dimanche 3 avril 2016

TROTTE MENU ET LE PETIT LIONCEAU - CHAPITRE 7


Trotte-Menu arriva juste au moment où Capitaine-Pingouin donnait l’ordre de lever l’ancre. Hissée à bord, elle apprécia grandement le repos que lui procura le voyage de retour.
Elle pensait revoir la baleine et la tortue, leur compagnie, même brève lui aurait procuré un peu de plaisir, et le temps aurait passé plus vite. Elle se languissait de revoir son filleul.
Lorsque la traversée arriva à son terme, elle remercia chaleureusement Capitaine-Pingouin et son équipage et se mit en route sans attendre, car il lui restait encore à parcourir, en sens inverse, toute  la grande prairie, ce qu’elle fit en un temps record, tant sa hâte était immense de montrer sa découverte et de tester son efficacité.

Trotte-Menu fut accueillie à bras ouverts, mais sans fanfare, la musique étant toujours interdite.
Maman-Lion lui demanda tous les détails de son voyage. Elle était heureuse de revoir la marraine de son lionceau car elle avait pour elle beaucoup d’estime et de confiance. Notre petite souris conta toutes ses péripéties et montra les « petites boules  miracles » que lui avait conseillées le monstre-du-commencement-du-monde.
« Maintenant, dit Maman-Lion, nous allons nous rendre auprès de Petit-Lion. 

Anxieuse, Trotte-Menu suivit Maman-Lion.  Et si elle avait fait tout ce chemin pour rien ? Et si le remède n’était pas efficace ? Et si ….. ?

Petit-Lion courait après un magnifique papillon. Dans le calme de cette fin de martinée, tout était paisible. Apercevant sa marraine, il gambada à sa rencontre, tout joyeux de la revoir enfin.
Quelques instants plus tard, Bébé-Lion était assis, l’air hébété, de grosses boules blanches débordant de ses oreilles. Maman-Lion, Trotte-menu, le Ministre Monsieur-Vieux-Chien venu à la rescousse, tous trois parlaient, gesticulaient devant le lionceau qui ne comprenant rien à ce qui semblait être un nouveau jeu, attendait qu’on lui en expliqua les règles.

Trotte-Menu, une boule d’angoisse au creux de l’estomac, fredonna alors, doucement, une mélodie, attentive  aux réactions de son filleul. Ne le voyant pas réagir, elle s’enhardit à chanter plus fort, et encore plus fort, en un énorme crescendo.
Rien ! Le lionceau ne disait rien, ne criait pas, ne semblait pas entendre.

Alors, Trotte-Menu, à pleins poumons, entama un « forte » impressionnant. Maman-Lion reprit le refrain avec elle, riant et pleurant à la fois. Même le vieux ministre les accompagna. Je crois bien que c’était la première fois qu’on l’entendit chanter, la dernière également.

Notre petite amie, folle de joie, se redressa, fière d’avoir réussi sa mission avec brio.
Elle fut d’ailleurs décorée de l’ordre dignitaire le plus haut de tout le royaume. On frappa même monnaie à son effigie.

Ce fut la gloire !

Bien entendu, le décret de loi interdisant la musique fut aboli, et pour fêter ce grand évènement, il y eut une semaine de grandioses réjouissances au cours de laquelle on joua de la musique, toute sorte de musique, à s’en rompre les tympans, à s’en saouler.

C’est ainsi que finit l’histoire.
Qu’advient-il de Trotte-menu ?
Petit-Lion devint-il un roi digne de ce nom ?
Les grands-monstres-du-commencement-du-monde existent--ils encore dans cette île paradisiaque ?

Après tout, qu’importe, mais je crois que oui, car une histoire est une histoire, et pour qu’elle vive, il faut y croire !


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