lundi 29 mai 2017

QUE FAIRE ? Chapitre 11

11

La nuit suivante, les rêves de Jeanne frôlèrent le cauchemar.

Défila, grimaçant, le visage d’Anaïs qui dansait autour de Cédric, une ronde diabolique. Celui de Cédric, aux yeux rouges jetant des étincelles. Celui de Madeleine, la sœur du père Hubert dont les lèvres bougeaient au rythme d’un monologue incompréhensif. Celui, encore, sévère du père Hubert imposant le silence, et enfin, celui de Lucas, au sourire charmeur et étincelant, en raison d’énormes bagues posées sur chacune de ses dents, longues comme celles d’un lapin.

Jeanne se réveilla, au petit matin, brûlante de fièvre, inondée de sueur et avec une horrible migraine.

« Tu as attrapé un bon coup de soleil, ma Jeannette, dit sa maman en posant une main sur le front de l’adolescente. Je vais te donner un cachet et te mettre une compresse froide sur le front. Il va falloir te reposer, aujourd’hui. »

Quelque part, cette obligation de rester alitée arrangeait bien Jeanne. Ainsi, elle n’aurait pas à faire face au dilemme : « retourner ou non, à la ferme du père Hubert ».
Le destin avait tranché à sa place.

Toute la journée, la jeune fille fut comateuse. Sa tête tournait. Elle avait la nausée. Elle se sentait vidée, épuisée, incapable de tenir debout. Caroline, en mère attentive, venait régulièrement mettre une compresse fraiche sur le front de son ado préférée, et se renseigner sur son état.
« Ça va mieux, ma jeannette ? »
Elle l’obligeait à boire beaucoup.
« Il faut boire, afin de ne pas te déshydrater ! »

Ce ne fut que le soir que Jeanne put se lever. Chancelante, elle descendit dans la cuisine, mais ne put avaler qu’un peu de bouillon de légumes que tante Adélaïde avait spécialement préparé pour elle.

« Tu as eu de la visite aujourd’hui, déclara tante Adélaïde. Un beau garçon qui était désolé d’apprendre que tu étais malade. Il est reparti bien malheureux. Je ne serais pas étonnée qu’il revienne demain ! »

Jeanne ne répondit pas. Qui était venu la voir. Cédric ou Lucas ?
Elle n’osa poser la question.
En son for intérieur, elle se demandait quel prénom elle aurait souhaitait entendre si elle avait osé la poser cette question.
Cédric ? Sûrement, mais il l’avait déçu. Elle le voyait encore chahuter avec Anaïs, image qui se superposait avec celle de son rêve.
Lucas ? Elle n’arrivait pas à se prononcer. Jeanne le trouvait gentil, mais son physique ne l’attirait pas du tout. Depuis la nuit dernière, elle ne pouvait l’imaginer qu’avec des dents de lapin, ce qui n’était pas glamour, il fallait bien en convenir.

« Jeanne, ça va ? »

La question posée par sa mère, ramena Jeanne du plus profond de ses pensées. Elle releva la tête. Devant elle, sa mère la regardait inquiète.
« Tu es toute pâle. Ça va, Jeanne ?
-          Oui, j’ai encore mal à la tête. Je crois que je vais retourner me coucher.
-          Si tu ne vas pas mieux demain, il faudra aviser. Je ne te trouve vraiment pas bonne mine !
-          Ça va aller, ne t’inquiète pas.
-          Si, justement......

Jeanne dormit profondément la nuit suivante. Plus de cauchemar...... en fait, aucun rêve, du moins à sa souvenance.

Quand elle ouvrit les yeux le lendemain matin, le soleil inondait sa chambre. Elle avait faim, ce qui était bon signe.

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