lundi 7 novembre 2016

MONSIEUR PAUL - Chapitre 2


Dans la cour de récréation de l’école du village, le défit était lancé : Qui arriverait à pénétrer la demeure inviolable et ramener des indices permettant de dévoiler la personnalité de cet étrange personnage ?

Antoine, le plus déluré de tous, lança :
« Moi, j’irai escalader le mur.
-      T’es pas cap ! ironisa Clément, dit Clem.
-      Tu verras, moi, il m’ fait pas peur, coupa Antoine
-      Et si y avait un chien, supposa Yann.
-      T’as déjà entendu aboyer en passant le long du mur ? répliqua Antoine
-      Bah non ! répondit Yann, tout penaud de sa question qui lui sembla tout à coup tout à fait stupide.
-      Alors, y’a pas d’ chien ! conclut Antoine sûr de lui.

Puis, regardant un à un ses copains, il demanda :

« Qui veut venir avec moi ?

Un grand silence s’installa. Clem regarda ses chaussures, souhaitant être oublié. Yann se gratta la tête avant de répondre :

« Moi, j’ veux bien, mais, j’ dois rentrer aussitôt la fin de la classe, sinon, ma mater va m’engueuler.
-      Dis plutôt qu’ t’as la trouille ! le toisa Antoine avec un petit sourire de mépris.
-      Pas du tout, se défendit Yann, c’est que tu connais pas ma mater, quand elle gueule, c’est quelque chose !


Une fillette, aux boucles blondes, s’approcha du groupe des garçons, avec un sourire enjôleur. Elle demanda :

« Tu m’emmèneras Antoine ?
-      Lâche-moi, toi ! répondit le garçon. Rentre à la maison, maman va s’inquiéter.
-      Dis, insista la fillette, tu m’emmèneras avec toi ? Si tu veux pas, je vais     l’ dire à maman !

Devant la menace de sa sœur, Antoine promit d’une voix soudainement radoucie :

« On verra. Rentre à la maison. »
Puis, ne voulant pas perdre la face devant ses copains, il lança d’une voix autoritaire :

« Puis, t’as pas intérêt à cafter ! »


En rentrant, ce soir-là, après la classe, Antoine fit un détour pour voir la maison de Monsieur Paul.
Maintenant, s’il ne voulait pas passer pour un lâche, il se devait de pénétrer les lieux, de trouver des indices  et de ramener une preuve de son exploit.

Il longea le mur, évaluant sa hauteur, cherchant l’endroit le plus facile à escalader. Entre les barreaux de fer de la lourde grille, il essaya de distinguer le bâtiment pour estimer la distance à franchir, à découvert, entre les derniers arbres et le perron.

« Le mieux, pensa-t-il, serait de venir la nuit. Lorsque tout le monde serait endormi, je pourrais sortir de la maison, ni vu, ni connu. De plus, Flora sera dans son lit, elle ne me suivra pas. »

Plusieurs soirs de suite, il prit le même chemin au retour de l’école. Chaque fois, il échafaudait des stratégies. Plus il réfléchissait, plus il s’apercevait que cette expédition était vouée à l’échec.

Il s’imagina, un instant, en spiderman, cagoulé et revêtu d’une combinaison moulante. Plus aucun souci alors pour franchir le mur. Mais n’allait-il pas s’emmêler lui-même dans la projection de sa toile, car comme le prétendait maman, il possédait deux mains gauches. Alors !
Pourquoi pas en « Barbapapa » se transformant à volonté…..

Revenant à la réalité, il soupira :

« Je peux plus me rétracter à présent. J’ai plus le choix ! »

Chaque matin, les regards des copains se posaient sur lui, interrogateurs.
Chaque matin supplémentaire voyait Antoine de plus en plus exclu du groupe.

Lui qui se posait en chef de bande, passait à présent pour un fanfaron pétochard.

Alors, ce fut décidé, il programma son expédition pour la nuit suivante.


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