Trotte-Menu
se prépara à partir, mais avant, elle alla embrasser son cher filleul, cause de
tous ces problèmes, mais qu’elle chérissait tant. Elle le trouva courant,
maladroit et pataud, après un papillon.
Puis,
bien déterminée à trouver rapidement une solution, elle partit d’un bon pas.
Il
lui fallut, dans un premier temps, découvrir où vivait Monsieur-Hibou-l’apothicaire.
Elle
rencontra une perdrix qui faute de pouvoir chanter, en raison de la nouvelle
loi, répétait à voix imperceptible les notes de la gamme :
Do,
ré, mi, pauvr’ perdrix
Mi,
fa, sol, sur le sol
Fa,
mi, ré, sans chanter
Mi,
ré, do, est dingo !
« Bonjour,
lança Trotte-Menu
Do,
ré, mi, p’tit’ souris
Mi,
fa, sol, toute seul’
Fa,
mi, ré, très pressée
Mi,
ré, do, …….
« Je
cherche Monsieur-Hibou-l’apothicaire, coupa Trotte-menu. Sais-tu où il
habite ?
Do,
ré, mi, dans son nid
Mi,
fa, sol, en faux-col
Fa,
mi, ré, en forêt
Mi,
ré, do, sur l’ bouleau
« Bon,
mais où se trouve cette forêt ? demanda-t-elle encore.
Do,
ré, mi, pas d’soucis
Mi,
fa, sol, je m’envol’
Fa,
mi, ré, suis-moi d’ près
Mi,
ré, do, et presto
La
perdrix s’envola, laissant clouée au sol et sans voix notre petite messagère.
Plus
loin, une sauterelle faisait de la balançoire sur un brin d’herbe poussé par le
vent.
« Bonjour !
dit la petite souris.
-
Salut, rétorqua la sauterelle. Que
cherches-tu ?
-
Je souhaite rencontrer Monsieur-Hibou-l’apothicaire.
Sais-tu où il demeure ?
-
Je n’en ai aucune idée, répondit la
sauterelle. Je ne quitte jamais ce champ et avec cette chaleur, je n’ai pas le
courage de sauter bien haut. Les arbres sont trop élevés pour moi, je n’en vois
que les troncs. Va voir Madame-Grenouille, peut-être pourra-t-elle te
renseigner.
En
effet, un peu plus loin, près d’un point d’eau minuscule, Madame-Grenouille
faisait « bronzette ».
« Bonjour !
dit Trotte-Menu.
-
Coa ! Coa ! répliqua
Madame-Grenouille.
-
Bonjour ! insista la souris,
pensant que Madame-Grenouille n’avait pas bien entendu.
-
Coa ! Coa ! répéta
Madame-Grenouille
-
Bonjour !! hurla cette fois la
petite souris, de toute la force de ses
cordes vocales.
-
Coa ! Coa !......
Et
ce fut tout ce que Trotte-Menu put tirer de ce batracien, aussi, reprit-elle
son chemin, en murmurant.
« Je
pense que le royaume subit une épidémie. Les maladies d’oreilles gagnent à
grands pas ! »
Elle
marcha un bon moment, en silence, puis levant les yeux, elle aperçut, voletant
gracieusement au-dessus d’elle, un papillon aux couleurs chatoyantes.
Ce
fut lui, cette fois, qui entama la conversation.
« Bonjour !
Où cours-tu si vite ?
-
Je cherche la demeure de Monsieur-Hibou-l’apothicaire.
Peux-tu m’en indiquer le chemin ?
-
Je viens de sortir de mon cocon. Ne
vois-tu pas que mes ailes sont encore humides et froissées ? Je ne connais
encore rien de ce monde. Oh, regardes la jolie fleur là-bas ! N’est-elle
pas admirable ? Au revoir !
Et
d’un coup d’aile agile, le papillon disparut à la découverte du monde, laissant
Trotte-Menu, seule, avec toujours la même question à résoudre.
« Hou ? Hou, habitait Monsieur-Hibou ?
Hou ? Hou ? »
Elle
avançait droit devant elle, mais était-ce la bonne direction ?
Elle
arriva enfin dans une forêt. Etait-ce le domaine de Monsieur-Hibou,
l’apothicaire ?
Que
faire pour le savoir ?
Personne
en vue et de plus, le jour commençait à décroître.
« Hou ?
Hou ? Monsieur-Hibou ? Etes-vous là ?
Au
loin, prêtant l’oreille, elle crut entendre : « Hou !
Hou ! »
Pleine
d’espoir, Trotte-Menu se dirigea vers l’endroit d’où semblait provenir la voix.
« Monsieur-Hibou ?
-
Hou ! Hou ! répondit la voix.
La
petite souris leva le nez et elle l’aperçut enfin, perché sur une branche, à la clarté de la
lune montante, chaussé de grosses lunettes rondes. Il avait vraiment fière
allure.
Monsieur-Hibou
jouissait, dans le royaume, d’une excellente réputation. Il connaissait toutes
les plantes et avec elles qu’il dosait avec précision, composait de savants
mélanges assurément très efficaces. Il possédait également des notions
d’anatomie.
Un
seul problème toutefois, à la connaissance de notre petite amie, résidait en ce
que Monsieur-Hibou n’avait suivi que les cours du soir, car le jour, il
s’endormait sur ses cahiers. Aussi, était-il évident qu’il avait quelques
lacunes dans ses connaissances médicales.
Pouvait-il,
de ce fait, répondre à toutes les questions ?
« Monsieur-Hibou,
je suis Trotte-Menu, je viens vous demander conseil.
-
Hou ! Hou ! répéta
Monsieur-Hibou, en regardant vers le sol. Que voulez-vous ?
-
Je viens vous demander conseil. Que
connaissez-vous sur les problèmes d’oreilles ?
-
Je n’y entends rien, coupa net
Monsieur-Hibou.
-
Ça y est, pensa la souris, encore
un ! Ma parole, c’est un virus !.....
Puis,
ne voulant pas démissionner trop vite, elle se risqua plus avant dans la conversation.
« Vous
n’avez pas une petite idée, pour remédier à des problèmes auditifs ?
-
Nullement, répondit l’apothicaire, mais
je peux consulter mes livres. Hou sont-ils ? Hou ? Hou ?....et
il prit son envol, laissant sur place Trotte-menu, complètement désemparée.
Elle attendait tant de cette consultation !
Elle
s’en fut, au milieu de la nuit, mais fatiguée, elle se blottit au creux des
racines d’un arbre, et s’endormit, pensant que la nuit portant conseil, elle
aviserait à son réveil.
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