mardi 1 mars 2016

1771 – L’ANNE COMMENCE AINSI …….





Chasse au marsouin dans le port de Rouen

5 janvier 1771

« Mardi dernier un Marsouin ayant remonté la Seine jusqu’au Port de cette Ville, fut vivement poursuivi par plusieurs personnes dans de petits bateaux, qui lui tirèrent nombre de coups de fusil ; malheureusement les balles ayant relevé, soit par l’eau ou la dureté de la peau de l’animal, un homme fut tué, & plusieurs blessés dangereusement. »


18 janvier 1771

« Nous avons dit précédemment qu’un Marsouin avoit été poursuivi à coups de fusil dans la rivière, & qu’à cette occasion plusieurs personnes avoient été tuées & blessées ; le procureur du Roi de la Vicomté de l’Eau ayant entrepris cette affaire, par Sentence dudit Siege, les tireurs sont condamnés en chacun 50 liv. d’amende envers le Roi, pour avoir tiré sur la Rivière ; le Procureur du Roi réservé à suivre l’information contre les auteurs de l’homicide qui a été constaté par un procès-verbal ; ainsi cette affaire n’est point encore finie. »


Le marsouin est le plus petit des cétacés. Il est deux fois plus petit que le dauphin. Il vit en moyenne 15 à 20 ans alors que le dauphin peut vivre jusqu’à 50 ans.
Le marsouin possède une tête arrondie et un bec court.

Quant à celui qui s’est retrouvé dans la Seine en ce mois de janvier 1771, aucun autre journal n’en fit mention.
Fut-il attrapé ? Fut-il tué ? Cette chasse en barque fut l’occasion pour certains de se distraire un peu. Mais cet amusement à vraiment mal tourné. Un mort et plusieurs blessés « gravement » dont le journal ne m’indique pas le nombre exact.

Quant aux responsables, je note qu’ils ont été condamnés pour avoir tiré dans la rivière, dans l’attente des suites de cette affaire contre les auteurs de l’homicide constaté par un procès-verbal.

L’article s’achève par : « ainsi cette affaire n’est point finie », mais aucun article la concernant dans les mois suivant.
Si toutefois, je découvre d’autres informations, je vous en ferai part.



Quelle vie !

11 janvier 1771

« La femme du sieur Melvid de Bullewell, dans le Comté de Northingham, est accouchée depuis peu d’une fille, qui est le trentiéme (sic) de ses enfans (sic) dont dix-sept sont vivans (sic). Cette femme n’est âgée que de 45 ans, & jouit d’une très-bonne (sic) santé. »

Quel âge avait cette femme à la naissance de son premier enfant ?
A supposer qu’elle avait 15 ans minimum lors de la première naissance, cela fait tout de même 30 enfants en 30 ans. Un enfant par an, sauf si il y eut des naissances multiples. Si ce fut le cas,  la mortalité a dû être parmi ces derniers, trop petits pour survivre.
La pauvre, elle a passé sa vie « enceinte » !!!
Je n’ai malheureusement pas pu trouver quoique ce soit sur cette famille, j’aurais aimé pourtant vous présenter cette femme qui devait être robuste, en effet !


Patinage sur la Seine

18 janvier 1770

« Aux grosses eaux a succédé une grande quantité de neiges (sic), dont la terre est couverte à plus de trois à quatre pieds dans bien des endroits. Heureusement que la gelée étant survenue, toutes les neiges sont restées sur la terre, pendant que les eaux s’écoulent ; la Seine est rentrée dans son lit ; mais l’âpreté du froid l’a aussi-tôt (sic) couverte de glace, & la navigation en est interrompue vers Paris. Quand cela arrive, aussi-tôt (sic) nombre de gens oisifs, qui sçavent se tenir en équilibre sur deux machines apellées (sic) patins, se disputent, pour ainsi dire, l’honneur de braver la mort des premiers (sic), & d’aller sur ce gouffre, recouvert d’un cristal assez mince, qui souvent s’ouvre & engloutit l’élégant patineur ; d’autres en sont quittes pour un bras, une jambe, ou la tête cassée ; ce bel éxercice (sic) consiste à faire nombre de figures plus ridicules les unes que les autres : on seroit bien fâché de ne pas aller aux endroits les plus dangereux : les éxemples (sic) malheureusement trop communs ne les effrayent point, moins sans doute par hardiesse, que par défaut de réfléxion (sic). Telle est une certaine classe d’hommes, ils tirent vanité des imprudences, & des périls volontairement encourus comme des bonnes actions : probablement cette manie durera longtems (sic), si l’autorité supérieure n’a la bonté d’y mettre un frein, & de conserver la vie à ces hommes en quelque sorte malgré eux. »


« Telle est une certaine classe d’hommes, ils tirent vanité des imprudences, & des périls volontairement encourus comme des bonnes actions : probablement cette manie durera longtems »
Voilà une réflexion qu’il était important de noter.
En fait, rien n’a changé. Les hommes aiment toujours  se faire peur et se mettre en danger, pour le seul plaisir de braver et se prouver qu’ils sont les plus forts. Seuls les moyens, devenus avec le temps, plus technologiques, ont changé…….


Il était « fils de… »

22 février 1771

« Messire Louis-Marie de Ferron, Ecuyer, ancien Lieutenant aux Gardes-Françoises, Chevalier de l’Ordre royal et militaire de S. Louis, Lieutenant de Roi des Villes & Forts de Cherbourg, est mort à Valognes le 31 janvier dans la 73e année de son âge. Il a été inhumé à S. Marcou de Lille, où il étoit né le 23 Octobre 1698 ; il portoit pour armes écartelé, au 1 & 4 de gueules, au Lion d’or, au 2 & 3 d’azur à un escot d’or posé en bande. Charles-Chrétien de Ferron, son père, né en Piémont le 8 mars 1658, fut nommé par Madame Royale Christine-Françoise, fille de Henri IV, veuve de Victor-Amédée, Duc de Savoye (sic), & par Charles-Emmanuel, Duc de Savoye  (sic) son fils, Roi de Chypre. M. de Ferron devint Chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint Louis, Capitaine aux Gardes-Françoises, & Lieutenant de Roi au Gouvernement de Vienne. Il avoit épousé le 14 Décembre 1696 Jacqueline de la Luzerne de Brévant, veuve de Hervé de Berfeur, Chevalier, Marquis de Fontenay, Lieutenant de Roi des Villes & Château de Cherbourg, mort le 16 Mai de la même année. M. de Ferron avoit succédé dans cette place en 1754, à Henri le Berfeur, Marquis de Fontenay, Grand Bailli de Contentin, &c. son frere (sic), dont les ayeux (sic) ont commandé en ladite Ville depuis 1624. »

Voilà mon travail bien avancé avec toutes ces informations. Mais nous allons tout de même creuser un petit peu, histoire de …..

Louis Marie de Ferron serait donc né, selon cet article, le 23 Octobre 1698 à S. Marcou de Lille.
Mais, en fait, il s’agissait de Saint Marcouf de l’Isle, dans la Manche, et je ne pourrais vous  donner la preuve de sa date de naissance, en ce même lieu, les actes paroissiaux n’étant en ligne qu’à partir de 1700.
Par contre, il a bien été inhumé dans cette commune :
« 1771 – le vendredy premier jour de février de l’année sus dite le corps de Messire Louïs marie de ferron chevalier de l’ordre royal et militaire de St Louïs ancien officier au regiment des gardes françoises, mort hier en son hôtel de Valognes agé de soixante onze ans trois mois treize jours, a été inhumé dans la chapelle sous terre de cette Eglise par mr le Curé d’Azeville …. »

Apparemment cet homme ne s’est jamais marié et est mort sans descendance ….. déclarée !

Son père, Charles Chrétien de Ferron était né à Cherbourg. Il  avait épousé  Marie Renée Jacqueline de la Luzerne, le 14 décembre 1696.
Je ne peux, malheureusement, vous présenter les actes.

Sa mère, Marie Renée Jacqueline de la Luzerne, née le 22 octobre 1660, a été baptisée à Brevands, dans la Manche :
« Du 25 du mois fut baptisée une fille ….. nommée marie par noble dans Marie senot, dame de Brevand, épouse du noble Seigneur messire anthoine de la luserne seigneur de Brevand. »

Selon des sources que je n’ai pu vérifier, son père Anthoine de la Luzerne, serait décédé juste avant sa naissance, sans date précise mentionnée.

Elle avait épousé en premières noces, Hervé le Berseur de Fontenay, le 23 octobre 1672. Elle devint veuve, le 16 mai 1696. Je ne peux vous confirmer ces dates, documents à l’appui.
Charles Chrétien de Ferron décéda le 2 Novembre 1712. Concernant dame Marie Renée Jacqueline de la Luzerne, elle serait décédée à Paris le 5 août 1732, à l’âge de 71 ans. Pas d’acte à vous présenter non plus.


Un conseiller est décédé

1er mars 1771

« Messire Nicolas-Elie-Pierre le Camus de Pontcarré-de-Viarmes, Conseiller au parlement de Normandie, est décédé en cette Ville la nuit du 24 au 25 Février, à l’âge de 37 ans. L’étendue de ses qualités répondoit à la noblesse de sa naissance : un esprit orné, vif & juste, une grande ame (sic) généreuse & droite, un zèle éclairé, actif & sage, un véritable attachement à ses devoirs & à sa compagnie, rendoient ce Magistrat infiniment précieux à ses confréres (sic), à ses amis, à ses concitoyens. »

Vous avez sûrement, comme moi, remarqué que lorsque quelqu’un meurt, il est orné de toutes les qualités. Je ne dirai pas, concernant Nicolas Elie Pierre le Camus de Pontcarré de Viarmes, qu’il était « nul », comme on dirait aujourd’hui, non, car en fait, je n’ai absolument rien trouvé sur lui.
A quoi bon, d’ailleurs, dire ouvertement du mal des défunts, surtout, qu’ils ne pourront pas prendre note de ce qu’on leur reproche pour se corriger. Alors, pour garder un bon souvenir, ne parlons que des bons côtés, le reste …… oublié !


Encore une centenaire !

26 avril 1771     

« Il est mort dans la paroisse de Castilly, Basse-Normandie, Diocèse de Bayeux, une femme âgée de 103 ans ; elle a toujours vêcu (sic) dans une santé parfaite ; elle alloit encore souvent à le forêt de Neuilly, à un quart de lieue de sa résidence chercher du bois ; elle emportoit sur son dos des fardeaux qu’une jeune personne auroit eu peine à porter ; quelques-tems (sic), avant de mourir, elle fut à la forêt pour en chercher, elle se perdit et resta au pied d’un arbre 24 heures, ne pouvant retrouver son chemin : comme la vue lui étoit beaucoup affaiblie, un Garde de la forêt, voyant planer un Aigle fut pour le tirer, l’Aigle n’échapa (sic) point, mais il monta si haut qu’il ne put le tirer, & précisement (sic) sur cette bonne femme ; alors le Garde l’aprocha (sic) & la reporta chez elle, elle est morte quelques jours après. »

Qui était-elle ? Nous ne le saurons jamais, elle a emporté  avec elle, tous ses secrets, car, aucun acte d’inhumation à Castilly concernant une femme âgée de 103 ans.
Elle fut donc inhumée dans une autre paroisse, mais où ?


Coup de mer en Amérique méridionale

10 mai 1771

« La ville de Coppiapo, dans la Province de Coquimbo dans l’Amérique méridionale, a été submergée par un coup de mer, & de tous les Habitans (sic) de cette Ville il ne s’en est sauvé que deux, encore étoit-ce par miracle. »


J’ai découvert ce qui suit concernant cette ville.
Copiano se situe dans le désert d’Atacama au Chili. Son sol renferme de nombreux filons de cuivres, de fer, d’or et d’argent. Elle se trouve à 74 kms de la côté Pacifique, au cœur du bassin hydrographique du rio Copiano.

La ville d’aujourd’hui fut-elle été reconstruite sur les ruines de l’ancienne ?
Je ne peux vous l’affirmer, car aucun journal, aucune encyclopédie ne mentionne ce tsunami qui a fait un grand nombre de victimes.
Mariage princier

17 mai 1771

« La célébration du Mariage de Monseigneur le Comte de Provence avec la Princesse Marie-Josephe-Louise de Savoie s’est faite le 14 de ce mois. »


Le comte de Provence était le frère cadet de Louis XVI. Il était né à Versailles le 17 novembre 1755 et avait reçu les prénoms de Louis Stanislas Xavier.
Marie Joséphine Louise de Savoie, fille de Victor Amédée III de Savoie, roi de Sardaigne et de Marie  Antoinette, infante d’Espagne, avait vu le jour à Turin,  le 2 septembre 1753.
Ils s’unirent en mariage le 14 mai 1771, comme le dit l’article. La célébration eut lieu dans la chapelle royale du château de Versailles.
Le comte de Provence régna, sous le nom de Louis XVIII, de 1814 à 1815 et de 1815 au jour de sa mort, survenue à Paris, le 16 septembre 1824. Il fut inhumé dans la Basilique Saint-Denis.
Marie Joséphine Louise de Savoie ne fut jamais reine de France, car elle décéda le 13 novembre 1810 en Angleterre.
Le couple n’eut aucun enfant.


Il fut très apprécié de son vivant

7 juin 1771

« M. Charles Elie le Febvre, ancien Conseiller-Echevin de l’Hôtel-de-Ville, Administrateur perpétuel de l’Hôpital Général des pauvres Valides, Pensionnaire du Roi, est décédé en cette ville à la fin du mois dernier. »

Charles Elie Le Febvre fut désigné « administrateur perpétuel des biens des pauvres », le 17 mai 1743. Il assuma cette charge jusqu’à sa mort.
Je ne sais rien d’autre sur cet homme.
Où fut-il inhumé ? Quel âge avait-il  lors de son décès ? Etait-il marié ? Avait-il des enfants ?
L’énigme la plus complète.


Dame Heurtault n’est plus…..

21 juin 1771

« Madame Marie-Marguerite Louise Heurtault, veuve de Messire Pierre-Adrien de Rouen, Chevalier, Seigneur & Patron honoraire de Bermonville, Baron de Luthumiere, Seigneur & Patron honoraire d’Alvimare, Cléville, Autretot, Canteloup, le Bocage, S. Germain, S. Martin de Varreville, Foucarville & autres lieux, Conseiller du Roi en ses Conseils, Doyen de Messieurs les Présidens (sic) de la Cour des Comptes, Aydes & Finances de Normandie, est décédée ces jours derniers, âgée de 40 ans. »

Marie Marguerite Louise Heurtault avait épousé Messire Pierre Adrien de Rouen. Les bans furent publiés le 12 janvier 1750 dans la paroisse Saint-Godard de Rouen.

« Le lundi douzieme jour de janvier mil sept cent cinquante a été delivre a Monsieur pierre Adrien de Rouën de Bermonville president en la cour des comptes aides et finances de Normandie le certificat de publication d’un Baon premier et dernier faitte le dimanche precedent en cette eglise sans opposition pour le futur mariage de lui dit Sieur de Bermonville veuf de la paroisse de St Patrice de cette ville avec noble Demoiselle marie marguerite louise Heurtault de cette paroisse. »

Dans cette paroisse, aucun acte de mariage. Il m’a fallu chercher encore …. Et je l’ai découvert dans la paroisse de Saint-Patrice de Rouen.

« L’an mil sept cent cinquante le mardy treizieme jour de janvier après publication d’un baon du futur mariage entre messire pierre adrien de Rouën chevalier seigneur de bermonville conseiller du Roy en tous ses conseils president en la cour des comptes aydes et finances de normandie fils de feu messire adrien de Rouën chevalier seigneur de bermonville conseiller du Roy en tous ses conseils en la cour des comptes aydes et finances de normandie et feu noble dame madeleine Le guerchois et veuf de noble dame marie anne Dufour de cette paroisse d’une part et noble demoiselle marie marguerite louise heurtault fille de messire jean charles heurtault seigneur chatellain et patron honoraire de lammerville et de feue noble dame marie caterine Grossin de st Thurien ses père et mere de la paroisse de St Godard …… »


Et en prime, je peux vous noter l’acte du premier mariage du Sieur de Rouen, en date du 8 juillet 1726 et célébré en la paroisse Saint-Godard de Rouen :

« Le lundi 8 juillet 1726 a été fiancé et marié……. Messire pierre adrien de Rouën Seingeur de Blanquet fils de Messire adrien de Rouën chevalier seigneur et patron de Bermonville President en la cour des comptes aydes et finances de Normandie et de dame Magdelaine le Guerchois de la paroisse de Saint Pierre le Portier de cette ville, avec Damoiselle Marie anne Dufour fille de messire françois Dufour Ecuyer Seigneur de Nogent le Bois Chevreuil et autres lieux conseiller du Roy en tous ses conseils Président de la cour des comptes aydes et finances de normandie et de Dame anne L’etoille de cette paroisse. »

A cette époque, un homme ne restait pas veuf longtemps. Je suppose donc que Marie Anne Dufour est décédée dans le courant de l’année 1749. Elle avait été baptisée à Rouen – Paroisse Saint Godard – le 20 janvier 1702.

Pierre Adrien de Rouen fut inhumé le 6 mai 1769, à Rouen dans le couvent des Ricollets.

« L’an 1769 le 6 may a été enterré dans le sanctuaire a côté de monsieur de la Romaine, grand et puissant Seigneur messire pierre adrien de Rouen, chevalier Seigneur de bermonville, autretot cantelou et conseiller du roÿ en ses conseils, president en la cour des comptes aydes et finances de normandie.
Signé : prosper burteÿ gardien »

Marie Louis Heurtault le rejoignit, en ce lieu, deux ans plus tard.

« L’an 1771 onzieme de juin a été inhumée madame marie louise Heurtaut epouse de feu mr adrien de Rouen seigneur de Bermonville president en la cour des comptes aides et finances de normandie a côté de mr de bermonville son mari du côté de Lépitre.
Signé : prosper burteÿ gardien »


Macabre découverte !

26 juillet 1771

« Un Valet de charrue, en labourant la terre, rencontra avec son fer deux cadavres, il y a environ quinze jours, près d’un buisson tenant aux champs du village de Brancourt, à trois lieues de Saint-Quentin, sur la route de Cateau Cambresis. A ce qu’on a pu juger par le degré de putréfaction, il y avoit environ deux mois qu’ils étoient là. On ne s’est point aperçu qu’il manquât personne dans les environs ; d’où l’on présume que ce sont deux Etrangers qui ont été assassinés & dépouillés ; car on a remarqué qu’ils avoient été enterrés nus. »

Combien de personnes disparues ont été enfouies en terre par leurs détrousseurs ou suite à une vengeance meurtrière restée impunie !
Certaines ont été trouvées, bien après, tout à fait par hasard, mais sans espoir d’être identifiées. Pas de sépultures pour eux, et l’inquiétude et l’attente toujours présente pour leur famille.
En ce XVIIIème siècle, pas de recherche ADN possible, un prêtre venait bénir les restes qui étaient jetés dans une fosse commune.




Un père prêt à tout pour gagner de l’argent

26 juillet 1771

« La femme d’un nommé Petiville, journalier, de la paroisse de Quiévremont, près Neufchatel-en-Bray, est accouchée le 6 Juin dernier, jour de l’Octave de S. Sacrement, de deux filles jumelles, comme il en a peut-être jamais existé ; elles sont intimement unies & attachées par l’estomac & une partie du ventre, très-bien (sic) conformées dans toutes leurs parties, grandes, fortes, parfaitement semblables, & telles enfin que l’on represente (sic) les jumeaux du Zodiaque. L’accouchement, comme on le présume bien, a été plus laborieux ; cependant il n’en est résulté aucun inconvéniens (sic) pour la mere (sic), qui, au bout de quinze jours, est relevée parfaitement guérie ; un de ces enfants à l’instant de l’accouchement a donné quelques signes de vie, l’autre n’en a donné aucuns (sic) ; ils ont été ondoyés tous les deux. Parfaitement doubles jusques & compris la poitrine, intimement joints par l’estomac et le ventre, qui paroit n’en faire qu’un seul & même, jusqu’à peu de distance du nombril, de là jusqu’au reste du corps parfaitement double, & dans l’attitude de deux personnes qui s’embrassent ; un seul boyau ombilical, partagé en deux branches vers son extrêmité (sic), a fourni la nourriture à ce couple féminin dans le sein de la mere (sic). Le père, dans la vue de tirer un grand parti d’un phénomène aussi singulier, qui ne peut manquer de lui procurer & à sa famille une honnête aisance, & peut-être même sa fortune, par les secours qu’il a trouvés dans une personne charitable & bienfaisante, s’est vu à portée de faire mettre cette pièce rare dans un grand bocal de verre, rempli d’esprit de vin, garni d’une boite qui s’ouvre de tous les côtés, à l’aide de coulisses. Peu de jours après, il a parti (sic) pour le faire voir à tous ceux qui le jugeront digne de leur curiosité ; il a commencé par Dieppe, le Pays-de-Caux, il doit passer par le  Havre, Rouen, pour aller à Paris. »


J’ai retrouvé l’acte de baptême de ces pauvres petites, dans les actes de la paroisse de Quiévrecourt et non Quiévremont :

« L’an mil sept cens soixante onze le sixieme jour de juin sont nes sur cette paroisse deux enfans jumeaux joint ensemble de sexe feminin du legitime mariage de nicolas petiteville journalier de la ville paroisse et de Marie anne gaubourg, lesquels ont reçus le baptême et ensuite sont venus morts.»

Les petites ne reçurent pas de prénom.
L’acte de baptême fait aussi mention  de sieur Chambeuf, docteur en médecine de Neufchâtel et de Mr le lieutenant général de la police du lieu, de juge etc …., autorisant le père a ne pas inhumé les petites mais à les mettre « dans un bocal » afin de les « montrer ».

Ce père a-t-il gagné de l’argent en exhibant ainsi ses petites jumelles, devenues monstres de foire ? Le journal n’en parle pas et aucune autre encyclopédie de l’époque n’en fait mention. Reposent-elles, encore, dans leur « bocal » dans la vitrine d’un musée ? Rien pour l’affirmer.


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