Voilà, ci-dessous, en italique, le début d’une histoire, que
je vous demandais de poursuivre…..
A l’orée d’une grande
forêt, dense et profonde se trouvait un petit village dont les habitants
vivaient paisiblement. Il ne s’était jamais rien passé d’extraordinaire en ce
lieu. Même pas une querelle entre voisins. Presque le paradis !
Oui, le calme et la
sérénité. Jusqu’au jour où ces habitants si tranquilles entendirent d’étranges
bruits et aperçurent des ombres rôder la nuit autour des maisons, et notamment,
à la faveur des nuits de pleine lune.
Les habitants, très
inquiets, se regroupèrent donc autour du maire et du commissaire de police. Il
fallait absolument faire la lumière sur ce mystère, et bien sûr, chacun avait
sa petite idée.
Il s’agissait, à n’en
pas douter de quelques rôdeurs, en quête de mauvais coups.
N’étaient-ce pas,
plutôt, des nuages passant devant la lune qui provoquaient ces ombres mouvantes
et, l’inquiétude aidant, celles-ci s’étaient transformées en brigands ? La
rumeur, ayant fait son petit bonhomme de chemin, avait envahi les esprits,
créant une psychose.
Une vieille, toute
ratatinée, avança qu’elle avait entendu dire, dans sa jeunesse, que des
brigands, justement, avait envahi le village, il y a de ça, très longtemps.
Ceux-ci avaient été arrêtés et pendus aux branches des arbres bordant le
village. Assurément, c’étaient eux qui revenaient hanter les lieux. « Les
revenants, avait-elle ajouté, sont plus terribles que les êtres vivants. Ils cherchent
vengeance, après des siècles d’errance ! »
« Et pourquoi pas
des Korrigans, pendant qu’on y est, avait ajouté avec humour, un homme qui ne
croyait nullement à ces fadaises, ou un sabbat dans la forêt. Gare aux
sorcières ! »
Dont
voici une suite possible :
Oui,
bien sûr, cette dernière réflexion souleva rires et quolibets, mais, malgré
tout, personne n’était bien fier face aux évènements.
Il
fut décidé que des sentinelles feraient le guet chaque nuit.
Un
homme par endroit ?
Ne
risquerait-il pas, seul, de s’endormir ? Et si il était attaqué ?
Deux
alors ?
Deux,
pas mal ! A condition, toutefois, qu’ils ne discutent pas et surtout ne
boivent pas, même pour se réchauffer. Pas d’alcool ! Uniquement de la
vigilance. Vigilance !
Chaque
matin, au rapport, les sentinelles racontaient ce qu’elles avaient observé.
C'est-à-dire, rien, la première semaine.
Dans
la journée, ceux qui avaient veillé toute la nuit dormaient. Il fallait bien
récupérer. De ce fait, le travail ne se faisait pas. Les travaux des champs
prenaient du retard. Les magasins restaient porte close.
Tout
ce chamboulement commença à mécontenter toute la population et, pour la
première fois de mémoire d’anciens, des disputes éclatèrent, ici et là, comme ça pour un rien. Chacun
avait les nerfs à fleur de peau.
Le
maire se décida à rassembler le conseil municipal. Il y invita le commissaire
de police, responsable de l’ordre et de la sécurité.
« Que
pouvons-nous faire ? demanda-t-il d’un air impuissant.
-
Ce que je trouve étrange, si je peux me
permettre, c’est que depuis qu’il y a des guetteurs, il ne se passe plus rien.
On peut donc en conclure que la présence de ceux-ci dérange l’intrus ou les
intrus nocturnes, déclara avec assurance, après analyse des faits, le
commissaire de police.
Chacun
acquiesça d’un hochement de tête.
« Donc ?
interrogea le maire.
-
Donc, poursuivit le commissaire de
police, il n’est pas nécessaire de bloquer nos activités de la journée, en
raison des fatigues de la nuit.
-
Mais encore ? continua le maire.
-
J’y viens, j’y viens …..
Mais
avant de poursuivre et, afin de maintenir le public en haleine, le commissaire
de police prit le temps de lisser ses moustaches qu’il avait fort jolies, il
faut bien l’avouer.
« Voilà….
Deux hommes, et seulement deux par nuit, effectuant des rondes sont
nécessaires. N’étant pas toujours au même endroit, cela gênerait moins la venue
de ces êtres ….. »
Il
n’acheva pas sa phrase qui, ainsi laissée en suspens, ajoutait un mystère des
plus complets. Le commissaire de police avait un goût très prononcé pour les
effets théâtraux.
Chaque
soir, donc, à la tombée de la nuit, se répétait le même scénario. Les femmes
rentraient les poules et autres animaux, houspillaient leur marmaille pour
qu’elle revienne vite au logis, fermaient portes et volets.
Les
rondes nocturnes commençaient, effectuées par deux hommes armés.
Les
deux premiers furent le cordonnier, petit homme fluet, et l’épicier qui
approchait du double-mètre et avait une carrure imposante.
Un
drôle de duo !
Le
cordonnier dit à voix basse :
« Si
ce sont des esprits malveillants comme le prétendent les femmes, les fusils ne
serviront à rien !
-
Faut voir ! répondit l’épicier,
moi, je ne crois pas à tout ça.
-
Faut voir ! rétorqua le cordonnier,
moi, je n’y crois pas, mais …..
Cette
nuit-là, il ne se passa rien.
La
seconde nuit fut une nuit à ne pas mettre un chien dehors. Une pluie diluvienne
s’abattit sur le village.
Ce
fut au tour du maire et du secrétaire de mairie qui emmitouflés comme il le
pouvait dans des vêtements de pluie, pataugeaient dans la gadoue à en avoir les
chaussures détrempées et cherchaient plus un abri que les intrus qui
s’introduisaient dans leur commune.
Cette
seconde nuit n’apporta rien de plus que la première, sauf, deux consultations
chez le médecin, en raison des éternuements intempestifs qui se répondaient, en
écho, et qui faillirent faire s’écrouler les murs de la mairie.
La
troisième nuit, ce fut le meunier, Pierre, et son commis, Lucas. Dans la clarté
de la nuit, ces deux là, cheveux enfarinés, auraient pu passer pour des fantômes.
Oui,
vous avez bien entendu, « dans la clarté de la lune », car il faisait
pleine lune, ronde et joliment éclairée.
Soudain,
Lucas s’arrêta.
« Ecoute !
dit-il au meunier.
-
Quoi donc ? répondit celui-ci de sa
grosse voix.
-
Chut ! Ecoute !
En
effet, on pouvait entendre des bruits de pas, des bruissements de feuilles et
des craquements de branches.
« C’est
par-là ! dit Lucas en se précipitant vers le lieu d’où provenaient les
bruits. »
Le
meunier, plus enveloppé que son commis, eut bien du mal à le suivre, et ce fut
tout essoufflé qu’il le rejoignit.
Tous
deux venaient d’apercevoir découvrir les intrus qui, découverts, détalaient
sans demander leur reste.
La
révélation de la découverte de la nuit précédente se propagea comme une traînée
de poudre dans le village.
Les
commentaires allaient bon train.
Il
fallait, à présent, que le maire et le commissaire de police annoncent les
faits et proposent des solutions.
Mais
y avaient-ils des solutions possibles aux faits ?
Que
pouvait-on faire contre les évènements ?
Devant
la porte de la mairie, en ce milieu d’après-midi, face aux villageois
rassemblés, le maire et le commissaire de police, l’un à côté de l’autre,
s’apprêtaient à faire une déclaration officielle.
Non
loin d’eux, un peu en retrait, Pierre le meunier et Lucas le commis, héros du jour, attendaient
sans doute quelques félicitations qui, selon eux, tardées à venir.
« Mes
amis, commença le maire d’un ton protecteur, nous venons d’élucider le mystère
des intrus de la nuit.»
Un
silence, ensuite, qui parut interminable.
Le
maire reprit :
« En
effet, nous savons, à présent, qui rôdent autour de notre village. »
Nouveau
silence. L’assemblée commençait à s’impatienter.
« Je
laisse la parole à Monsieur le Commissaire de police qui, chargé de la sécurité
de ce village, va tout vous expliquer.
-
Il serait temps ! pensèrent
certains.
-
Mes amis, commença le commissaire de
Police, nous savons, en effet, à présent qui troublent nos nuits depuis quelque
temps, et je dois remercier Pierre et Lucas pour leur bravoure…..
La
fin de la phrase du commissaire se perdit dans les applaudissements fournis,
accompagnés de « Bravo ! ».
Le
maire fit des signes de mains pour réclamer le silence qui revint peu à peu
pour laisser le commissaire poursuivre.
« Oui,
je disais que grâce à leur bravoure, nous savons quels sont nos ennemis, si je
peux m’exprimer ainsi. Je vous rassure, pas d’apparition d’outre-tombe, pas de
brigands en chair et en os, non plus. Il s’agit tout simplement, mais certains
le savent déjà, évidemment, je disais
donc qu’il s’agit, tout simplement …..
Un
silence long, très long, trop long !
« Bah
alors ! Tu vas le sortir de quoi il s’agit, lança avec impatience un des
habitants, moi, j’ai le boulot qui m’attend !
Un
petit garçon d’environ trois ans, lança alors :
« Moi,
je sais ! Ce sont des nounours, tout comme mon doudou !
Un
peu mécontent qu’un enfant lui vole le mot de la fin, mais ne voulant pas le
montrer, le commissaire lança :
« La
vérité sort toujours de la bouche des enfants, pas vrai ? Tu as raison mon
bonhomme, il s’agit d’un couple d’ours attiré par les ordures de notre
village. »
-=-=-=-=-=-
La
suite est une autre histoire…. Que j’aurais pu poursuivre, il est vrai. Que
j’écrierai peut-être, un jour …….
Voilà
ce que j’ai trouvé comme suite, mais il y avait, bien évidemment, beaucoup
d’autres possibilités.
J’aurais
pu orienter le récit vers un revenant, mais qui croit encore aux revenants de
nos jours ?
J’aurais
pu choisir une histoire de brigands, de détrousseurs de grands chemins, tels
les « chauffeurs » des temps anciens brûlant les pieds de leurs
victimes, aux flammes de la cheminée, pour leur faire avouer où ils cachaient
leur argent.
Trop
violent à mon goût. Il n’y a qu’à ouvrir l’ordinateur pour prendre en pleine
face toutes les violents horribles de ce siècle.
Alors, j’ai choisi de
« gros nounours » bien inoffensifs, en quête de nourriture
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