lundi 13 mars 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 2.


Chapitre 2

Jeanne sortit de la maison en pestant. Dehors, la chaleur de ce début d’après-midi était pesante. Son regard parcourut les alentours. Rien ! Que des arbres, des prés, de la verdure, des champs de diverses céréales. Rien, quoi !
Son portable dans la main, elle parcourait ce « no man land » où elle se sentait emprisonnée, cherchant désespérément à obtenir une petite connexion. Mais là aussi, rien !
Elle avait beau aller sur la droite, revenir sur la gauche, reculer, avancer, lever le bras porteur de cet appareil indispensable, haut, très haut, le plus haut qu’elle pouvait, elle ne captait rien.
Alors, les doigts orphelins, ne pouvant plus s’activer sur le petit clavier du téléphone, Jeanne, prise de rage, donna un coup de pied dans un caillou. Non loin de là, une poule qui s’ébrouait dans la poussière afin de trouver un peu de fraîcheur, reçut le projectile. Surprise, elle s’enfuit en poussant des caquètements de fureur.
« But ! » s’écria l’adolescente.
Puis haussant les épaules, elle pensa : « Ici, même les animaux sont stupides ! »

Désemparée de plus en plus, de ne pouvoir, ni appeler, ni envoyer de messages, elle gardait à la main son téléphone, y jetant un coup d’œil de temps à autre, espérant le miracle qui lui permettrait de communiquer avec ses copains qui, eux, avaient la chance de ne pas passer des « vacances de nazes ».
Si seulement elle avait pu rester à l’appart, tout aurait été différent !

Ses pas la rapprochèrent du potager. Elle aperçut tante Adélaïde, vêtue de noir, penchée vers le sol, observant les cultures. N’ayant pas envie de se faire remarquer, elle allait s’éloigner, lorsque .....
« Alors, ma chérie, tu as l’air de t’ennuyer ? »

Piégée ! Jeanne  ne pouvait plus s’éclipser. Elle se retourna et s’approcha de la vieille femme, tout en l’observant.
Petite femme maigrichonne, un peu voûtée, aux cheveux blancs tirés en chignon sur la nuque, elle avait un visage paisible, tout ridé comme une vieille pomme, un nez fin et un peu pointu, des lèvres minces qui avaient perdu leur couleur, des joues creusées par les années d’une pâleur extrême, mais des yeux d’un bleu clair qui avaient gardé leur éclat et qui pétillaient, encore parfois, de malice.
Boudeuse, Jeanne s’arrêta face à elle, ne sachant que dire.

« Pas drôle la campagne pour une jeunette comme toi, hein ? Pas drôle non plus la compagnie d’une vieille femme ? »

Jeanne, ne voulant pas être désagréable,  ne savait que dire. A sa mère, elle aurait répondu, sans doute, par des phrases blessantes du genre :
« Oui, y’a rien ici, c’est mort ! » 
« Oui, tu parles de vacances ! »
« Qu’est-ce  que je fais là, hein ? J’ai pas demandé à venir, moi ! »

Mais devant la douceur de tante Adélaïde, Jeanne avait senti sa colère tomber, d’autant plus que la vieille dame semblait avoir pleuré.

« Qu’est-ce qui te ferait plaisir, dis-moi ? »
Jeanne haussa les épaules.
« Je suppose que le potager ne t’intéresse pas ? Pourtant, regarde un peu, les haricots ont bien donné cette année, et puis......

Tout en parlant, tante Adélaïde alla s’asseoir sur un banc placé sous un pommier et invita l’adolescence d’un signe de la main, à venir s’installer près d’elle.
Ainsi, l’une à côté de l’autre, tante Adélaïde désigna de son index droit, un coin du potager.
« Hé, petite, si tu veux, tu peux aller là-bas.
-          Pourquoi ? demanda Jeanne qui n’avait pas envie de jouer aux devinettes.
-          Pourquoi, ma belle ? Parce qu’il y a des fraises. Des grosses et des bien rouges. Et sucrées avec ça !

Jeanne émit un léger sourire.
« Ah ! Je vois que cela risque de te plaire ! C’est bien !

Le silence s’installa de nouveau. Tante Adélaïde semblait retirée, bien loin, dans ses pensées. Jeanne, elle, regardait son portable, de plus en plus désolée, mais jetait, de temps à autre, un regard vers les fraises. Elle sentit alors une main un peu rêche prendre la sienne, celle qui ne tenait pas le portable, bien sûr ! A ce contact, marque d’affection, elle n’osa pas bouger.

« Je suis désolée, ma chérie, de contrarier tes projets. Mon pauvre Ernest n’aurait pas voulu non plus te déplaire, mais voilà, c’est ainsi......... »

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