Chasse au marsouin dans le port de Rouen
5
janvier 1771
« Mardi dernier un Marsouin
ayant remonté la Seine jusqu’au Port de cette Ville, fut vivement poursuivi par
plusieurs personnes dans de petits bateaux, qui lui tirèrent nombre de coups de
fusil ; malheureusement les balles ayant relevé, soit par l’eau ou la
dureté de la peau de l’animal, un homme fut tué, & plusieurs blessés dangereusement. »
18
janvier 1771
« Nous avons dit précédemment
qu’un Marsouin avoit été poursuivi à coups de fusil dans la rivière, & qu’à
cette occasion plusieurs personnes avoient été tuées & blessées ; le
procureur du Roi de la Vicomté de l’Eau ayant entrepris cette affaire, par
Sentence dudit Siege, les tireurs sont condamnés en chacun 50 liv. d’amende
envers le Roi, pour avoir tiré sur la Rivière ; le Procureur du Roi
réservé à suivre l’information contre les auteurs de l’homicide qui a été
constaté par un procès-verbal ; ainsi cette affaire n’est point encore
finie. »
Le marsouin est
le plus petit des cétacés. Il est deux fois plus petit que le dauphin. Il vit
en moyenne 15 à 20 ans alors que le dauphin peut vivre jusqu’à 50 ans.
Le marsouin
possède une tête arrondie et un bec court.
Quant à celui
qui s’est retrouvé dans la Seine en ce mois de janvier 1771, aucun autre
journal n’en fit mention.
Fut-il
attrapé ? Fut-il tué ? Cette chasse en barque fut l’occasion pour
certains de se distraire un peu. Mais cet amusement à vraiment mal tourné. Un
mort et plusieurs blessés « gravement » dont le journal ne m’indique
pas le nombre exact.
Quant aux
responsables, je note qu’ils ont été condamnés pour avoir tiré dans la rivière,
dans l’attente des suites de cette affaire contre les auteurs de l’homicide
constaté par un procès-verbal.
L’article
s’achève par : « ainsi cette affaire n’est point finie », mais
aucun article la concernant dans les mois suivant.
Si toutefois, je
découvre d’autres informations, je vous en ferai part.
Quelle vie !
11
janvier 1771
« La femme du sieur Melvid de
Bullewell, dans le Comté de Northingham, est accouchée depuis peu d’une fille,
qui est le trentiéme (sic) de ses enfans (sic) dont dix-sept sont vivans (sic).
Cette femme n’est âgée que de 45 ans, & jouit d’une très-bonne (sic) santé. »
Quel
âge avait cette femme à la naissance de son premier enfant ?
A
supposer qu’elle avait 15 ans minimum lors de la première naissance, cela fait
tout de même 30 enfants en 30 ans. Un enfant par an, sauf si il y eut des
naissances multiples. Si ce fut le cas, la mortalité a dû être parmi ces derniers,
trop petits pour survivre.
La
pauvre, elle a passé sa vie « enceinte » !!!
Je
n’ai malheureusement pas pu trouver quoique ce soit sur cette famille, j’aurais
aimé pourtant vous présenter cette femme qui devait être robuste, en
effet !
Patinage sur la Seine
18
janvier 1770
« Aux grosses eaux a succédé
une grande quantité de neiges (sic), dont la terre est couverte à plus de trois
à quatre pieds dans bien des endroits. Heureusement que la gelée étant
survenue, toutes les neiges sont restées sur la terre, pendant que les eaux
s’écoulent ; la Seine est rentrée dans son lit ; mais l’âpreté du
froid l’a aussi-tôt (sic) couverte de glace, & la navigation en est
interrompue vers Paris. Quand cela arrive, aussi-tôt (sic) nombre de gens
oisifs, qui sçavent se tenir en équilibre sur deux machines apellées (sic)
patins, se disputent, pour ainsi dire, l’honneur de braver la mort des premiers
(sic), & d’aller sur ce gouffre, recouvert d’un cristal assez mince, qui
souvent s’ouvre & engloutit l’élégant patineur ; d’autres en sont
quittes pour un bras, une jambe, ou la tête cassée ; ce bel éxercice (sic)
consiste à faire nombre de figures plus ridicules les unes que les
autres : on seroit bien fâché de ne pas aller aux endroits les plus
dangereux : les éxemples (sic) malheureusement trop communs ne les
effrayent point, moins sans doute par hardiesse, que par défaut de réfléxion
(sic). Telle est une certaine classe d’hommes, ils tirent vanité des
imprudences, & des périls volontairement encourus comme des bonnes
actions : probablement cette manie durera longtems (sic), si l’autorité
supérieure n’a la bonté d’y mettre un frein, & de conserver la vie à ces
hommes en quelque sorte malgré eux. »
« Telle est une
certaine classe d’hommes, ils tirent vanité des imprudences, & des périls
volontairement encourus comme des bonnes actions : probablement cette
manie durera longtems »
Voilà
une réflexion qu’il était important de noter.
En
fait, rien n’a changé. Les hommes aiment toujours se faire peur et se mettre en danger, pour le
seul plaisir de braver et se prouver qu’ils sont les plus forts. Seuls les
moyens, devenus avec le temps, plus technologiques, ont changé…….
Il était « fils de… »
22
février 1771
« Messire Louis-Marie de
Ferron, Ecuyer, ancien Lieutenant aux Gardes-Françoises, Chevalier de l’Ordre
royal et militaire de S. Louis, Lieutenant de Roi des Villes & Forts de
Cherbourg, est mort à Valognes le 31 janvier dans la 73e année de
son âge. Il a été inhumé à S. Marcou de Lille, où il étoit né le 23 Octobre
1698 ; il portoit pour armes écartelé, au 1 & 4 de gueules, au Lion
d’or, au 2 & 3 d’azur à un escot d’or posé en bande. Charles-Chrétien de
Ferron, son père, né en Piémont le 8 mars 1658, fut nommé par Madame Royale
Christine-Françoise, fille de Henri IV, veuve de Victor-Amédée, Duc de Savoye
(sic), & par Charles-Emmanuel, Duc de Savoye (sic) son fils, Roi de Chypre. M. de Ferron
devint Chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint Louis, Capitaine aux
Gardes-Françoises, & Lieutenant de Roi au Gouvernement de Vienne. Il avoit
épousé le 14 Décembre 1696 Jacqueline de la Luzerne de Brévant, veuve de Hervé
de Berfeur, Chevalier, Marquis de Fontenay, Lieutenant de Roi des Villes &
Château de Cherbourg, mort le 16 Mai de la même année. M. de Ferron avoit
succédé dans cette place en 1754, à Henri le Berfeur, Marquis de Fontenay,
Grand Bailli de Contentin, &c. son frere (sic), dont les ayeux (sic) ont
commandé en ladite Ville depuis 1624. »
Voilà
mon travail bien avancé avec toutes ces informations. Mais nous allons tout de
même creuser un petit peu, histoire de …..
Louis
Marie de Ferron serait donc né, selon cet article, le 23 Octobre 1698 à S.
Marcou de Lille.
Mais,
en fait, il s’agissait de Saint Marcouf de l’Isle, dans la Manche, et je ne
pourrais vous donner la preuve de sa
date de naissance, en ce même lieu, les actes paroissiaux n’étant en ligne qu’à
partir de 1700.
Par
contre, il a bien été inhumé dans cette commune :
« 1771 – le vendredy premier
jour de février de l’année sus dite le corps de Messire Louïs marie de ferron
chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louïs ancien officier au regiment
des gardes françoises, mort hier en son hôtel de Valognes agé de soixante onze
ans trois mois treize jours, a été inhumé dans la chapelle sous terre de cette
Eglise par mr le Curé d’Azeville …. »
Apparemment
cet homme ne s’est jamais marié et est mort sans descendance …..
déclarée !
Son
père, Charles Chrétien de Ferron était né à Cherbourg. Il avait épousé
Marie Renée Jacqueline de la Luzerne, le 14 décembre 1696.
Je
ne peux, malheureusement, vous présenter les actes.
Sa
mère, Marie Renée Jacqueline de la Luzerne, née le 22 octobre 1660, a été
baptisée à Brevands, dans la Manche :
« Du 25 du mois fut baptisée
une fille ….. nommée marie par noble dans Marie senot, dame de Brevand, épouse
du noble Seigneur messire anthoine de la luserne seigneur de Brevand. »
Selon
des sources que je n’ai pu vérifier, son père Anthoine de la Luzerne, serait
décédé juste avant sa naissance, sans date précise mentionnée.
Elle
avait épousé en premières noces, Hervé le Berseur de Fontenay, le 23 octobre
1672. Elle devint veuve, le 16 mai 1696. Je ne peux vous confirmer ces dates,
documents à l’appui.
Charles
Chrétien de Ferron décéda le 2 Novembre 1712. Concernant dame Marie Renée
Jacqueline de la Luzerne, elle serait décédée à Paris le 5 août 1732, à l’âge
de 71 ans. Pas d’acte à vous présenter non plus.
Un conseiller est décédé
1er
mars 1771
« Messire Nicolas-Elie-Pierre
le Camus de Pontcarré-de-Viarmes, Conseiller au parlement de Normandie, est
décédé en cette Ville la nuit du 24 au 25 Février, à l’âge de 37 ans. L’étendue
de ses qualités répondoit à la noblesse de sa naissance : un esprit orné,
vif & juste, une grande ame (sic) généreuse & droite, un zèle éclairé,
actif & sage, un véritable attachement à ses devoirs & à sa compagnie,
rendoient ce Magistrat infiniment précieux à ses confréres (sic), à ses amis, à
ses concitoyens. »
Vous
avez sûrement, comme moi, remarqué que lorsque quelqu’un meurt, il est orné de
toutes les qualités. Je ne dirai pas, concernant Nicolas Elie Pierre le Camus
de Pontcarré de Viarmes, qu’il était « nul », comme on dirait
aujourd’hui, non, car en fait, je n’ai absolument rien trouvé sur lui.
A
quoi bon, d’ailleurs, dire ouvertement du mal des défunts, surtout, qu’ils ne
pourront pas prendre note de ce qu’on leur reproche pour se corriger. Alors,
pour garder un bon souvenir, ne parlons que des bons côtés, le reste ……
oublié !
Encore une centenaire !
26
avril 1771
« Il est mort dans la paroisse
de Castilly, Basse-Normandie, Diocèse de Bayeux, une femme âgée de 103
ans ; elle a toujours vêcu (sic) dans une santé parfaite ; elle
alloit encore souvent à le forêt de Neuilly, à un quart de lieue de sa
résidence chercher du bois ; elle emportoit sur son dos des fardeaux
qu’une jeune personne auroit eu peine à porter ; quelques-tems (sic),
avant de mourir, elle fut à la forêt pour en chercher, elle se perdit et resta
au pied d’un arbre 24 heures, ne pouvant retrouver son chemin : comme la
vue lui étoit beaucoup affaiblie, un Garde de la forêt, voyant planer un Aigle
fut pour le tirer, l’Aigle n’échapa (sic) point, mais il monta si haut qu’il ne
put le tirer, & précisement (sic) sur cette bonne femme ; alors le
Garde l’aprocha (sic) & la reporta chez elle, elle est morte quelques jours
après. »
Qui
était-elle ? Nous ne le saurons jamais, elle a emporté avec elle, tous ses secrets, car, aucun acte
d’inhumation à Castilly concernant une femme âgée de 103 ans.
Elle
fut donc inhumée dans une autre paroisse, mais où ?
Coup de mer en Amérique méridionale
10
mai 1771
« La ville de Coppiapo, dans
la Province de Coquimbo dans l’Amérique méridionale, a été submergée par un
coup de mer, & de tous les Habitans (sic) de cette Ville il ne s’en est
sauvé que deux, encore étoit-ce par miracle. »
J’ai
découvert ce qui suit concernant cette ville.
Copiano
se situe dans le désert d’Atacama au Chili. Son sol renferme de nombreux filons
de cuivres, de fer, d’or et d’argent. Elle se trouve à 74 kms de la côté
Pacifique, au cœur du bassin hydrographique du rio Copiano.
La
ville d’aujourd’hui fut-elle été reconstruite sur les ruines de
l’ancienne ?
Je
ne peux vous l’affirmer, car aucun journal, aucune encyclopédie ne mentionne ce
tsunami qui a fait un grand nombre de victimes.
Mariage princier
17
mai 1771
« La célébration du Mariage de
Monseigneur le Comte de Provence avec la Princesse Marie-Josephe-Louise de
Savoie s’est faite le 14 de ce mois. »
Le
comte de Provence était le frère cadet de Louis XVI. Il était né à Versailles
le 17 novembre 1755 et avait reçu les prénoms de Louis Stanislas Xavier.
Marie
Joséphine Louise de Savoie, fille de Victor Amédée III de Savoie, roi de
Sardaigne et de Marie Antoinette,
infante d’Espagne, avait vu le jour à Turin,
le 2 septembre 1753.
Ils
s’unirent en mariage le 14 mai 1771, comme le dit l’article. La célébration eut
lieu dans la chapelle royale du château de Versailles.
Le comte de
Provence régna, sous le nom de Louis XVIII, de 1814 à 1815 et de 1815 au jour
de sa mort, survenue à Paris, le 16 septembre 1824. Il fut inhumé dans la
Basilique Saint-Denis.
Marie Joséphine
Louise de Savoie ne fut jamais reine de France, car elle décéda le 13 novembre
1810 en Angleterre.
Le couple n’eut aucun enfant.
Il fut très apprécié de son vivant
7
juin 1771
« M. Charles Elie le Febvre,
ancien Conseiller-Echevin de l’Hôtel-de-Ville, Administrateur perpétuel de
l’Hôpital Général des pauvres Valides, Pensionnaire du Roi, est décédé en cette
ville à la fin du mois dernier. »
Charles
Elie Le Febvre fut désigné « administrateur perpétuel des biens des
pauvres », le 17 mai 1743. Il assuma cette charge jusqu’à sa mort.
Je
ne sais rien d’autre sur cet homme.
Où
fut-il inhumé ? Quel âge avait-il
lors de son décès ? Etait-il marié ? Avait-il des
enfants ?
L’énigme
la plus complète.
Dame Heurtault n’est plus…..
21
juin 1771
« Madame Marie-Marguerite
Louise Heurtault, veuve de Messire Pierre-Adrien de Rouen, Chevalier, Seigneur
& Patron honoraire de Bermonville, Baron de Luthumiere, Seigneur &
Patron honoraire d’Alvimare, Cléville, Autretot, Canteloup, le Bocage, S.
Germain, S. Martin de Varreville, Foucarville & autres lieux, Conseiller du
Roi en ses Conseils, Doyen de Messieurs les Présidens (sic) de la Cour des
Comptes, Aydes & Finances de Normandie, est décédée ces jours derniers,
âgée de 40 ans. »
Marie
Marguerite Louise Heurtault avait épousé Messire Pierre Adrien de Rouen. Les
bans furent publiés le 12 janvier 1750 dans la paroisse Saint-Godard de Rouen.
« Le lundi douzieme jour de
janvier mil sept cent cinquante a été delivre a Monsieur pierre Adrien de Rouën
de Bermonville president en la cour des comptes aides et finances de Normandie
le certificat de publication d’un Baon premier et dernier faitte le dimanche
precedent en cette eglise sans opposition pour le futur mariage de lui dit
Sieur de Bermonville veuf de la paroisse de St Patrice de cette ville avec
noble Demoiselle marie marguerite louise Heurtault de cette paroisse. »
Dans
cette paroisse, aucun acte de mariage. Il m’a fallu chercher encore …. Et je
l’ai découvert dans la paroisse de Saint-Patrice de Rouen.
« L’an mil sept cent cinquante
le mardy treizieme jour de janvier après publication d’un baon du futur mariage
entre messire pierre adrien de Rouën chevalier seigneur de bermonville
conseiller du Roy en tous ses conseils president en la cour des comptes aydes
et finances de normandie fils de feu messire adrien de Rouën chevalier seigneur
de bermonville conseiller du Roy en tous ses conseils en la cour des comptes
aydes et finances de normandie et feu noble dame madeleine Le guerchois et veuf
de noble dame marie anne Dufour de cette paroisse d’une part et noble
demoiselle marie marguerite louise heurtault fille de messire jean charles
heurtault seigneur chatellain et patron honoraire de lammerville et de feue
noble dame marie caterine Grossin de st Thurien ses père et mere de la paroisse
de St Godard …… »
Et
en prime, je peux vous noter l’acte du premier mariage du Sieur de Rouen, en
date du 8 juillet 1726 et célébré en la paroisse Saint-Godard de Rouen :
« Le lundi 8 juillet 1726 a
été fiancé et marié……. Messire pierre adrien de Rouën Seingeur de Blanquet fils
de Messire adrien de Rouën chevalier seigneur et patron de Bermonville
President en la cour des comptes aydes et finances de Normandie et de dame
Magdelaine le Guerchois de la paroisse de Saint Pierre le Portier de cette
ville, avec Damoiselle Marie anne Dufour fille de messire françois Dufour
Ecuyer Seigneur de Nogent le Bois Chevreuil et autres lieux conseiller du Roy
en tous ses conseils Président de la cour des comptes aydes et finances de
normandie et de Dame anne L’etoille de cette paroisse. »
A
cette époque, un homme ne restait pas veuf longtemps. Je suppose donc que Marie
Anne Dufour est décédée dans le courant de l’année 1749. Elle avait été
baptisée à Rouen – Paroisse Saint Godard – le 20 janvier 1702.
Pierre
Adrien de Rouen fut inhumé le 6 mai 1769, à Rouen dans le couvent des
Ricollets.
« L’an 1769 le 6 may a été
enterré dans le sanctuaire a côté de monsieur de la Romaine, grand et puissant
Seigneur messire pierre adrien de Rouen, chevalier Seigneur de bermonville,
autretot cantelou et conseiller du roÿ en ses conseils, president en la cour
des comptes aydes et finances de normandie.
Signé : prosper burteÿ
gardien »
Marie
Louis Heurtault le rejoignit, en ce lieu, deux ans plus tard.
« L’an 1771 onzieme de juin a
été inhumée madame marie louise Heurtaut epouse de feu mr adrien de Rouen
seigneur de Bermonville president en la cour des comptes aides et finances de
normandie a côté de mr de bermonville son mari du côté de Lépitre.
Signé : prosper burteÿ
gardien »
Macabre découverte !
26
juillet 1771
« Un Valet de charrue, en
labourant la terre, rencontra avec son fer deux cadavres, il y a environ quinze
jours, près d’un buisson tenant aux champs du village de Brancourt, à trois
lieues de Saint-Quentin, sur la route de Cateau Cambresis. A ce qu’on a pu
juger par le degré de putréfaction, il y avoit environ deux mois qu’ils étoient
là. On ne s’est point aperçu qu’il manquât personne dans les environs ;
d’où l’on présume que ce sont deux Etrangers qui ont été assassinés &
dépouillés ; car on a remarqué qu’ils avoient été enterrés nus. »
Combien
de personnes disparues ont été enfouies en terre par leurs détrousseurs ou
suite à une vengeance meurtrière restée impunie !
Certaines
ont été trouvées, bien après, tout à fait par hasard, mais sans espoir d’être identifiées.
Pas de sépultures pour eux, et l’inquiétude et l’attente toujours présente pour
leur famille.
En
ce XVIIIème siècle, pas de recherche ADN possible, un prêtre venait
bénir les restes qui étaient jetés dans une fosse commune.
Un père prêt à tout pour gagner de l’argent
26
juillet 1771
« La femme d’un nommé
Petiville, journalier, de la paroisse de Quiévremont, près Neufchatel-en-Bray,
est accouchée le 6 Juin dernier, jour de l’Octave de S. Sacrement, de deux
filles jumelles, comme il en a peut-être jamais existé ; elles sont
intimement unies & attachées par l’estomac & une partie du ventre,
très-bien (sic) conformées dans toutes leurs parties, grandes, fortes,
parfaitement semblables, & telles enfin que l’on represente (sic) les
jumeaux du Zodiaque. L’accouchement, comme on le présume bien, a été plus
laborieux ; cependant il n’en est résulté aucun inconvéniens (sic) pour la
mere (sic), qui, au bout de quinze jours, est relevée parfaitement
guérie ; un de ces enfants à l’instant de l’accouchement a donné quelques
signes de vie, l’autre n’en a donné aucuns (sic) ; ils ont été ondoyés
tous les deux. Parfaitement doubles jusques & compris la poitrine,
intimement joints par l’estomac et le ventre, qui paroit n’en faire qu’un seul
& même, jusqu’à peu de distance du nombril, de là jusqu’au reste du corps
parfaitement double, & dans l’attitude de deux personnes qui
s’embrassent ; un seul boyau ombilical, partagé en deux branches vers son
extrêmité (sic), a fourni la nourriture à ce couple féminin dans le sein de la
mere (sic). Le père, dans la vue de tirer un grand parti d’un phénomène aussi
singulier, qui ne peut manquer de lui procurer & à sa famille une honnête
aisance, & peut-être même sa fortune, par les secours qu’il a trouvés dans
une personne charitable & bienfaisante, s’est vu à portée de faire mettre
cette pièce rare dans un grand bocal de verre, rempli d’esprit de vin, garni
d’une boite qui s’ouvre de tous les côtés, à l’aide de coulisses. Peu de jours
après, il a parti (sic) pour le faire voir à tous ceux qui le jugeront digne de
leur curiosité ; il a commencé par Dieppe, le Pays-de-Caux, il doit passer
par le Havre, Rouen, pour aller à Paris. »
J’ai
retrouvé l’acte de baptême de ces pauvres petites, dans les actes de la
paroisse de Quiévrecourt et non Quiévremont :
« L’an mil sept cens soixante
onze le sixieme jour de juin sont nes sur cette paroisse deux enfans jumeaux
joint ensemble de sexe feminin du legitime mariage de nicolas petiteville
journalier de la ville paroisse et de Marie anne gaubourg, lesquels ont reçus
le baptême et ensuite sont venus morts.»
Les
petites ne reçurent pas de prénom.
L’acte
de baptême fait aussi mention de sieur
Chambeuf, docteur en médecine de Neufchâtel et de Mr le lieutenant général de
la police du lieu, de juge etc …., autorisant le père a ne pas inhumé les
petites mais à les mettre « dans un bocal » afin de les
« montrer ».
Ce
père a-t-il gagné de l’argent en exhibant ainsi ses petites jumelles, devenues
monstres de foire ? Le journal n’en parle pas et aucune autre encyclopédie
de l’époque n’en fait mention. Reposent-elles, encore, dans leur
« bocal » dans la vitrine d’un musée ? Rien pour l’affirmer.
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