lundi 9 janvier 2017

LA LEGENDE DES GIBOULEES DE MARS - Chapitre 1

Le jour se levait doucement, en ce dimanche matin, et, petit à petit, la brume se dissipait, laissant apparaître un rayon de soleil printanier.
Tout et tous dormaient encore dans le petit village.
Les cloches de l’église attendaient, encore un peu, avant de sonner, respectant le sommeil des villageois, car, en effet, ils avaient tous bien travaillé ces derniers jours, tous unis dans la préparation de la Fête du Printemps.

A présent, au milieu de la place, trônait une estrade pavoisée de rubans et de fleurs et qui attendait que les musiciens prennent place et lancent les premiers accords des musiques du bal.
« Encore quelques minutes, pensaient les cloches, il faut qu’ils récupèrent afin d’être en forme pour les festivités. »

Le lutin postier avait expédié toutes les invitations.
Le lutin cuisinier avait mitonné de bons petits plats, fort tard dans la nuit.
Le lutin tailleur avait fini le dernier ourlet bien après minuit.
Le lutin chef du village avait sorti son plus bel habit pour être à la hauteur de l’évènement.




La fête du Printemps, depuis la nuit des temps, représentait un moment fort important, une passation de pouvoirs, en quelque sorte, entre la Fée des Glaces qui régnait de mi-décembre à mi-mars et la Fée des Fleurs qui prenait le relais à la fin de la première quinzaine de mars.
Elles avaient donc été conviées toutes les deux.

Les cloches de l’église retentirent au moment où le coq se mit à chanter.
Aussitôt, les volets de chaque petite maison s’ouvrirent et l’on entendit de partout résonner rires et chants.
La bonne humeur générale présageait une bonne journée de réjouissances.


Les derniers préparatifs furent alors entrepris et, avant les douze coups de midi, tous étaient rassemblés sur la place dans l’attente de l’arrivée des deux fées.


Le ciel s’illumina, auréolé d’un arc-en-ciel. Un vent léger et tiède s’éleva. La Fée des Fleurs fit son apparition, dans une robe d’une beauté printanière lumineuse. Avec une grâce sans pareille, elle se posa délicatement au centre de la petite place, accueillie par des « oh ! » admiratifs.

Le silence s’installa ensuite dans l’attente de la venue de la Fée des Glaces dont le retard inhabituel commençait à inquiéter.
Un murmure s’éleva alors, chacun commentant cet imprévu, quand soudain le lutin postier surgit en criant :
« Je n’ai pas envoyé l’invitation ! Je n’ai pas envoyé l’invitation !
-      Quoi ? crièrent-ils tous en chœur, incrédules.

Le pauvre lutin postier, d’une blancheur cadavérique, à bout de souffle, dit d’une voix presque éteinte :
« Je viens de retrouver l’invitation que je devais envoyer à la Fée des Glaces. L’enveloppe a dû glisser et elle est tombée derrière le comptoir du bureau de poste. Je viens de la retrouver en passant le balai. »

A ce moment précis, le ciel s’assombrit, un vent violent et glacial tourbillonna, balayant la Fée des Fleurs qui disparut. Des flocons de neige commencèrent à  voleter et l’eau  du ruisseau qui le matin même chantonnait joyeusement se figea, prise par les glaces.

En moins de temps qu’il fallut pour le dire, tout fut recouvert de neige et de givre et le peuple des petits lutins n’eut d’autre choix que de se réfugier dans la grande salle commune afin de tenir conseil.

Le moment était grave.


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