mercredi 30 mars 2016

CENT SOUS, CA FAIT CINQ FRANCS ?



Voilà ce que me disait mon grand père lorsque j’étais enfant.
Et pour la petite fille  que j’étais, qui n’avait jamais connu les « sous », mais uniquement les centimes et les francs, cela restait une énigme.
Alors, c’est quoi, un sou ?

Mes grands-parents avaient, bien entendu, connu les « sous », ces petites pièces trouées de 5 et 10 centimes au début du XXème siècle en cupronickel et bronze ou encore celles, frappées sous le gouvernement de Vichy, émises de 1941 à 1943, pièces en zinc d’une valeur de 10 et 20 centimes.

« Sous troués », oui, vous avez bien entendu !
Les pièces, pesant lourd dans les poches, le gouvernement reprit le principe des pièces chinoises qui dans l’ancien temps étaient évidées en leur centre. Mais, si les Chinois avaient imaginé ce système de monnaie, c’était pour pouvoir enfiler les pièces sur un lien et nouer celui-ci autour du cou, bien caché et protégé sous la chemise.
Mais revenons au « sou français ».
Dans notre pays, bien avant l’arrivée du franc, donc très loin de notre euro, avant la Révolution Française, dans ce temps que l’on nomme « Ancien Régime », la monnaie était composée de la livre, le sol et le denier.

·                    La livre valait 20 sous ou 240 deniers
·                    Le sou valait donc 1/20 de livre ou 12 deniers
·                    Le denier valait, après calcul, 1/240 de livre et le douzième du sou.
Pas facile ! Vive le système décimal !

Donc, au début du XIXème siècle, le mot « sou », désignait une pièce de 5 centimes, appelée aussi « petit sou » à la différence de cette autre pièce de 10 centimes qui avait reçu l’appellation de « gros sou ».

Voilà pourquoi les anciens, dont mon grand-père faisait partie, disaient encore, « 20 sous pour un franc », et donc : 100 sous pour cinq francs.
Un simple problème d’arithmétique !
Ouah, ça y est, j’ai compris ! J’ai mis du temps de la réflexion !

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Les sous qui désignent, à présent,  l’argent en général, en raison de leur pouvoir, (quand on a beaucoup de sous, ne dit-on pas que l’on peut tout acheter !!!), ont  imprégné notre langage au quotidien d’une quantité d’expressions.

Ne pas avoir d’argent :
« Être sans le sou » (1681),
« Ne pas avoir sou vaillant » (1690) avec une petite notion de « pas d’économie.
« N’avoir pas un sou » (1692).
« N’avoir ni sou ni maille » (maille moitié d’un denier).
« N’avoir pas un sou en poche ».

Et puis, à quelqu’un à qui il manque toujours quelque chose et notamment de l’argent, on dit « Il lui manque toujours dix sous pour faire un franc ». Je vous rappelle qu’un franc vaut 20 sous.

N’avoir aucune valeur
« Ne pas valoir un sou » (XXème siècle).

De quelque chose qui n’a pas grand valeur, on dit « quatre sous » en référence à  « l'Opéra à 3 groschen » de Brecht  devenu « l’Opéra de quat’sous ». On dit également  « ça vaut trois francs six sous » ou encore… comme disait ma grand-mère « ça vaut pas un pet d’lapin ! »

Une affaire importante pour laquelle on brasse beaucoup d’argent
« Une affaire de gros sous ».

Et puis …….
Les économes diront : « Un sou est un sou ».
En effet, il ne faut pas gaspiller et ils ont mis difficilement de côté « sou après sou » (1836).
Mais d’un avare, on dira qu’il est « près de ses sous ».

« Propre comme un sou neuf » (1794) :
Cette expression désigne les personnes soignées et très propres, comme une pièce qui n'a pas encore été salie et abimée par la circulation.

Quand on s’ennuie à un point inimaginable, on déclare « je m’ennuie à cent sous de l’heure ».
Pas cher payé en effet !

Quand quelqu’un n’a que « deux sous de jugeote », il n’est pas bien intelligent !

« Manger ses quatre sous » (1871), c’est comme disait ma grand-mère qui était d’une logique implacable  « Mâquer la ferme !»….. Gaspiller son bien, en quelque sorte.

Il y en a sûrement bien d’autres expressions et formules imagées. Qu’en pensez-vous ?


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