lundi 14 mars 2016

TROTTE MENU ET LE PETIT LIONCEAU - CHAPITRE 4



Trotte-Menu, au milieu de la grande prairie se remémora tout ce que son aïeule lui avait raconté sur les conflits qui avaient éclaté avant que la Grande-Paix fut proclamée sur terre. Sur cette prairie vivait la tribu des éléphants, énormes pachydermes qui faisaient la loi. Cette tribu avait à sa tête un chef impressionnant et sans pitié. Il veillait sur son peuple et sur son territoire avec une hargne jalouse. Il ne supportait qu’aucun intrus n’en foule l’herbe. Ce patriarche avait fière allure et en imposait à tous, uniquement par son apparence.
Personne, donc, n’osait lui chercher querelles et respectait les limites de son territoire. Ce chef entraînait ses guerriers aux stratégies les plus élaborées, au son de marches militaires. En ce temps-là la musique n’était pas proscrite. Un jour, il lança son armée ainsi préparée, contre le rempart que formait, face à eux, la tribu des crocodiles, menée par un chef vindicatif qui souhaitait élargir son propre territoire.
De mémoire ancestrale, rien ne fut plus terrible que cet affrontement. La terre en trembla alentours et les autres habitants de la prairie, par la peur, se réfugièrent où ils pouvaient pour se protéger.
Le conflit cessa aussi promptement qu’il avait commencé, à la suite, disait-on, d’un corps à corps entre le chef des éléphants et le chef des crocodiles, au cours duquel le chef des crocodiles reçut un furieux coup de trompe. En effet, sous le choc, la dent cariée du chef des crocodiles, cause de sa mauvaise humeur ayant engendré le conflit, tomba subitement, le soulageant instantanément.
Le chef des crocodiles comprenant qu’il devait cette libération au chef des éléphants, ordonna à ses guerriers de cesser, illico presto,  le combat et de se retirer du territoire des éléphants. La paix revint aussitôt. Depuis lors, crocodiles et éléphants devinrent les meilleurs amis du monde.

Le territoire des éléphants était immense et Trotte-Menu se sentit soudain épuisée. Elle se permit alors une petite halte et s’endormit. Ses rêves furent peuplés d’éléphants aux défenses menaçantes, de crocodiles aux dents acérées mais cariées, de loirs endormis sur la mousse, d’escargots effectuant des records de vitesse impressionnants, de renards dansant au son muet d’une musique silencieuse, d’oiseaux totalement aphones, de Monsieur-Chien berçant le jeune lionceau en chantant d’une voix criarde et fausse.

Elle sursauta, pensant entendre les cris de son protégé et s’éveilla tout en sueur, le cœur battant.
Elle avait osé s’endormir ! Elle avait osé oublier un instant sa mission !…. Honteuse, elle se ressaisit et se remit en route.



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