lundi 22 mai 2017

QUE FAIRE ? Chapître 10

Un sentiment de jalousie furieuse vrilla les intestins de Jeanne. Ses yeux, posés sur Anaïs, lançaient des éclairs. Elle se sentit trahie.
Comment Cédric avait pu l’inviter sachant que cette péronnelle était présente ?
Voulait-il l’humilier ?
Mais pourquoi ? Ils se connaissent à peine !
Jeanne aurait aimé s’enfuir, mais cela aurait accentué son humiliation.
Des sanglots nouaient sa gorge, sanglots qu’elle essayait de contenir, car il n’était pas question qu’elle se mette à pleurer. Ne passerait-elle pas, alors, pour une petite fille, elle qui cherchait tant à se vieillir ?

Lucas, le jeune frère de Cédric, s’approcha d’elle.
Il avait les yeux noirs et des traits moins fins que ceux de son frère. Et puis, son sourire découvrait un appareil orthodontique qui  n’avait rien de réellement glamour.
« Tu viens, lui proposa-t-il. Je vais te faire visiter la ferme. Tu sais, il y a des vaches et quelques moutons....

Jeanne, la gorge serrée, acquiesça d’un signe de tête et suivit Lucas, sans grand enthousiasme, uniquement pour fuir Cédric et Anaïs qui blaguaient et chahutaient, comme si ils étaient  seuls au monde. 

La ferme se composait d’une vaste longère, sur deux niveaux, au fond d’une cour. Elle trônait face à la grille d’entrée. De chaque côté de cette belle bâtisse et perpendiculaires à elle, deux bâtiments.
Le premier, l’étable avec la salle de traite et l’entrepôt de fourrage. Le second contenant le matériel agricole.

« Tiens, viens voir, c’est l’heure de la traite et l’on va aussi nourrir les veaux nés dernièrement. »

Pas motivée, Jeanne accompagna Lucas qui multipliait les efforts afin d’intéresser la jeune fille.

« Plus tard, j’aimerais reprendre la ferme, déclara Luca, avec détermination.
-          Ah ! répondit Jeanne. Ce n’est pas à ton père ou ton frère que ça revient.
-          Mon père ! Sûrement pas ! Il préfère la ville. D’ailleurs, il vient presque jamais !
-          Et ton frère ?
-          Cédric ?
-          Bah oui ! s’étonna Jeanne, car elle savait par tante Adélaïde que le père Hubert  n’avait que deux petits-fils.
-          Lui, c’est l’intello ! Il passe son BAC l’an prochain et va faire une grande école, mais demande pas laquelle !
-          Il est si balaise que ça ?
-          C’est une tête. Premier partout !
-          Et toi, questionna Jeanne.
-          Bof ! répondit Lucas. Ça m’intéresse pas trop. J’aime être dehors, travailler la terre, m’occuper des bêtes... Et toi, le collège ?
-          Ça va ! répondit, évasive Jeanne, qui ne voulait pas qu’on lui prenne la tête avec le collège. Son « ça va ! », la mettait ainsi entre l’intello et Lucas. Pas besoin d’en dire plus.

Jeanne se hasarda à demander :
« Et les filles qui sont là ?
-          Des copines du bahut de Cédric.
-          Des intellos aussi ?
-          Anaïs, oui ! Elle veut être chirurgien. Juliette, je sais pas trop.
-          Juliette, c’est ta petite amie ?
Lucas regarda Jeanne et éclata de rire.
-          « Bah non, alors ! Si tu la voyais avec les vaches ! C’est pas une fille comme ça que j’ veux ! Et puis, j’ai le temps !

Jeanne en vint alors à la question qui lui brûlait les lèvres :
« Anaïs, c’est la copine de ton frère ?

Apercevant de l’étonnement sur le visage de Lucas, Jeanne crut qu’il avait compris qu’elle cherchait des renseignements sur Cédric,  en raison de ses sentiments,  et elle se sentit rougir. Mais, visiblement non, car il répondit :
« Je m’occupe pas de ses histoires, moi. C’est ses affaires !
-          C’est ton frère tout de même !
-          Je pense que je ne suis pas assez bien pour lui. Il est toujours dans des livres que je comprends pas.

Lucas entraina Jeanne dans les champs, lui expliqua les cultures, puis ensuite lui montra le matériel et les engins, volubile dans ses explications techniques.
Il en connaissait un rayon, Lucas ! Vraiment très passionné !

Jeanne ne revit pas Cédric ce soir-là, il était reparti aider son grand-père avec Jean-Baptiste, l’ouvrier agricole.
Dans la cour, Juliette et Anaïs papotaient en profitant des derniers rayons du soleil. Elles ne répondirent pas au « Bonsoir » que leur adressa Jeanne avant de quitter la ferme.

« Quelles chipies ! » pensa alors Jeanne qui sentit remontrer en elle une jalousie destructrice.

Quant à Lucas, il lui demanda timidement :
« Tu vas revenir ? »

Avant de reprendre le chemin en destination  du village, Jeanne lui sourit, sans répondre à sa question.

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