Trotte-Menu
arriva juste au moment où Capitaine-Pingouin donnait l’ordre de lever l’ancre.
Hissée à bord, elle apprécia grandement le repos que lui procura le voyage de
retour.
Elle
pensait revoir la baleine et la tortue, leur compagnie, même brève lui aurait
procuré un peu de plaisir, et le temps aurait passé plus vite. Elle se
languissait de revoir son filleul.
Lorsque
la traversée arriva à son terme, elle remercia chaleureusement Capitaine-Pingouin
et son équipage et se mit en route sans attendre, car il lui restait encore à
parcourir, en sens inverse, toute la
grande prairie, ce qu’elle fit en un temps record, tant sa hâte était immense
de montrer sa découverte et de tester son efficacité.
Trotte-Menu
fut accueillie à bras ouverts, mais sans fanfare, la musique étant toujours
interdite.
Maman-Lion
lui demanda tous les détails de son voyage. Elle était heureuse de revoir la
marraine de son lionceau car elle avait pour elle beaucoup d’estime et de
confiance. Notre petite souris conta toutes ses péripéties et montra les « petites
boules miracles » que lui avait conseillées le
monstre-du-commencement-du-monde.
« Maintenant,
dit Maman-Lion, nous allons nous rendre auprès de Petit-Lion.
Anxieuse,
Trotte-Menu suivit Maman-Lion. Et si
elle avait fait tout ce chemin pour rien ? Et si le remède n’était pas
efficace ? Et si ….. ?
Petit-Lion
courait après un magnifique papillon. Dans le calme de cette fin de martinée,
tout était paisible. Apercevant sa marraine, il gambada à sa rencontre, tout
joyeux de la revoir enfin.
Quelques
instants plus tard, Bébé-Lion était assis, l’air hébété, de grosses boules
blanches débordant de ses oreilles. Maman-Lion, Trotte-menu, le Ministre
Monsieur-Vieux-Chien venu à la rescousse, tous trois parlaient, gesticulaient
devant le lionceau qui ne comprenant rien à ce qui semblait être un nouveau
jeu, attendait qu’on lui en expliqua les règles.
Trotte-Menu,
une boule d’angoisse au creux de l’estomac, fredonna alors, doucement, une
mélodie, attentive aux réactions de son
filleul. Ne le voyant pas réagir, elle s’enhardit à chanter plus fort, et
encore plus fort, en un énorme crescendo.
Rien !
Le lionceau ne disait rien, ne criait pas, ne semblait pas entendre.
Alors,
Trotte-Menu, à pleins poumons, entama un « forte » impressionnant.
Maman-Lion reprit le refrain avec elle, riant et pleurant à la fois. Même le
vieux ministre les accompagna. Je crois bien que c’était la première fois qu’on
l’entendit chanter, la dernière également.
Notre
petite amie, folle de joie, se redressa, fière d’avoir réussi sa mission avec brio.
Elle
fut d’ailleurs décorée de l’ordre dignitaire le plus haut de tout le royaume.
On frappa même monnaie à son effigie.
Ce
fut la gloire !
Bien
entendu, le décret de loi interdisant la musique fut aboli, et pour fêter ce
grand évènement, il y eut une semaine de grandioses réjouissances au cours de
laquelle on joua de la musique, toute sorte de musique, à s’en rompre les
tympans, à s’en saouler.
C’est
ainsi que finit l’histoire.
Qu’advient-il
de Trotte-menu ?
Petit-Lion
devint-il un roi digne de ce nom ?
Les
grands-monstres-du-commencement-du-monde existent--ils encore dans cette île
paradisiaque ?
Après
tout, qu’importe, mais je crois que oui, car une histoire est une histoire, et
pour qu’elle vive, il faut y croire !
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