lundi 14 novembre 2016

MONSIEUR PAUL - chapitre 3

Ce soir-là, Antoine se dépêcha de faire ses devoirs et d’apprendre ses leçons.

« Parfait ! félicita maman. Si c’était ainsi tous les soirs, on gagnerait du temps ! »

Heureux de ce compliment, il se retira, avec un large sourire, dans sa chambre pour préparer un sac dans lequel il plaça une corde, empruntée sur l’établi du garage et une lampe de poche dans laquelle, par précaution, il mit des piles neuves.

Tout à coup, la porte s’ouvrit sur Flora. Intriguée par l’application peu coutumière de son frère, la fillette se doutait que quelque chose se tramait. En apercevant le sac sur le lit d’Antoine, elle n’eut plus aucun doute. L’expédition était bien pour ce soir.

« Qu’est-ce que tu fais là ? questionna le garçon d’un ton bourru.

En guise de réponse, Flora demanda :

« Je peux aller avec toi ?
-      Allez où ? répondit Antoine évasif.
-      Tu sais bien, chez le monsieur mystérieux !
-      Ce sont pas tes affaires, ça, alors va-t-en !
-      Moi, je vais le dire à maman.
-      Dire quoi, pauvre andouille ?
-      Que tu veux aller chez le monsieur mystérieux.
-      Et tu crois qu’elle va t’ croire ?
-      Bah oui !
-      Bon, reprit Antoine qui n’avait pas envie que sa mère se mêlât du problème. J’y vais demain et je t’emmènerai.

Flora hocha la tête d’un air entendu et sortit de la chambre de son frère, en pensant fortement que celui-ci la prenait vraiment pour une andouille.


Regardant sortir son impossible sœur, Antoine aurait aimé posséder les pouvoirs d’Harry Potter pour la transformer en cafard. Oui, car cette petite sœur était un vrai cafard ! Il sourit en imaginant  ce gros insecte courir sur le sol avec de belles boucles blonds, caractéristique identifiant bien la fillette.

Antoine lutta contre le sommeil en attendant que ses parents aillent se coucher. Lorsqu’il ne perçut plus aucun bruit dans le logis, il sortit de sa chambre, alla chercher le trousseau de clefs dans le salon et après avoir ouvert la porte d’entrée s’enfonça dans le noir de la nuit.
Ses yeux s’habituèrent peu à peu à l’obscurité et aussitôt qu’il se fut un peu éloigné, il alluma la lampe torche dont il dirigea le faisceau lumineux vers le sol.
Son cœur battait très fort et à ce moment présent, il regrettait sa bravade. Il aurait préféré ne pas être seul. Pourquoi ses copains n’avaient-ils pas accepté de l’accompagner ?

« Espérons que tout va bien se passer, pensait-il. Il ne faudrait pas que je me fasse choper. J’aurais des soucis avec les parents, peut-être même avec la police ! »
Cette dernière perspective ne le réjouit pas, s’imaginant, derrière les barreaux d’une sombre cellule, vêtu d’une tunique et d’un pantalon rayés, tel les "Dalton" dont il aimait lire les aventures.

Le tintement de la cloche de l’Eglise, annonçant minuit, le fit sursauter.


« Minuit, l’heure du crime ! », cette phrase qui n’augurait rien de bon, lui revint en mémoire. Ne l’avait-il pas lu dans un livre, dans lequel un des héros se voyait assassiné à minuit, justement ?

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