Au
matin, Trotte-Menu fut réveillée par un rayon de soleil qui la réchauffa
agréablement. Elle s’étira, bailla et réfléchit. Elle
décida de rentrer et de prendre conseil
auprès d’un des multiples ministres du royaume. Ensuite, elle établirait une
stratégie et ce serait alors bien étonnant si elle n’arrivait pas à trouver une
solution.
Elle
demanda donc audience à Monsieur-Vieux-Chien, le ministre des affaires
étrangères. Il était un peu cabot, certes, mais de très bons conseils.
Ce
jour-là, malheureusement, il était aux aboies en raison d’un problème sur un
dossier qu’il devait gérer dans l’urgence. De ce fait, il ne put recevoir la
petite souris immédiatement. En attendant, celle-ci alla embrasser son filleul
qui fort turbulent, ce matin-là, courait et sautait en tous sens.
Ne
semblait-il pas en parfaite santé ?
En
regardant s’ébattre ainsi le lionceau, Trotte-Menu se souvint de son enfance et
de ce que lui contait sa grand-mère. Elle parlait d’un grand-fleuve, si large
qu’on ne pouvait en voir l’autre rive. Mais sur cette rive opposée vivaient des
animaux fabuleux, nés bien avant le début du monde.
« Etant
donné leur âge, ils connaissent sans aucun doute énormément de choses, pensa
tout haut Trotte-Menu. Il faut que j’aille au-delà de ce grand-fleuve et plus
précisément sur cette autre rive.
Sans
attendre d’avantage, (l’affaire, n’était-elle pas urgente ?), elle se mit
en route.
Trotte-Menu
se dirigea vers le grand-fleuve-dont-on-ne-voyait-pas-l’autre-rive, mais ses
souvenirs étaient bien confus et sa grand-mère n’était plus là pour lui donner
plus amples renseignements.
Mais,
elle se sentait pleine de courage et ne doutait nullement de sa réussite.
Après
une heure de marche, elle rencontra un drôle de petit animal qui lui ressemblait
un peu. Il était couché en boule, sur un tapis
de mousse et poussait dans son sommeil des soupirs de bien-être.
Tout
doucement, Trotte-Menu lui donna une petite tape pour l’éveiller.
L’animal
ouvrit un œil, le referma, ouvrit l’autre œil qui ne tint pas plus longtemps
ouvert que le précédent, se retourna et poursuivit sa petite sieste. Après
plusieurs tentatives pour réveiller cet étrange dormeur, sans réel succès,
notre petite amie n’osa insister d’avantage.
« Un
sommeil aussi profond que celui-ci est digne d’admiration et se
respecte », pensa-t-elle. Et elle poursuivit son chemin.
Un
peu plus loin, elle stoppa à la hauteur d’un curieux personnage qui avançait en
boitillant et en poussant des « Aie ! Aie !... » à chacun
de ses pas.
« Que
vous arrive-t-il ? questionna la petite souris, avec compassion.
-
Je reviens de chez le cordonnier,
expliqua l’animal, chez qui j’ai acheté des chaussures neuves, et elles ne font
horriblement mal !
En
effet, observant de plus près ce compagnon de rencontre, elle vit luire de
magnifiques souliers. Une paire, deux paires, trois paires, quatre paires…….
Oh, misère, de misère ! Cinq cents paires de souliers neufs ! Il
avait, en effet, une réelle raison de se plaindre.
Ne
pouvant rien faire pour le soulager, elle laissa le pauvre
Monsieur-Mille-Pattes à ses soucis.
Elle
dépassa quelques mètres plus loin, un escargot qui essayait de battre son
dernier record des mille millimètres à la course. Après chaque gros effort sur les petites
montées, il était contraint de se reposer ce qui faisait, bien sûr, chuter sa
moyenne.
Monsieur-l’Escargot
connaissait l’existence du grand-fleuve-dont-on-ne-voyait-pas-l’autre-rive et
proposa à Trotte-Menu de l’accompagner pour lui montrer le chemin.
« Si
j’accepte sa proposition, pensa la petite souris diplomate, je serais morte de
vieillesse avant d’arriver. »
Aussi,
avec beaucoup de diplomatie, elle remercia poliment Monsieur-l’Escargot et
continua seule, dans la direction que celui-ci lui avait indiquée.
Tout
à coup, elle fut bousculée par une ribambelle de petits renards qui couraient,
tous, dans la même direction.
«Quel
danger peut les faire fuir ainsi ? » s’interrogea Trotte-Menu. Et
elle scruta l’horizon, pensant apercevoir au loin une fumée annonciatrice d’un
gigantesque incendie. Mais, elle ne vit rien de flagrant.
Il
était vrai que tout ce petit monde avait l’air pressé, mais nullement effrayé.
Elle pouvait les entendre rire et s’interpeler. Elle héla un des petits renards
qui stoppa sa course un instant.
« Hé !
Que se passe-t-il donc par ici ?
-
Vous n’êtes donc pas au courant ?
rétorqua le renard.
-
Non, répondit Trotte-Menu
-
Il y a bal chez le Grand-Renard !
-
Un bal ! s’esclaffa la souris.
Mais, elle n’en su pas plus, car le jeune renard avait déjà détalé.
Un
bal ? Qui dit « bal » dit « musique » ! N’y avait-il
pas eu un décret de loi interdisant toute musique à cause de la maladie du
petit lion ? Elle décida alors de suivre cette foule, pour se rendre
compte par elle-même.
Il
y avait bien bal, en effet. Les danseurs, fort nombreux, gesticulaient en tous
sens, chacun à leur rythme, chacun à leur idée. Sur une estrade, un orchestre semblait prendre
un réel plaisir à jouer pour l’auditoire réuni, mais ….(car il y avait un
mais),…. respectant le décret de loi, aucun son ne sortait des instruments de musique.
Trotte-Menu
considéra la scène, atterrée, et comprit que sa mission était des plus
importantes. Elle n’avait plus une minute à perdre.
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