lundi 20 mars 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 3.



Le soir venu, Tante Adélaïde, la mère de Jeanne et Jeanne se retrouvèrent dans la cuisine. Le silence était pesant.
« Laisse Caroline, dit tante Adélaïde en voyant la mère de Jeanne s’apprêter à desservir. Je vais faire la vaisselle.
-          Mais non, voyons, ce n’est pas à toi de la faire !
-          Oui ! répondit la vieille dame. Cela m’occupera. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais me faire servir. C’est déjà bien gentil à toi de venir me soutenir, le temps des formalités.

Jeanne, elle, examinait la cuisine avec une certaine curiosité.
Comment pouvait-on vivre ici ?
Les murs sombres auraient eu besoin d’un bon rafraîchissement. Le mobilier, parlons-en, une vieille cuisinière, un évier en grès qui avait fait son temps, une table recouverte d’une toile curée aux motifs décolorés par les nombreux lavages, un buffet en bois de chêne tellement foncé qu’il faisait au fond de la pièce, éclairée seulement par une petite fenêtre, une masse noire inquiétante. Les chaises en paille, tellement dépaillées, avaient eu leur assise recouverte d’un coussin, pour masquer l’usure et durer encore un peu.
Le seul luxe moderne était une machine à laver. Mais là encore, le design de l’appareil montrait que cela faisait une éternité qu’il se trouvait là. Comment pouvait-il encore fonctionner ? Mystère !
Sombre et vieillot, l’intérieur de cette maison, mais propre. Pas un grain de poussière. Et, ça sentait l’encaustique !
Rien à voir avec les parfums d’ambiance, plus ou moins synthétiques, achetés dans les supermarchés, et embaumant, parfois entêtant d’ailleurs, les demeures modernes.

« Bon, je vais aller me coucher ! déclara Tante Adélaïde, après avoir essayé et rangé les derniers couverts.
-           Bonne nuit, tantine ! répondit Caroline.
-          Bonne nuit ! lança Jeanne, d’un ton morne.

Seules à présent, la mère et la fille jetèrent un regard sur l’horloge comtoise qui égrainait, imperturbable, depuis une éternité, le temps qui passe, en le ponctuant de tintements et sonneries. Vingt heures trente !

« Elle se couche comme ses poules ! s’exclama Jeanne.
-          Elle est âgée et il lui faut du sommeil.
-          Et on fait quoi, maintenant ?
-          Tu veux que l’on sorte les jeux de société. Il y en a dans le buffet.
-          Des jeux de société ? De quelle société ? Celle de la préhistoire ?
-          Ne sois pas désagréable, s’il-te-plait.
-          Non, mais c’est vrai, ça. T’as vu l’ambiance ? C’est relou, non ? Et maintenant, des jeux de société de vieux ! T’as rien de mieux à proposer ?
-          Ecoute, Jeanne, dit Caroline en haussant le ton et regardant sa fille, droit dans les yeux, tu ne vas pas nous pourrir la vie avec tes réflexions et ta tête à l’envers. C’était le moins que je pouvais faire après le décès de l’oncle Ernest. Nous sommes ici pour une quinzaine de jours et après tu retrouveras tes habitudes, puisque, « Mademoiselle », ne cherche pas à trouver le bon côté de la situation.
-          Ah ! Parce qu’il y a des bons côtés ! Je peux savoir lesquels, ça m’intéresse ? Et puis, tiens, je vais me coucher puisqu’il n’y a rien d’autre à faire !

-          C’est ça, va te coucher, ma fille, en espérant qu’après une bonne nuit de sommeil, tu seras dans de meilleures dispositions !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de votre commentaire. Il sera lu avec attention.