lundi 12 février 2018

CONTE POUR LES ENFANTS SAGES...... ET LES AUTRES

Vengeance de sorcière - chapitre 4

Hurlements et pleurs résonnèrent dans toutes les maisons le lendemain matin.
Une agitation bien inaccoutumée !

Que se passait-il donc ?

« Et le vôtre aussi ? demanda une mère au bord de la crise de nerfs.
-          Tout à fait, mais lui, c’est une tomate, répliqua une autre, en essuyant ses larmes avec le coin de son tablier.
-          Une tomate ! s’exclama la première, le mien, c’est un poireau !

Toutes les femmes du village s’étaient rassemblées sur la place du petit village. Ce n’était que lamentations et incompréhensions.
« Et la vôtre ?
-          Un chou-fleur !
-          Le mien, un haricot vert !
-          La mienne, une carotte !
-          Oh ! la mienne aussi, quelle coïncidence !

Mais de quoi parlaient-elles ? N’étaient-elles pas devenues folles, les unes et les autres ?
Non, pas du tout, à moins que les hommes du village ne le soient devenus aussi, car ils avaient tous le même discours.
Les plus âgés, interrogés sur ce phénomène, ne pouvaient que hocher la tête d’impuissance. Jamais de mémoire d’anciens, ils n’avaient vu un tel fléau.

Alors, ce fut à ce moment que les enfants sortirent à leur tour pour rejoindre leurs parents. Ouah ! Mais quelle horreur !
Il n’y avait qu’à leur visage qu’on pouvait les identifier, car leur corps, oh, leur corps …….
Leur corps avait pris l’apparence d’un légume. Oui, d’un légume !
Certains ressemblaient à des carottes, d’autres à des haricots verts, d’autres encore à des choux-fleurs ou encore à des tomates, et même à des citrouilles……

On se serait cru en plein cauchemar, mais un cauchemar en plein éveil.

Les enfants, d’habitude si agités,  si bruyants, si moqueurs ne disaient plus rien, encombrés qu’ils étaient dans leur nouvelle apparence. Ils regardaient hagards leurs parents, cherchant auprès d’eux un secours.

« Ce sont assurément les sucreries de la sorcière, cria une mère hors d’elle, portant dans ses bras un charmant petit radis qui devait avoir deux ou trois ans.
-          Oui, je ne vois pas d’autre explication, poursuivit une autre mère qui caressait les fanes d’une jolie petite carotte qui pleurait à chaudes larmes.
-          Si la sorcière a jeté un sortilège sur nos enfants, elle est la seule à pouvoir le défaire, dit avec justesse le forgeron qui se félicitait, en cet instant, de n’avoir pas eu d’enfants.
-          Allons lui demander des comptes, et immédiatement ! cria la matrone du village.
-          Oh, tout doux, s’interposa un vieillard, si vous allez la voir en délégation tumultueuse, vous allez la braquer et vous n’obtiendrez rien.
-          Alors, il ne faut rien faire ! Et les enfants alors !
-          Il s’agit peut-être, dit une grand-mère édentée, d’une petite leçon. Dans ce cas, le charme ne va pas durer. Attendons un jour ou deux. Notre inaction va sûrement intriguer cette femme qui n’attend sans doute que notre colère.
-          Alors, grand-mère, vous lui donnez raison ! s’exclama un père devenu rouge écarlate sous l’effet de la colère.
-          Non, loin de là, mais depuis toutes ses années, elle est le point de mire des méchancetés de certains gamins, alors, elle en a eu assez, voilà tout !
-          Oui, mais de là à ……., conclut une  jeune fille qui, par chance, n’avait pas succombé à la gourmandise.



Il fut donc décidé d’attendre au moins une journée, et tous les enfants furent regroupés dans la petite église qui devint en l’occasion un charmant jardin potager que Monsieur le Curé arrosait d’eau bénite pour conjurer le mauvais sort.

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