Pour l’entretien ou la réparation des cheminées
21 janvier 1774
« Le Sieur Brument,
Plâtrier-Couvreur, sur l’Eau-de-Robec, paroisse S. Vivien, au coin de la rue du
Char, près des Balances, fait & fournit ce qu’il faut pour empêcher les
cheminées de fumer ; s’il ne réussit pas, il n’éxige (sic) aucun payement, il répare les cheminées qui
sont mauvaises. »
Je
souhaitais vous donner quelques informations sur la rue du char, mais rien…….
Même dans la liste des anciennes rues de Rouen, ce nom ne figure pas.
Quant
aux balances ? Je pensais pouvoir découvrir un marché aux grains ou aux bestiaux non loin de la rue du Char qui auraient pu
justifier la présence de balances, mais rien de rien …..
Alors,
je lance un appel désespéré : « Qui peut m’aider ? »
La rage, une maladie à éradiquer
21 janvier 1774
« On mande de Luxembourg, du 4
de ce mois, qu’un loup enragé a fait beaucoup de ravages dans différens (sic)
Villages des environs de cette Ville ; de trente personnes qui ont été
mordues, six sont mortes de la rage ; un Médecin de Liége a parfaitement
guéri les vingt-quatre autres de cette cruelle maladie, au moyen du mercure. Il
a fallu tuer quantité de bestiaux & de mâtins qui avoient été mordus. Un
paysan qui battoit à la grange a tué cet animal d’un coup de fléau qu’il lui a
porté adroitement sur la tête. La réussite de ce traitement prouve la bonté du
remède trés-détaillé (sic) dans un Mémoire que l’on trouve en notre bureau, à
Rouen ; & qui devroit être aux mains de tous les Curés & Seigneurs
de Paroisses ».
Le journal le « Courrier
d’Avignon » en date du 27 septembre
1764, donne la recette d’une poudre
infaillible contre la rage.
Alors, voilà ……………
Cueillir, vers la pleine lune de
juin les fleurs des treize plantes suivantes : armoise, absinthe, bétoine,
petite centaurée, petite menthe ou pouillot, millepertuis,
mélisse ou piment, grand
plantain, polypode de chênes avec les
racines, reine des prés, rue, verveine
et menue sauge.
Faire sécher toutes ces plantes à l’ombre, séparément
Ensuite, :
·
les piler toujours séparément à l’aide d’une
pile à piler le millet. Il faut obtenir une fine poudre.
·
Les mêler à poids égal de chacune
·
Les incorporer ensemble,
·
Les mettre et les garder pour le besoin dans un
pot de terre neuf et non vernissé qu’il faut couvrir d’un bouchon de liège
La poudre
obtenue ne se conserve qu’une année.
Le remède est à
prendre trois jours de suite à jeun soit :
·
Pour un adulte, un gros et demi
·
Pour les enfants, un demi-gros
Il est précisé
également que la dose de poudre doit être mise à infuser 12 heures dans un
grand verre de vin blanc vieux.
Après avoir pris
ce breuvage, il fait garder le lit au moins quatre heures, en se couvrant bien.
Le malade doit suer abondamment.
Je suppose que
le plus difficile était de trouver les ingrédients.
Petite
précision : le gros est une mesure de poids équivalant à 3.816 grammes
soit 1 once.
Heureusement, en
notre début de XXIème siècle, les cas de rages sont quasi
inexistants et puis, nous avons eu la chance d’avoir le vaccin de Monsieur Louis
Pasteur.
Des morts qui répandent la mort…..
21 janvier 1774
« On mande de Nantes que le
Seigneur d’un Village à deux lieues de cette Ville, étant mort le 15 décembre
d’une fièvre putride, on l’a inhumé dans l’Eglise paroissiale, qui est un
bâtiment fort ancien, peu éclairé, & la voûte fort basse ; on avoit
fait la fosse sous la même tombe où avoit été inhumée au mois de Février
précédent une parente de ce Seigneur ; il avoit fallu retirer le cercueil
de cette Dame pour faire place pour deux ; ce qui causa des exhalaisons
insuportables (sic), malgré lesquelles on n’a pas laissé que de faire la
cérémonie & les offices accoutumés ; mais dans la huitaine suivante il
est mort quinze des personnes qui étoient dans l’Eglise lors du convoi, du
nombre desquelles sont quatre paysans qui avoient levé la tombe, fait la fosse
& enterré les deux cercueils ; cinq curés du voisinage & celui du
lieu qui avoient assisté à la cérémonie ont été à l’extrêmité (sic) ; mais
la force de leur tempéramment (sic) les a tiré d’affaire. Il n’y a qu’un cri
contre l’usage où l’on est d’enterrer les morts dans l’enceinte des Villes
& dans les Eglises ; de célèbres Médecins, tous les papiers publics,
n’ont cessé depuis quelques-tems (sic) de s’élever avec force contre le danger
& les inconvéniens (sic) qui resultent (sic) de cet usage ; cependant
il n’y a encore que quelques Villes qui ont profité de cet avis. Telles sont
les bornes de l’esprit humain. On dit souvent les plus belles choses du monde
sur des matiéres peu dignes d’attention ; & sur une qui trop souvent
fait disparoître (sic) des Citoyens utiles, on reste tranquille, parce que
nombre de gens en retirent un avantage, & d’autres prétendent avoir le
droit d’empoisonner leurs semblables, même après leur mort. »
Voilà
qui amène de l’eau au moulin d’un de mes commentaires de la fin 1773, sur l’enterrement
de défunts au sein des églises.
Une
multitude d’articles parlant du danger d’inhumer dans les églises, avec
exemples dramatiques, a déferlé tout au long des années de 1772 à 1775. Il
fallait faire bouger les habitudes et la peur est une des principales
motivations.
Humour anglais
28 janvier 1774
« On lit dans la Gazette
générale de Rome, du 14 Décembre, l’anecdote suivante, dont le héros peut
passer pour un modèle de l’extravagance la plus humiliante.
A la suite d’une exécution qu’on
fit la semaine d’avant, un Anglois qui y avoit assisté, fut si content de
l’adresse du Bourreau, qu’il alla le trouver chez lui, & lui dit qu’il
vouloit absolument qu’il le pendit sur le champ. Le Bourreau lui répondit qu’il
le sastisferoit (sic) volontiers s’il en avoit la permission du Gouvernement.
L’Anglois ajouta qu’il le vouloit absolument, que sa volonté suffisoit, &
que s’il s’obstinoit à lui refuser cette satisfaction, il alloit lui brûler la
cervelle avec un pistolet qu’il lui montra. Le bourreau intimidé par cet acte
de violence, l’assura que puisque c’étoit sa volonté irrévocable, il alloit
mettre en ordre toutes les choses nécessaires pour lui donner cette marque de
son dévouement. En effet, il fit les préparatifs convenables pour le pendre.
L’Anglois marquoit pendant ce tems (sic) une impatience extrême, & ne
cessoit de l’accabler d’injures sur sa lenteur. Enfin, pour se débarrasser des
poursuites de cet insensé, le bourreau feignit d’avoir besoin d’une corde qui
étoit dans la chambre voisine, & au lieu de revenir, il courut avertir les
Archers qui se saisirent de l’Anglois, le désarmérent (sic) & le
conduisirent en lieu de sûreté. »
Rien
à vous apprendre sur ce bourreau ou cet anglais dont l’article ne mentionnent
pas les identités.
Mais,
cette page méritait, par son « humour anglais », de vous être
présentée.
Ce
pauvre britannique n’a sûrement pas fini sa vie sous la main du bourreau, mais
dans un asile d’aliénés. Ils étaient pleins, ces asiles, à cette époque, comme
au siècle suivant d’ailleurs et ceux qui avaient précédés.
L’alcoolisme
et la misère mettaient à mal les habitants de notre monde et surtout, le
moindre comportement dit « anormal » était considéré comme
folie ! Il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour que des
médecins-aliénistes se penchent sur les malades, les écoutant et les
considérant, et non uniquement sur leur maladie.
Prudence !
4 février 1774
« En différens tems (sic) on a
vu des malheurs, occasionnés par le feu des Chaufferettes. Depuis peu de jours
une femme d’âge a péri en cette Ville, le feu prit à ses habits : un jeune
enfant a été aussi la victime de l’imprudence de sa mere (sic), qui la laissa
seul un moment sur sa chaufferette ; les meres (sic) devroient ne point
oublier qu’un enfant ne doit jamais être seul où il y a du feu. Ne pourrait-on
point donner à ces petits meubles, absolument utiles en hyver (sic) une forme
qui garentisse (sic) de ces inconvéniens (sic) : on fait des recherches
sur des objets où la vie des Citoyens n’est point en danger. »
Voilà
des recommandations bien sages qui ne furent pas toujours suivies.
La chasse aux loups
11 février 1774
« On desireroit (sic) sçavoir
(sic) pourquoi MM. Les Chasseurs du pays de Caux, prennent plutôt la saison de
Septembre & Octobre pour chasser le Loup, au lieu de celle de Février &
Mars, tems (sic) où les Louves sont pleines, dont on feroit une destruction
considérable, & qui seroit très-utile (sic) aux Laboureurs, dont les
troupeaux & autres bestiaux sont souvent dévorés : on prie de répondre
par la voie des annonces. »
Cette
question, fort intéressante il faut l’avouer, n’a pas déclencher une avalanche
de réponses …..
Rien
dans les feuilles suivantes ! Si vous êtes chasseurs, qu’en
pensez-vous ?
La témérité peut entraîner la mort !
11 février 1774
« Tous les ans, lorsque la
Seine a été couverte de glace, il y a eu des enfans (sic) souvent des hommes,
qui ont été victimes de la manie d’aller sur la glace. Le 22 Janvier dernier,
des enfans (sic) sortant d’une école à Metz, furent sur un étang glacé, près
une des portes de la Ville, deux freres (sic), l’un de 15 l’autre de 13 ans,
entre les premiers, se traînant l’un sur l’autre : mais arrivés au milieu,
la glace casse & ils disparoissent ; deux autres freres (sic) l’un de
10 l’autre de 8 ans, qui étoient à 20 pas, ont la témérité de s’aprocher (sic)
du trou pour secourir leurs camarades, & éprouvent le même malheur ;
tous quatre ont péri, & laissé un terrible exemple aux peres & meres
(sic) de veiller sans cesse à la conservation de leurs enfans (sic). Une peine
affective seroit bien infligée aux hommes imprudens (sic), qui donnent
l’exemple de l’humanité, qui ne raisonne point. »
Je
viens de repasser tous les actes de toutes les paroisses et hôpitaux de Metz.
Je n’ai rien trouvé concernant le décès de quatre enfants. Ils n’habitaient
peut-être pas Metz, aussi dans ces conditions, impossible de trouver.
De
plus, pas de journaux en ligne dans les archives de Moselle.
Feue Noble Dame Marie-Madeleine Mesnage-de-Cagny
25 février 1774
« Le 9 de ce mois, Noble Dame
Marie-Madeleine Mesnage-de-Cagny, mourut à Caen, âgée de 80 ans. Cette dame,
veuve de Messire Gabriel le Duc, Chevalier, Seigneur de S. Clou, de Fierville,
de Couvert, &c., Lieutenant de Nosseigneurs (sic) les Maréchaux de France,
descendoit du célébre Jacques Ménage, Seigneur de Cagny, Ambassadeur du Roi
François 1er, en diverses Cours de l’Europe & connu par ses
réparties heureuses et spirituelles. ».
Cette Noble Dame fut inhumée dans la Paroisse Saint-Jean de Caen.
Le
mercredi 9e jour de fevrier 1774 le corps de noble Dame Marie Madeleine
Mesnage veuve de M. Gabriel Le Duc Chevalier Seigneur de St Clou de Fierville,
de Couvert et autres lieux lieutenant de messeigneurs les marechaux de France
agée d’environ 92 ans, décédée le 6 de ce mois munie des St Sacrements a été
inhumé dans cette eglise parM. Adrien Antoine Achard de Vacognes cure de cette
paroisse en presence de MM. B Blin et Naël Louis Miocque qui ont signé.
L’article mentionne 80 ans
comme âge de la défunte, alors que l’acte atteste 92 ans.
Tout comme il est noté, le 9
comme date de la mort, alors que cette date est celle de l’inhumation.
Petit manque de précision.
Cette dame se serait unie à
Gabriel Le Duc, le 5 avril 1701, mais les actes de mariage de cette année sont
manquants dans les archives en ligne. Je ne peux donc pas vous le confirmer.
Pas d’autres précisions sur
ce couple descendant d’une lignée de valeureux maréchaux de France.
Sur les
fonds baptismaux
11 mars 1774
Le premier de ce mois fut baptisé à
Saint Eustache à Paris, Victor-Louis-Alexandre, fils de Haut & Puissant
Seigneur Claude-Alexandre Toustain de Frontebolc, Marquis de Toustain, Seigneur
d’Ecrênes, les Murs, la Bretonnière, la Perrière, Montasilan, Pierrevesche,
Béjun & autres lieux, Chevalier de l’Ordre Royal & Militaire de S.
Louis, Maréchal des Camps & Armées du Roi, premier Lieutenant de ses
Grenadiers à Cheval, & haute et puissante Dame Marie-Anne-Françoise
Olivier, son épouse : le Parrein très-haut & très-puissant (sic)
Seigneur Monseigneur Victor-François Duc de Broglie, Maréchal de France,
Chevalier des Ordres du Roi, Gouverneur de Metz & du pays Messin, Prince de
S. Empire Romain, premier Baron Fossier de Normandie, la Marreine très-haute,
très-puissante & très-illustre (sic) Dame Madame Louise-Pauline Françoise
de Montmorenci-Luxembourg de Tingry, Dame Baronne de l’Honneur-du-Hommet, de la
Rivière, &c. Veuve de très-haut, très-puissant & très-illustre (sic)
Seigneur Monseigneur Anne-François de Montmorenci-Luxembourg, Duc de
Montmorenci, Premier Baron de France, premier Baron Chrétien, Souverain
d’Aigremont, Marquis de Seigneley, Lonrey, Blainville, Comte de Tancarville
& de Gournay, Chambellan héréditaire de Normandie, Colonel du Régiment de Touraine,
Brigadier des Armées du Roi, Capitaine des Gardes du Corps de sa Majesté,
épouse en secondes nôces (sic) de très-haut, très-puissant & très-illustre
(sic)Seigneur Monseigneur Louis-Joseph Prince de Montmorenci, premier Baron de
France & premier Baron Chrétien, Maréchal des Camps & Armées du Roi,
Gouverneur de la Rochelle, & Menin de Monseigneur le Dauphin.
Victor
Louis Alexandre serait donc né le 1 mars 1774, à moins que ce soit la date du
jour de son baptême.
Il
était le fils de Claude Alexandre Toustain de Frontebolc et de Marie Anne
Françoise Olivier.
Son
lieu de naissance, Paris, ne me permet pas de fouiller dans les archives, car
elles ont brulé….
Une
personne sur Geneanet a reconstitué sa généalogie, mais je ne peux confirmer
les dates n’ayant pas eu accès aux actes. Voici ses informations :
Victor
Louis Alexandre, né le 28 février 1774 à Paris et décédé le 24 avril 1829, à Lons
le Saunier dans le Jura, à l’âge de 29 ans.
Il
aurait épousé Sophie de Charmont, le 1er août 1806. Cette jeune
femme serait née à la Rochelle le 19 janvier 1771.
Regardant
tous ces renseignements, je peux tout de même creuser. Qu’en pensez-vous ?
Premièrement.
Chou blanc car les actes du Jura ne sont pas encore numérisés ! Je ne
pourrais donc pas vous noter l’acte de décès de ce nouveau né de 1774.
Je
me suis battue pendant plusieurs heures avec le site des archives de Charente Maritime.
J’ai cédé devant sa résistance …..
Alors
je me suis retournée vers les parents de la mariée, Sophie de Charmont ou plus
exactement Sophie Marie Françoise de Chermont.
Son
père se nommait jean Gabriel de Chermont. Il serait né
le 7 juin 1730 à Toul en Meurthe et Moselle et décédé en 1808 à la Rochelle en Charente
Maritime. La Rochelle ! On oublie !
Voyons
un peu Toul.
Ouah !
Cette famille ne veut rien dévoiler !!!
Sa
mère, Marie Charlotte de Fabre de Mazan est née à la Nouvelle Orléans, en Louisiane. Bon ! ça continue !!!
Mais
elle est décédée à Chartres, le 13
juillet 1821.
Voici,
enfin, un acte, trouvé dans les
registres d’état civil :
Du treize juillet mil huit cent
vingt et un à midi, Marie Charlotte Fabre de Mazan propriétaire âgée de
soixante dix sept ans environ, native de la Louisiane épouse divorcée de Jean
Gabriel de Chermont colonnel de Génie Chevalier de l’ordre royal et militaire
de St Louis et chevalier de l’ordre de Davis est décédée cejourd’hui à trois
heures du matin en son domicile en cette ville rue du cheval blanc sur la
déclaration faite par MM Jacques Armand François comte de Gogué chevalier de
l’ordre royal et militaire de St Lazare ancien capitaine au Régiment de royal
navarre cavalerie et Jean Jacques Marie de Kirwan ingénieur en chef du
cadastre, tous deux majeurs demeurant à Chartres. Lesquels ont signé le présent
acte lecture faite.
Le
second époux de la marraine de l’enfant était « Menin de Monseigneur le
Dauphin ».
Un
menin était un gentilhomme affecté particulièrement à la personne du Dauphin.
Les menins étaient au nombre de six.
Dame Nature a parfois des ratés
1er
avril 1774
« Une lettre de Noir Moutiers
(sic), raporte (sic) que dans une maison où il y avait des lapins domestiques,
une chatte s’étoit tellement familiarisée avec ces animaux, que les 3 petits
qu’elle avoit mis bas, l’un étoit chat ordinaire, & les deux autres, mâle
et femelle, étoient moitié chats & moitié lapins ; chats par la tête
& par une partie du corps, lapins par le reste : ils marchoient en
sautant comme le lapin, mais plus vite que le lapin & le chat. La mere
(sic) les a nourris pendant 10 à 12 jours, au bout desquels ils sont morts. »
Il
s’agit de Noirmoutier, bien entendu.
Aucune
chance que ces « chapins ou lachats » soient des animaux hybrides.
Non !
Les
petits chats sont nés malformés et cette malformation a fait qu’ils n’ont vécu
que 10 jours.
Etonnante
la crédulité des gens de cette époque, crédulité due au manque de
connaissances.
Elle fut regrettée à Vernon
1er
avril 1774
Le 7 de ce mois, dans l’Eglise
Royale, Collégiale & Paroissiale de Notre-Dame de Vernon, a été inhumée
Dame Marguerite-Geneviéve de Bordeaux, âgée de cent deux ans deux mois et six
jours, veuve de Mre (sic) David Danviray, Chevalier, Seigneur de Mongremont.
Elle a toujours été d’un caractére (sic) charmant & d’une physionomie
aimable. Elle réunissait en sa personne tous les agrémens (sic) & toutes
les vertus de son sexe, sçachant (sic) s’occuper solidement & s’amuser
décemment ; la gaieté, la santé, la présence d’esprit, la politesse, la
bienfaisance, l’ont accompagnée jusqu’au moment qu’elle a perdu connoissance,
veille du jour qu’elle a cessé de vivre. Elle étoit vraiment digne de
l’aplication (sic) qu’on lui a faite, de son vivant, de ces quatre Vers,
adressés, dit-on, par M. de Voltaire, à une Dame comblée de mérites &
d’années :
Nos ayeux (sic) vous virent belle,
Vous plaisiez encore à cent ans.
Vous méritiez d’épouser Fontenelle,
Et d’être sa veuve long-tems (sic).
Cette dame étoit belle-mere (sic)
de feu M. L’Abbé Toussaint-Danviray, Licencié de Sorbonne, Grand Vicaire
d’Evreux, Prieur-Commendataire de Notre-Dame de la Blouriere, & Doyen du
Chapitre de Vernon. Elle l’avoit élevé comme son propre fils ; il l’aimoit
& il la respectoit comme si elle eût été sa véritable mere (sic). Cet Abbé
d’un mérite distingué, est décédé en 1763, âgé de 60 & quelques années &
très-regretté (sic). On profite de cette occasion pour rendre à sa mémoire
l’honneur qu’on auroit dû lui rendre alors.
Ci-joint
l’acte de décès de cette dame centenaire :
L’an de grace mil sept cent
soixante quatorze le 7 du mois de mars par Messieurs du Chapitre de l’Eglise
Collegiale de Notre Dame de Vernon a été inhumé dans la ditte Eglise le Corps
de Genevieve marguerite de Bordeaux veuve de messire David Danoiray chevallier
Seigneur de mongrimont décédée sur cette paroisse le jour pecedent agee de cent
deux ans trois mois ou environ munie des Saints Sacrements de l’Eglise. La
ditte inhumation faite en presence de Mr Jean Jacque ferrand prêtre de la ditte paroisse de jacques
philippes Lestoc clerc de laditte paroisse temoins soussignes en foi de quoi
nous pierre Nicolas Boucherot prêtre Vicaire de la paroisse de Notre Dame du
dit Vernon avons signe le presant acte
Je
ne peux rien vous apprendre de plus. Toutes mes recherches se sont soldées par
un néant des plus déprimants !
Un bel humour
1er
avril 1774
Une plaisanterie amuse actuellement
tout Paris, autant que les grandes affaires l’ont occupé depuis si long-tems
(sic). Un seigneur rival d’un autre auprès d’une demoiselle, a fait un Mémoire
à consulter, pour sçavoir (sic) jusqu’à quel point l’ennui peut nuire à la
santé ; on dit la Consultation signée d’un grand nombre de Médecins, &
tendant à prouver que c’est une maladie mortelle. Ce Seigneur a porté plainte
en conséquence, disant que son rival ennuye (sic) la Demoiselle au point de lui
causer la mort.
Quel
humour ! Dommage que l’article ne
donne pas plus de renseignements concernant les deux rivaux et la belle.
Cette
damoiselle a-t-elle épousé un de ces deux adversaires ?
Ou
les a-t-elle-laissés là, en plan tous les deux, pour un troisième prétendant ?
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