Voilà ce que me disait mon grand père
lorsque j’étais enfant.
Et pour la petite fille que j’étais, qui n’avait jamais connu les
« sous », mais uniquement les centimes et les francs, cela restait
une énigme.
Alors, c’est quoi, un sou ?
Mes grands-parents avaient, bien entendu,
connu les « sous », ces petites pièces trouées de 5 et 10 centimes au
début du XXème siècle en cupronickel et bronze ou encore celles,
frappées sous le gouvernement de Vichy, émises de 1941 à 1943, pièces en zinc
d’une valeur de 10 et 20 centimes.
« Sous troués », oui, vous
avez bien entendu !
Les pièces, pesant lourd dans les
poches, le gouvernement reprit le principe des pièces chinoises qui dans
l’ancien temps étaient évidées en leur centre. Mais, si les Chinois avaient
imaginé ce système de monnaie, c’était pour pouvoir enfiler les pièces sur un
lien et nouer celui-ci autour du cou, bien caché et protégé sous la chemise.
Mais revenons au « sou
français ».
Dans notre pays, bien avant l’arrivée du
franc, donc très loin de notre euro, avant la Révolution Française, dans ce temps
que l’on nomme « Ancien Régime », la monnaie était composée de la
livre, le sol et le denier.
·
La livre valait 20 sous ou 240 deniers
·
Le sou valait donc 1/20 de livre ou 12 deniers
·
Le denier valait, après calcul, 1/240 de livre et le douzième du sou.
Pas facile ! Vive le système
décimal !
Donc, au début du XIXème
siècle, le mot « sou », désignait une pièce de 5 centimes, appelée
aussi « petit sou » à la différence de cette autre pièce de 10
centimes qui avait reçu l’appellation de « gros sou ».
Voilà pourquoi les anciens, dont mon
grand-père faisait partie, disaient encore, « 20 sous pour un
franc », et donc : 100 sous pour cinq francs.
Un simple problème d’arithmétique !
Ouah, ça y est, j’ai compris ! J’ai
mis du temps de la réflexion !
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Les sous qui désignent, à présent, l’argent en général, en raison de leur
pouvoir, (quand on a beaucoup de sous, ne dit-on pas que l’on peut tout
acheter !!!), ont imprégné notre
langage au quotidien d’une quantité d’expressions.
Ne pas avoir d’argent :
« Être sans le sou » (1681),
« Ne pas avoir sou vaillant » (1690)
avec une petite notion de « pas d’économie.
« N’avoir pas un sou » (1692).
« N’avoir ni sou ni maille »
(maille moitié d’un denier).
« N’avoir pas un sou en
poche ».
Et puis, à quelqu’un à qui il manque
toujours quelque chose et notamment de l’argent, on dit « Il lui manque
toujours dix sous pour faire un franc ». Je vous rappelle qu’un franc vaut
20 sous.
N’avoir aucune valeur
« Ne pas valoir un sou »
(XXème siècle).
De quelque chose qui n’a pas grand
valeur, on dit « quatre sous » en référence à « l'Opéra à 3 groschen » de Brecht
devenu « l’Opéra de quat’sous ». On dit également « ça vaut trois francs six sous »
ou encore… comme disait ma grand-mère « ça vaut pas un pet
d’lapin ! »
Une affaire importante pour laquelle on brasse beaucoup d’argent
« Une affaire de gros sous ».
Et puis …….
Les économes diront : « Un sou
est un sou ».
En effet, il ne faut pas gaspiller et ils
ont mis difficilement de côté « sou après sou » (1836).
Mais d’un avare, on dira qu’il est
« près de ses sous ».
« Propre comme un sou neuf »
(1794) :
Cette expression désigne les personnes
soignées et très propres, comme une pièce qui n'a pas encore été salie et
abimée par la circulation.
Quand on s’ennuie à un point
inimaginable, on déclare « je m’ennuie à cent sous de l’heure ».
Pas cher payé en effet !
Quand quelqu’un n’a que « deux sous
de jugeote », il n’est pas bien intelligent !
« Manger ses quatre sous »
(1871), c’est comme disait ma grand-mère qui était d’une logique implacable « Mâquer la ferme !»….. Gaspiller
son bien, en quelque sorte.
Il y en a sûrement bien d’autres
expressions et formules imagées. Qu’en pensez-vous ?
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