lundi 27 mars 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 4



Dès l’aurore, Jeanne fut réveillée par le chant du coq.
« Pas moyen de dormir ! bougonna-t-elle, en plaquant son oreiller sur sa tête pour amortir les « cocoricos »  triomphants du gallinacé, heureux d’annoncer le début de la journée.
N’était-ce pas là, une de ses tâches en qualité de coq de basse-cour ?
Etouffant sous l’oreiller, Jeanne le jeta rageusement sur le sol, et, à plat dos sur son lit parcourut d’un regard, encore embrumé de sommeil, la pièce où elle se trouvait.

Un papier peint jauni, aux motifs d’un autre siècle. Une armoire à glace, sombre et sobre. Une table de chevet qui avait dû veiller bien des dormeurs, sur laquelle un napperon brodé maladroitement. Une seule chose avait grâce aux yeux de Jeanne, l’énorme édredon de plumes, recouvert d’une housse en percale fleurie, sur lequel elle aimait se laisser tomber et qui l’engloutissait dans une douceur vaporeuse sans pareille.

A peine éveillée, Jeanne soupirait déjà d’ennui.

Lorsqu’elle descendit dans la cuisine, chemise de nuit froissée et cheveux en bataille, elle fut accueillie par tante Adélaïde.

« Bien dormi, ma Chérie ? » demanda celle-ci avec un large sourire.

L’adolescente répondit par un grognement digne des premiers hommes des cavernes.

« Le matelas doit être bon, je l’ai changé l’an dernier.... »

Tout en poursuivant son monologue, la vieille dame servit à Jeanne son petit-déjeuner.
Petit déjeuner, puis douche...... la journée s’annonçait morose ! Jeanne jeta un coup d’œil sur son téléphone portable. On ne savait jamais, quelquefois que pendant la nuit, ce coin perdu ait été relié à la civilisation !
Mais non ! Rien !

Dehors, il faisait beau.
Affichant, toujours, une moue boudeuse, Jeanne faisait les cent pas dans la cour. Sa mère sortit sur le pas de la porte et l’appela :
« Jeanne, peux-tu aller dans le poulailler voir s’il y a des œufs ? »

Haussant les épaules, Jeanne se dirigea vers le poulailler, une petite cabane en bois, ancienne remise à outils. Sur le sol, des cadres en bois contenant de la paille, servaient de nid aux volailles.
Le coq, monté sur ses ergots, s’approcha d’elle, agressif.

« Bon, toi, tu t’tires ! » lança Jeanne, encore plus agressive que le coq.
Le gallinacé, devant le ton affable sur lequel on venait de lui adresser la parole, préféra s’éloigner. Il n’avait nullement envie de se voir voler dans les plumes.

Jeanne ne découvrit qu’un œuf.
« Pas courageuses, les cocottes, pensa-t-elle, tout en ramenant l’œuf unique à la cuisine.
 Afin de le remettre à sa mère.
« Tiens ! Y en avait qu’un ! »
Caroline regarda sa fille, avec un sourire amusée.
« Regarde bien ! Ce n’est pas un œuf !
-          C’est quoi, alors ?
-          Oui, enfin, c’est un œuf, mais pas un « vrai » œuf. C’est un œuf factice, pour inciter les poules à pondre.
-          Bon, et bien, tu n’as qu’à le reporter toi-même !
-          Jeanne ! Ce n’était pas un reproche ! Tu ne pouvais pas savoir ! Alors, je t’explique......

Furieuse qu’elle était, Jeanne. On s’était moquée d’elle ! Alors, les œufs, hein ? Elle n’irait plus les chercher. Et vlan !
Caroline  ne chercha pas à la convaincre. Elle soupira. Décidément, elle ne comprenait plus sa fille. Mauvaise période, l’adolescence !

Assise sur le muret séparant la cour du verger, Jeanne bougonnait, encore et toujours, en balançant ses jambes. Tante Adélaïde s’approcha d’elle :
« Alors, ma Chérie, que vas-tu faire, aujourd’hui ? »
Jeanne répondit par un haussement d’épaule. C’était sa seule parade, lorsqu’elle n’avait pas envie de répondre.

« Tu sais, le Hubert, celui qui a une ferme à la sortie du village, et bien....... »
Mais qu’est-ce qu’elle en avait à faire, Jeanne, du Hubert et de sa ferme !

« .... Et bien, ses petits-fils de la ville viennent d’arriver... »
Tiens, tiens ! Des petits-fils de la ville ! Jeanne tendit l’oreille, mine de rien.

« ......Ils doivent rester le mois entier. Ils vont faire les moissons...... »
Ils doivent être idiots les petits-fils au Hubert. Passer leurs vacances, loin de la ville, et pour faire les moissons, en plus !

« ........ Attends voir..... Cédric doit bien avoir quinze ans et puis...... Lucas, lui, treize ou quatorze....  ce sont de grands gaillards, chahuteurs et blagueurs.... toujours le sourire..... »
Pourquoi elle dit ça, tante Adélaïde, « toujours le sourire » ? Parce que moi, je fais la tronche ?
Eh bien, oui, c’est ça ! Et qu’on arrête de me faire la morale !


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