dimanche 20 mars 2016

TROTTE MENU ET LE PETIT LIONCEAU - CHAPITRE 5


Après de longs jours et de longues nuits, Trotte-Menu arriva enfin en vue du grand-fleuve-dont-on-ne-voyait-pas-l’autre-rive. Elle  approcha au bord de l’eau et comprit que sans aide, elle ne pourrait jamais franchir cette immense étendue d’eau.
Elle déambula un moment, pensive, le long de la rive. Tout à coup, elle aperçut dansant au gré des remous, un navire. Elle se dirigea vers  son emplacement et distingua, de plus en plus nettement, l’équipage qui, sur le pont, s’affairait aux tâches journalières.
Le capitaine se tenait à la proue et Trotte-menu se permit de le héler.
« Hé ! Bonjour Capitaine ! » dit-elle forçant sur sa voix, afin de se faire entendre.
Le capitaine lui répondit d’un salut de la tête et l’invita de monter à bord.
En discutant, Trotte-Menu apprit que le navire venait du Pays-des-grands-froids et que l’équipage était composé des habitants de cette contrée, les Pingouins. Les Pingouins étaient des êtres pacifiques, reconnaissables à leur tenue noire et blanche et à leur démarche chaloupée.
Notre petite diplomate expliqua, diplomatiquement, au Capitaine-Pingouin le but de sa mission et son désir de franchir le grand-fleuve-dont-on-ne-voyait-pas-l’autre-rive, pour rencontrer les grands-monstres-du-commencement-du-monde.

« J’ai souvent entendu parler de ce grand jardin paradisiaque où vivent ces animaux gigantesques, mais je n’y ai jamais accosté avec mon navire. »

Après cette réflexion, Capitaine-Pingouin resta un moment silencieux et pensif, tirant de sa pipe d’énormes bouffées de fumée. Puis, se redressant, il déclara :

« Je vais vous aider. Un monde sans musique est un monde qui mourra peu à peu de tristesse. Nous allons appareiller et nous diriger vers ce monde inconnu. »

Trotte-Menu remercia, ravie, mais sa joie s’assombrit soudain. C’était la première fois qu’elle prenait le bateau. N’allait-elle être malade ?


Trotte-Menu, sur le pont, le museau fouetté par l’air, profitait du spectacle exceptionnel qui lui était donné de voir. Jamais elle n’avait vu autant d’eau. C’était fabuleux !
Non, ce n’était pas un fleuve, cette eau bouillonnante. C’était ce que les anciens appelaient un océan. Plus profond, plus gigantesque qu’un fleuve, composé d’une eau salée qu’il ne fallait pas boire. Trotte-Menu fut très étonnée de ne pas avoir de nausées.
Elle aperçut des baleines. Elle engagea même la conversation avec l’une d’entre elles qui lui compta ses déboires amoureux avec Monsieur-Baleine, navigateur aux longs cours qui voyageait souvent et très loin, la délaissant continuellement. Elle versa quelques larmes qui vinrent saler un peu plus l’étendue marine et disparut sous l’eau, sans doute pour essayer de noyer son chagrin. Elle disparut sous l’eau en soupirant si fort que le navire se mit à tanguer dangereusement.
A cet instant précis, notre petite amie se sentit un peu moins le « pied marin ».

Trotte-menu vit également des grosses tortues qui lentement plongeaient dans les flots et remontaient à la surface régulièrement. Elles n’étaient pas bavardes, concentrées sur leur activité d’ascenseur-aquatique.

« Quand dorment-elles ? s’interrogea Trotte-Mmenu. Mais elle n’osa poser cette question aux intéressées de peur de les froisser. N’était-elle pas diplomate ?

Soudain, elle resta sans voix ! Une tortue était là, devant ses yeux, les pattes en l’air, flottant sur sa carapace dont elle se servait comme embarcation.

« Que faites-vous ainsi ? demanda Trotte-Menu, trop intriguée cette fois pour rester muette.
-          Je prends un bain de soleil, répondit la tortue, tu ne le vois donc pas ? Je suis fatiguée et c’est le seul moyen de rester inerte tout en continuant à flotter. Ingénieux, non ?

Le temps passait et toujours rien à l’horizon. Que d’eau ! Trop d’eau ! Et ce qui était une joie au début de la traversée, devint vite tristesse au fil des jours.

Capitaine-Pingouin ne savait pas non plus combien de temps durerait le voyage. N’était-ce pas la première fois qu’il entreprenait ce périple. Il fallait attendre, patienter, guetter.

Trotte-Menu pourtant d’un naturel optimiste commençait à avoir le moral en berne. Arriverait-elle à bout de cette mission ? Nul ne pouvait le dire à cet instant précis.



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