La
fratrie !
Il
y aurait beaucoup à dire…… On a d’ailleurs beaucoup dit et écrit concernant les
relations entre les frères et les sœurs.
Quand
on est fils unique, on rêve d’un « second soi » à qui se confier,
avec qui partager.
Ce
fut le cas de Maxime Leforestier, qui en a fait une très jolie chanson
« Toi, le frère que je n’ai jamais eu ».
Mais,
quand ont fait partie d’une nombreuse fratrie, on rêve d’être « enfant
unique ».
Il
faut avouer qu’être l’aîné n’est pas facile.
Objet
de toutes les attentions pendant un certain laps de temps, car seul, l’enfant doit
partager, ce qu’il croit acquis à lui seul, l’amour de ses parents et de toute
la famille, et partager ce qu’il possède.
Alors,
la jalousie guette…… et l’enfant
développe des animosités envers celui, celle ou ceux qui arrivent au foyer.
Mais
pour les suivants, cela n’est pas plus facile, chacun à son tour doit trouver
sa place, une place que certains ne trouveront jamais.
La
littérature est pleine d’exemples :
Prenons
ce « poil de carotte », dernier des trois enfants du couple Lepic.
Les vexations que lui impose sa mère
ayant mal vécu cette grossesse non désirée et marquant une préférence marquée
pour ses deux aînés, vont faire jaillir en ce jeune garçon des questionnements.
Il n’est pas l’enfant de ce couple, il a été adopté. La preuve ? N’est-il
pas le seul à être roux ?
On
assiste alors à des révoltes incessantes et des affrontements, de plus en plus
sévères, avec sa mère, face à un père inexistant.
Un
grand-père, attentif lui, expliquera ce que ses parents auraient dû lui dire.
Pas facile d’avoir un enfant non désiré… mais ce n’est pas pour cela qu’on ne
l’aime pas. Adopté, lui ? Quelle idée ! Sa chevelure rousse, il la
tenait de lui, le grand-père, dont les cheveux à présent étaient de neige.
Mais
ces non-dits ont provoqué une cassure et Poil-de-carotte demandera à partir en
pension, loin des siens.
Prenons
un autre exemple, sous la merveilleuse plume de « mon cher
Maupassant ».
Son
roman, « Pierre et Jean », montre bien tout ce que la jalousie peut engendrer.
Monsieur
et Madame Roland ont deux fils. Pierre, brun, ayant fait des études en médecine
et Jean, Blond, licencié en droit, souhaitant devenir avocat. Pierre est l’aîné, Jean est né cinq années
après. Tout semble séparer les deux frères trop différents l’un de l’autre.
Jean
a un riche parrain, M. Maréchal.
Monsieur
Roland lorsqu’il prit sa retraite, il était bijoutier à Paris, vint s’installer
avec sa famille au Havre. Les deux garçons, ayant fini leurs études, souhaitent
s’installer aussi dans cette ville, près de leurs parents.
Pierre
est jaloux de son frère. Cette jalousie va s’amplifier au moment où M. Maréchal
décède et lègue toute sa fortune à son filleul.
Dès
lors, dans la tête de Pierre, s’enclenche un processus infernal.
Si
cet homme a donné tout son argent à son frère, c’était qu’il était son fils. Sa
mère avait donc fauté….. Haine allant jusqu’à la persécution, car il harcèlera
sa mère de questions. Fouillant dans sa vie d’une manière machiavélique, il
découvrira cette vérité, ce secret bien gardé. Oui, sa mère avait eu une
liaison …….
Un
ingénieux travail d’écrire de Maupassant dans l’amplification de cette jalousie
tout au long des pages.
Tout
comme notre Poil de Carotte, Pierre coupera les liens familiaux, s’embarquant
comme médecin sur un transatlantique. Sa mère étant morte de chagrin.
Dans
« La Mandarine », Christine de Rivoyre, nous peint l’histoire
tranquille d’une famille. Dans un hôtel qu’ils gèrent ensemble, vivent Mémé Boul, la grand-mère, Séverine, petite-fille de Mémé
Boul et son mari Georges qui est
également son cousin, et deux autres de ses petits-enfants Laurent et Baba,
frère et sœur de Séverine.
Dans
ce roman, l’amour est très fusionnel entre les frère et sœurs.
Cet
amour sera à peine perturbé par la venue d’un jeune homme anglais, Toni, duc de
Barbillo, ami de leur frère. Pourtant, les deux sœurs en tombent éperdument
amoureuses. Séverine plus âgée se sent rajeunir et malgré son mariage cherche à
séduire. Finalement, le beau jeune homme demandera la main de Baba, ramenant à
la réalité Séverine qui acceptera ce choix. N’a-t-elle pas la chance, elle,
d’avoir un merveilleux mari qui n’a d’yeux que pour elle ?
Une
très belle histoire à lire et qui fut l’objet d’un film avec Annie Girardeau
dans le rôle de Séverine et Philippe Noiret dans celui de Georges.
Que
direz-vous des « Enfants terribles », le premier livre de Jean
Cocteau à avoir rencontré un succès public ? Pas tout à fait un roman, mais un
conte fantastique.
L’histoire
se passe à Paris.
Deux
enfants, frère et sœur, Paul et Elisabeth, auxquels s’ajoute Gérard un ami, livrés à
eux-mêmes, en vase clos dans la chambre de Paul qui blessé par une pierre dissimulée dans une boule-de-neige
est contraint à garder la chambre.
Retranché
ainsi du monde extérieur, ils vont se recréer un monde imaginaire. Devenant
ainsi héros de diverses légendes loin,
de la réalité des adultes. Ils y mettent tout ce qu’une légende demande,
trésor, bataille, amour et mort. Ce monde ne sera même pas troublé
par le décès de la mère de Paul et Elisabeth, souffrant de mélancolie depuis
bien longtemps.
Recueillis
par un oncle, ils seront encore plus livrés à eux-mêmes, ce qui renforcera l’amour
fusionnel qui les unit. Ils vivront alors libres niant totalement leur
environnement.
Les
années passent, les sentiments changent, mais le frère et la sœur resteront
toujours soudés…… jusqu’à la mort.
Il
y a aussi « l’échappée belle », d’Anna Gavalda.
Deux
frères et une sœur qui devenus adultes s’échappent tous trois alors qu’ils
assistent au mariage d’une cousine. Trop lourde pour eux, cette cérémonie, ils
souhaitent un moment rompre avec leur quotidien et leurs soucis ! Ils vont
décider de rejoindre le dernier de leur fratrie qui vit au fin fond de la campagne Tourangelle.
Un
temps, tous quatre vont retrouver le chemin de leur enfance.
Il
y a là, Simon, Garance la narratrice de ce roman, Lola et Vincent.
Bien sûr, il
y a des infinités plus ou moins marquées
entre eux selon leurs pôles d’attraction, mais la fratrie est solide.
Cette escapade
va-t-elle les aider à affronter avec plus de force leur vie ?
Assurément.
Le roman « La
petite Fadette » que George Sand a écrit en 1849, a toujours autant de
fraîcheur.
Il s’agit là de
l’histoire de la séparation de jumeaux âgés de quatorze ans, Landry et
Sylvinet.
Dans les
fratries de jumeaux, il y en a toujours un plus fort que l’autre. C’est la
trame et le drame de ce récit. Landry s’accoutume à sa nouvelle vie, sans son
frère, alors que Sylvinet voit son
chagrin augmenter de jour en jour jusqu’au moment où celui-ci disparaît.
Landry, inquiet, le recherche en vain.
Il demande de l’aide à une vieille femme, Fadet, que l’on dit un peu sorcière.
Une
belle page de littérature où l’amour de ces jumeaux se mêle aux superstitions.
Et
puis, « la Sœur de Gribouille » livre de la Comtesse de Ségur que
j’ai dévoré lorsque j’étais enfant.
Gribouille,
un peu nigaud, est à la charge de sa sœur Caroline depuis la mort de leurs
parents.
Elle
veille sur lui comme elle le ferait avec son petit, mais, lui aussi, la protège,
avec son franc parlé de « bouffon ». Il est « fada »,
certes, mais ses vérités font mouche !
Un
livre plein de fraîcheur, peut-être parce qu’il a bercé mes jeunes années.
Vous
trouverez aussi de charmantes nouvelles dans « 13 à table ! »,
un livre écrit par douze écrivains (dont Françoise Bourdin – Michel Bussi –
Douglas Kennedy….) qui ont planché sur le sujet de la fratrie et qui est édité par « Pocket » au
profit des « Restos du Cœur ». Je vous le recommande vivement, j’ai
passé un excellent moment en le lisant. Vous y trouverez tous les sentiments
ressentis par « ses frères et sœurs ». Même dans les pires cas, il y
a toujours un peu de tendresse dans le cœur de chacun d’eux.
-=-=-=-=-=-=-
En
conclusion de tout ce qui précède, je dirai que les jalousies n’apportent rien.
Le second et les suivants, n’ayant pas demandé à venir au monde, ne doivent pas subir de la part de leurs aînés, réflexions et vexations, voire haine.
Le second et les suivants, n’ayant pas demandé à venir au monde, ne doivent pas subir de la part de leurs aînés, réflexions et vexations, voire haine.
Il
est vrai que dans certaines familles, les préférences sont flagrantes pour un
enfant en particulier. Les autres en souffrent, c’est évident. Obtenir plus
d’amour de la part des parents est la première rivalité de la vie.
J’en
ai pour ma part souffert, ayant été pour mon frère aîné la pire des calamités
lorsque je suis arrivée au foyer parental. Cela faisait déjà longtemps qu’il
était seul et cela lui convenait parfaitement.
Pourtant,
il a été « mon grand frère » !! Et moi, je n’ai jamais été son
ennemie.
Parents
qui me lisaient, faites très attention, la moindre parole, le moindre geste qui
vous ferez à un de vos enfants, peuvent être pris pour une préférence, par un
autre.
Pas
facile la famille !
Complexe
et fragile, la fratrie !
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