des gens, oui !
Mes Noëls, à
moi, étaient bien différents.
Dans les rues,
les illuminations n’apparaissaient que quinze jours avant la fête, tout comme
les vitrines décorées de guirlandes et exposant les jouets. Tout disparaissait,
au plus tard, au moment de l’Epiphanie. Trois semaines, quatre au plus, pour s’en
« mettre plein les yeux » !
Alors, on en
profitait pleinement.
Chaque année, mon
père m’emmenait à Paris. Nous y allions en train. Un petit bonheur en plus, car
exceptionnel, ce hot-dog mangé dans la gare. Puis, nous arpentions rues et
boulevards, nous arrêtant pour dévorer
des yeux ces merveilleuses vitrines animées d’automates, trains électriques, et
où scintillaient les guirlandes électriques entourant les jouets tant désirés.
Emerveillée, je
l’étais certes. Quant à mon père, il avait retrouvé son âme d’enfant.
Paris illuminé
dans les années cinquante, un souvenir indestructible !
Mes petites
jambes étaient bien fatiguées, mais pas question de me plaindre, il fallait
tout voir.
Le suspens des
cadeaux dans les petits chaussons durait jusqu’au 25 décembre au matin. J’avais
« fait ma lettre » notant mes souhaits, mais le Père Noël n’apporterait
pas tout.
La messe de
minuit faisait partie de « la fête ». Nous nous rendions à l’église à
pied. Une grande crèche trônait devant l’autel.
Cette nuit là, les
enfants avaient le droit de se déplacer pendant l’office. Il y avait donc des
petits devant la crèche sans qu’aucun rappel à l’ordre ne leur parvienne. Cette
nuit n’était-elle pas celle des enfants ?
Et puis tous ces
chants entonnés en chœur. Certains chantaient faux, pas grave, l’essentiel étant de chanter avec les autres dans la joie
de cette cérémonie.
Et le père Noël
ne direz-vous ?
Tout un
cérémonial !
Devant la
cheminée, dans la salle à manger de mes grands-parents, nous mettions nos
chaussons et par terre, une soucoupe avec des biscuits pour que le Père Noël
reprenne des forces. N’avait-il pas un long chemin à parcourir toute la nuit ?
Un verre de lait aussi. Puis, un bol d’eau, pour les rennes assoiffés.
Le lendemain
tout avait disparu et un petit papier sur lequel des mots malhabiles avait été
écrits se trouvait sur la soucoupe : « Merci beaucoup », signé « le
Père Noël ».
Pourquoi le Père
Noël écrivait-il si mal ?
A ma question,
ma grand-mère avait rétorqué : « C’est parce qu’il est très vieux et
qu’il ne voit plus très bien ! »
C’était d’une
logique telle que je n’avais rien répondu.
Le père Noël !
Les enfants ne posent pas de questions et c’est tout naturellement qu’un jour, l’idée
qu’il n’existe pas devient évidente. Aucune trace de cicatrices d’amertume ne
subsistera, seulement encore ce goût du merveilleux avec le désir de le
transmettre aux générations suivantes et ainsi de suite…. .
Le merveilleux
existe toujours, c’est le contexte qui change avec la modernité de l’existence
des générations qui se succèdent.
Que sera Noël en
2050, en 3000…. ?
Je ne serai plus
là pour le voir, alors profitons pleinement du moment présent en prenant ce qui
nous convient et laissons le reste.
Le principal
étant que nous partagions cette fête avec ceux que l’on aime ou apprécie.
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