mercredi 4 avril 2018

C'est quoi, un fichu ?


Fichu ! Vous avez dit fichu ?

Ma grand-mère, que vous commencez à bien connaître, par temps froid ou par grosse chaleur, se mettait un fichu sur la tête.

Je sens votre imagination frétiller !
Un fichu !

Ce mot vient de « fiche » qui, vers 1190, désignait une épine ou une pointe.
En 1413, voilà le « fichu » dans les vignes où, nommé également « pic de fer », il servait à planter.  Ce « Fichu », depuis 1636, à garder ce dernier sens puisqu’il est à présent une tige destinée à être enfoncée.

Je vous vois venir.
Mais non ! Pas du tout ! Ma grand-mère ne s’enfonçait pas une tige de fer dans le crâne !

Reprenons ce mot, en ne gardant que la notion de « en pointe », car un fichu, par extension désigne aussi une pièce d’étoffe en pointe, justement.
Ouf ! Vous avez eu peur, hein ?

Mais ce n’est pas tout. Reprenons « Fichu ».
En 1669, ce mot avait aussi le sens de « mis à la hâte ».
Vous me suivez ?
Je récapitule :
Un fichu, pièce de tissu en pointe que les femmes se mettaient sur la tête en le nouant soit sur la nuque, soit sous le menton. Et surtout, obligatoire à cette époque, pour entrer dans une église.
Un fichu pouvait donc être fichu, c'est-à-dire mis à la hâte, car « fichu » avait aussi une fonction d’adjectif qualificatif.

A partir de 1611, lorsque cet adjectif était précédé de « bien » ou « mal », il s’attribuait à un état physique.
On pouvait alors être « bien fichu » ou « mal fichu ».
« Bien fichu », en super forme.
« Mal fichu », patraque (en voilà encore un mot rigolo), pas bien du tout, malade.

Ma grand-mère disait souvent (mais pas toujours en mettant son fichu) : « Je suis mal fichue ! »
Enfant, je comprenais que ça n’allait pas bien fort ! Mais je n’avais aucune idée de tout ce que je viens de vous raconter.
J’en sais autant que vous maintenant !

Attendez !
Si ma grand-mère se coiffait d’un fichu, par forte chaleur, mon grand-père, lui, utilisait son mouchoir auquel il faisait un nœud à chaque coin, avant de le poser sur sa tête.
Le « mouchoir à quat’ nœuds »
Petite précision :
Il ne s’agissait pas de mouchoir type Kleenex, mais de mouchoirs en tissu aussi larges que nos torchons d’aujourd’hui.

Une autre époque où l’apparence n’était pas essentielle, et où l’on faisait avec « les moyens du bord » !


  Pour cette petite histoire autour d’un mot,
Je me suis aidée du
« Dictionnaire historique de la langue française » Le Robert.


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